Joie de la société la plus
vulgaire. Cette nuit, j’ai failli me suicider. Et puis, maintenant, ça va… Je regarde
Michel Piccoli qui joue mon rôle ds La Cerisaie et je vois bien qu’il a une qualité que je n’ai pas
(ou que je pourrais avoir plus) : celle de se faufiler ds les nasses de
cette société telle qu’elle est. Mais, moi, c’est toujours comme si j’avais accédé à un ailleurs bien
supérieur (ici, le travail des Bouffes du Nord) qui me fait mépriser ce que
j’appelle la « vulgarité » et qui n’est, en fait, simplement que la vie en société en général.
Pourquoi les théâtres sont-ils si laids, en général ?
On me demande pourquoi je ne
monte pas de textes. Mais les mystères du théâtre, je veux les découvrir un à
un, je veux les découvrir, moi ; je veux, par paresse, ne rien avoir à faire ; je
veux qu’ils me viennent et qu'ils viennent me manger dans la main, les mystères du théâtre, je
veux les apprivoiser comme des oiseaux ou des tigres — et je ne vois autour de
moi que des à-peu-près ou des horreurs (les à-peu-près, on s’en contente), sauf
les mises en scènes étrangères. Pourquoi la France est-elle incapable de
« mettre le paquet », dites-moi ?
C’est terrible de penser que
ça irait de soi — toujours — de faire semblant... Anton Tchekhov, lui, il ne
fait pas semblant, et, quand on lit, on le ressent, on ressent que c’est vrai
(on ne sait pas par quel miracle, d’ailleurs, à ce point). Mais les acteurs
n’écrivent pas (sauf les très grands), à n’être que les émanations, les
ectoplasmes, les rêves, les rêveries (comme dans L’Invention de Morel) de l’écrivain, de l’« honnête homme », du lecteur, du
spectateur… Ou peut-être que les choses se font quand même, ds la grossièreté,
comme pour Tchekhov les choses se sont faites, que c’est égal… Mais, Jean Oury,
si nous arrêtions, avec toi, de fanfaronner… C’est le jeu, le comédien doit
élever la voix, simplement pour se faire entendre et, donc, l’intérêt des choses
métaphysiques tombe : on est, on est à Guignol !
« Quel plaisir de fumer un cigare dans l’air
frais ! »
Niels Arestrup est vraiment
supérieur, toujours surprenant. Les autres sont un tourbillon, mais lui est au
centre. C’est le plus beau rôle, faut dire, celui que Tchekhov avait réservé à
Stanislavski qui n’en a pas voulu (ce con) parce qu’il ne voulait pas jouer un
marchand, il a préféré jouer Gaev (un noble).
« Si vous avez les clés
de la maison, jetez-les dans le puits et partez, devenez libre… » Cette pièce me fait peur. Mon
destin se décide... Je veux que ce soit ds les livres… Représenter la société… en général...
Que peut-on faire du théâtre
sinon un art du passé ? Les producteurs le voit comme un art du présent…
Nous ne nous comprenons pas... — Quel présent ?
0 Comments:
Post a Comment
<< Home