Tuesday, November 17, 2020

D ureté proverbiale


Oui, vous avez raison, mais comment faire ? La rencontre entre Lily-Lucy et moi a eu lieu pendant les deux répétitions. Il y a eu bien sûr des clins d’œil échangés pendant la représentation, mais qui découlaient de cette complicité.  J’ai manqué de répétitions avec Adélie et, pendant la représentation — c’était celle où il y avait le plus de « bordel » (du public, en particulier) alors que celle de Lily-Lucy a été celle où il y avait le moins de monde —, j’ai été débordé, enfin, il ne faut rien exagérer, mais bien occupé à canaliser le débordement justement (qui en a fait aussi une très belle représentation, mais qui me dépassait certainement). Donc j’ai manqué ce contact avec Adélie et par manque du calme de la répétition et par manque de calme dans la représentation. Vous pouvez lui expliquer ça ? Je suis absolument touché qu’elle soit venue, et qu’elle se soit presque directement plongée avec un tel courage, une telle disponibilité dans la représentation la plus chaotique de la série où j’ai eu tant à faire alors que j’aurais voulu contempler sa danse magnifique. Que ces deux adolescentes apprennent à ne pas être jalouse l’une de l’autre, à ne pas se comparer l'une à l'autre, c’est tellement beau d’avoir une sœur et si banal, répandue, comme vous le dites, la rivalité, ça n’a aucun intérêt. Je ne suis pas candide, je sais bien que la danse classique est un monde d’affreuses et célèbres rivalités (en tout cas à l’opéra de Paris), mais je rencontre par ailleurs tellement de danseurs sublimes qui sont aussi des monstres de tendresse et de douceur que je me dis que cette dureté proverbiale est peut-être en train de passer de mode…

Avec amitié, 

Yves-Noël 

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