Sunday, December 18, 2022

K arine


Une fête costumée. La maison de maître possédait un grand vestiaire de théâtre 1900. C’était chez un peintre. Une garde-robe pour les modèles. Le peintre avait accroché ses tableaux partout, la fête était éclairée aux bougies et les tableaux n’avaient jamais été aussi beaux que sous cet éclairage (je les avais admirés bien des fois dans l'atroce lumière des galeries). Comme je lui faisais part de mon émotion — je précise tant qu’il est encore temps : ce n’était pas une fête d’anniversaire, Dieu merci ! (bien qu'exactement le soir de mon anniversaire). Je n’en peux plus de ces fêtes égocentriques, de soi-même tourné vers soi-même ; non, c’était une fête-offrande, on n’en connaissait pas le thème, peut-être y en avait-il un, mais il fallait le découvrir (je ne supportais que les fêtes-fêtes, les vraies fêtes devenues si rares) — bon, qu’est-ce que je disais ? Oui, le peintre avait accroché ses tableaux dans une belle lumière. La maison qui lui servait d'atelier était prêtée par un mécène. Tout près du cimetière de Picpus. Et le peintre m’assurait que « Léonard » le disait déjà, que « le meilleur moment pour voir la peinture était la fin de la journée quand la lumière décline et se réchauffe et que les frontières disparaissent ». Plus tard — toujours sous l’influence des tableaux ésotériques —, j’avais lu... Paul Cela ? Jacques Henri ? je ne me souviens plus trop de ce que j’avais lu (là encore, ç'avait duré une éternité...) Je n’avais pas beaucoup parlé dans cette fête, mimétique des tableaux, à peine écouté, décourageant les aficionados. J’avais juste échangé avec un chorégraphe célèbre avec qui je n’ai que très peu d’affinité et lui non plus sans doute... Un danseur en commun… Et je le trouvais beau, j’avais regretté, quand je l'avais vu partir (vers quelle heure ?), de ne pas lui avoir demandé s’il se produisait en solo. Oui, j’avais lu cette phrase puisque je l'avais recopiée : « On peut imaginer la peinture, même la plus noire, comme contre-angoisse dans ces moments d’infortune de la raison ». Le lendemain, l'ami-peintre à qui je demandais ce qu’il s’est passé « vers la fin », m'avait répondu : « Tu as été raccompagné par Karine, institutrice ou maîtresse si l’on veut ». 




C’était une fête déguisée. La maison avait un grand vestiaire de costumes de théâtre 1900. C’était chez un peintre. Une garde-robe pour les modèles. Le peintre avait accroché ses tableaux aux murs, la fête était éclairée aux bougies et les tableaux n’avaient jamais été aussi beaux que sous cet éclairage (je les avais vus bien des fois dans une lumière de galerie). Comme je le lui faisais remarquer — je précise tant qu’il est encore temps : ce n’était pas une fête d’anniversaire, Dieu merci ! bien que ce fut exactement le jour de mon anniversaire ; je n’en peux plus de ces uniques fêtes d’anniversaires égocentriques, de soi-même tourné vers soi-même, non, c’était une fête-offrande, on n’en connaissait pas le thème, peut-être qu’il y en avait un, mais il fallait alors le découvrir, je ne supportais plus que les fêtes-fêtes, les vraies fêtes devenues si rares — bon, qu’est-ce que je disais ? Oui, le peintre avait accroché ses tableaux dans une belle lumière (la maison était prêtée par un mécène) (tout près du cimetière de Picpus). Et le peintre m’avait dit que « Léonard » assurait que le meilleur moment pour voir la peinture était la fin de la journée quand la lumière décline et se réchauffe et que les frontières disparaissent.  Plus tard — et toujours sous l’influence des tableaux ésotériques —, j’avais lu dans un livre (Paul Cela ? Jacques Henri ? Je ne me souviens plus trop de ce que j’avais lu, là aussi, ça avait duré des heures ; je n’avais pas beaucoup parlé dans cette fête, mimétique des tableaux, à peine écouté, décourageant les aficionados. J’avais échangé avec un chorégraphe célèbre qu’on me présentait, mais avec qui je n’avais que très peu d’affinité et lui non plus sans doute, un danseur en commun… et je le trouvais beau, j’avais regretté de ne pas lui avoir demandé s’il se faisait des solos ou bien ? J’avais dû lire cette phrase puisque je l'avais recopiée : « On peut imaginer la peinture même la plus noire comme contre-angoisse dans ces moments d’infortune de la raison ». « Tu as été raccompagné par Karine, institutrice ou maîtresse si l’on veut », plus tard, me disait le peintre à qui je demandais ce qu’il s’était passé « vers la fin ».

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