Friday, January 03, 2014

J uste après avoir lu le compliment d'Ariel

   
« Il ne s’agit plus d’un processus d’intériorisation, de refuge dans sa vie intérieure, mais d’extériorisation radicale. Se détacher des biens extérieurs suppose en effet d’abord de se laisser (lassen) soi-même, de sortir radicalement de soi (ûzgehen, ou ussgehen en allemand moderne), de ne plus être qu’une place vide, libre, inoccupée (ledig), de s’anéantir soi-même (Vernihtung) — ce qui ne veut pas dire mourir « pour de bon », mais mourir en tant que créature, donc mourir en tant que néant, pour vivre d’une vie divine ici-bas. « Il doit d’abord se laisser lui-même », écrit Eckhart au chap III de ses Entretiens spirituels ; « Il aura de la sorte laissé toutes choses. En vérité, l’homme qui laisserait un royaume, voire le monde entier, et se conserverait lui-même n’aurait rien laissé. Mais l’homme qui se laisse lui-même, quoi qu’il conserve, richesse, honneur, n’importe quoi, cet homme a tout laissé. » Là réside selon nous le sens exact de la discrétion : non pas se retirer du monde en emportant son trésor avec soi, mais briser tout attachement propre en soi en laissant être (Gelâzenheit) tout trésor autour de soi. »

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