Sunday, May 06, 2018

C omédie


je viens d’écrire en direct et sans corrections un très long (et peut-être très laid) poème à mon amie Lili
j’ai si peur qu’il soit mauvais
quelle mauvaise manie que de s’épancher en vers
je te l’envoie, quand même, mais tu n’es pas obligé (on ne l’est jamais) de le lire
ni de m’en parler

jeune beauté endormie
telle une enfant en son sommeil
les yeux bercés de tendres songes
pas compassée mais calme mais belle
une panthère veillant sur sa nuit
dans une chambre coloniale
toi que j'aimerais pouvoir toucher
sous des cieux ajourés d'étoiles
le temps touché jouant pour nous
minutes secondes qui t'approchent
et qui t'approchant me raccrochent
aux boucles que forment tes doigts
ou les miens sur tes jolies joues
caresser le creux de tes reins
paresser dans les matins chauds
rester muet entre tes mains
pour ne pas bousculer la grâce
et d'un coup sec briser la glace
quitter le lit le chaud le doux
douter craintifs croire se perdre
puis se retrouver plus amants
toi que je voudrais voir couchée
pour mieux m'allonger près de toi
ta voix ton corps ton cœur penché
ta peau et tous tes oripeaux
toi nue comme un perdreaux d'été
un étourneau quittant l'hiver
toi nue moi nu nous comme un ver
impatients comme les printemps
ta peau ton cœur ta voix trésors
t'avoir sans ne rien posséder
hêtres charmés dedans dehors
hasards abolis étalés
comme tant de pages immaculées
tempête qui chasse les oies blanches
tous les désirs inassouvis
la musique seule résista
aux coups de dés précipités
venus du chaos imprécis
insectes hommes peau lit cité
(le nombre unique qui ne peut pas)
tremblez matins pâlit la mort
mais dansez vous petits lapins
le vin sera vite en tonneau
les blés en herbe puis en grains
les cerisiers en fleurs la pomme
dégringolant de l'arbrisseau
des cannes à pêche pauvres pécheurs
de jeunes enfants au ruisseau
tant d'images d'été remplies
l'été finit voici l'hiver
le petit bois qui ploie qui plie
le feu pilier de la maison
froid coupe de mélancolie
troupeaux neigeux à l'horizon
puis l'hiver meurt morte saison
printemps verdure sourire ravi
là du néant revient la vie
qui elle-même finira
cercle imparfait continuera
jusques aux grandes prophéties
réalisées rebond brutal
les mains saignantes du messie
les pleines coupes de cristal
fin attendue sans trop y croire
vieilles mythologies sans rites
giflant sec ces yeux dérisoires
qui incrédules n'ont pas su
toucher ce qu'ils ne pouvaient voir
voir ce qu'ils ne pouvaient toucher
toi absente de la veillée
infinie grâce éblouissante
j'apprends des tout premiers chrétiens
à croire en ce qui n'est pas là
te penser devient te toucher
fermer mes yeux c'est te voir
si je fume une cigarette
ton souffle se change en fumée
ton parfum rêve dans mon lit
tes cheveux brillent au firmament
ton cœur s'agite en ma poitrine
nos dents se frôlent dans nos baisers
infiniment infiniment

le début est plutôt pourri
ça commence mal
mais ça se rattrape, un peu, ensuite
heureusement qu’elle ne parle pas français
oui, bon, bref
j’ai bu
il est six heures vingt-six en toutes lettres, Paris s’éveille
(j’ai bu Justine Titegoutte)
(Pauline Partouze, Justine Titegoutte)

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