Je pense beaucoup à toi,
l’audition un peu brouillée par de multiples occupations dérisoires (je
voudrais ne penser qu’à toi) dans le Paris pollué, mais sublime (la lumière
mexicaine). Je suis passé tout à l’heure au Conservatoire pour chercher des
costumes pour Sigrid Bouaziz (tu te souviens d’elle ?) et, en la suivant
dans ces dédales qu’elle connaît si bien (elle y a passé 3 ans), nous avons
longé la salle de spectacle et par les portes fermées des loges nous parvenait
la répétition d’un musical (une sorte de comédie musicale, m’a dit Sigrid) que
je ne verrai jamais, me suis-je dit (et nous n’avions pas le temps d’entrouvrir
l’une des portes) et je me suis dit : c’est ça que j’aimerai aux Bouffes,
qu’il y ait une ouverture sur un spectacle (ou plusieurs) qu’on ne verrait
jamais, qu’on ait le sentiment de passer le long d’un chemin peuplé de beaucoup
de portes qui gardent le spectacle (ou plusieurs) qu’on ne verra jamais… (Evidemment
Kafka a parlé beaucoup mieux que moi de ce genre de phénomène.) Ce que je peux
te dire aussi concernant ces 3 jours de la semaine dernière, c’est que nous
avons travaillé en silence, donc, et qu’il y a beaucoup de choses très belles
qui s’y sont faites (seront-ils les retrouver ? tu sais que je n’aime que
les première fois…) Je me disais que nous pourrions avoir de temps en temps le
silence pur (quand il est calme et onirique comme la présence de Simon le crée
ou quand c’est Bertrand, Jeanne et Mario qui travaillent en trio par ex, parce que,
quand c’est beau car bien ensemble sans hiérarchie (pas toujours), ça remplit
tellement le lieu que ça semble démultiplier les voix (c’est comme 3
voix très similaires qui dans l’harmonie semblent plus nombreuses, semblent
s’engendrer) ou quand Bertrand vide le lieu de sa voix pure... Mais tu inventeras ça, quand tu l’entendras, silence ou pas
silence…
Qq notes déjà anciennes et
dérisoires : car fais tout ce que tu veux ! Mon talent est pauvre et le tien immense…
« la
montagne rose de la musique » (Paulina, 84)
« O parole
énorme éternelle on ne t’entend pas. » (Paulina, 89) « Ma voix, ma gorge éclatante
crient l’immense l’immense Gloria. Aucune sonorité. Les mondes de la nuée
brillent comme le diamant. » Création d’un silence ? de cet ordre :
cosmique, mystique.
Orgue !
(C’est un ordre !)
Pérotin ?
(que me fait connaître Damien…)
J’aime tes
fesses de Philippe
Katerine ?
Saisons, petits
oiseaux, feuilles mortes, montagne rose, accablement
L’orage, la
pluie, la grêle
Les insectes,
beaucoup d’insectes…
Bises, je me
recouche (insomnie),
Yves-No
Labels: bouffes, correspondance
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