Juste vous redire ce que j’ai dit à Arthur (à Laurent, à Ronan), que j’ai été très touché par ce que vous m’avez proposé. J’aime la clandestinité, celle des spectacles pas prévus, qui arrivent comme en fraude, par effraction. J’étais là presque par hasard dans une ville que je ne reconnaissais pas à cause de l’extrême chaleur et j’assistais — était-ce moi ? —, dans la grotte de l’après-midi, comme à un long festival ou peut-être comme à une seule longue représentation, pas sans effets de fatigue, certes, mais d’une richesse inégalée. Inoubliables pour moi sont les découvertes que vous m’avez fait faire, inoubliables, je crois, comme des spectacles d’enfance, des morceaux volés souvent d’une cachette poussiéreuse et noire d'un balcon ou d'une loge… J’ai vu ce que vous m’avez laissé voir, confiance, grâce (comme sans vous en apercevoir trop), vous le referez, dites ?…
Vous avez jouez dans une île, dans des landes...
Le choix de Shakespeare, je n’aurais pas osé seul. Votre grandeur, vos puissances vous ont mis à niveau de celui qu’on dit le plus grand, le plus vaste, le plus humain, le plus touchant...
Vous l’avez remarqué, je ne peux travailler (et vous écrire) que d’une manière égoïste : je ne peux voir que ce qui me plaît, que ce qui résonne rêvé. Exquises esquisses. Si mes souvenirs sont bons, c’est Proust qui affirme que les humains sont des êtres « amphibies », dans le sens qu’ils vivent à la fois le jour et la nuit (l'élément liquide étant bien sûr la nuit). Je ne sais plus quel autre poète a dit que c’était un lieu, la nuit...
C’est ainsi qu’il faut jouer, de plain-pied dans la mer profonde. Avec ce sourire, ce sourire qui en remonte...
Rêvez bien, travaillez bien d’ici bientôt et oubliez bien (pour que je puisse avoir le plaisir de répéter les citations...)
Au plaisir donc de vous revoir encore en tant que ce spectateur follement privilégié dont vous me faites goûter l’espérance, la chance, la joie immédiate…
Yves-Noël
PS : Je voudrais voir plus Hortense et Félicien, s’il vous plaît ; sans que je m'en sois tellement aperçu sur le moment, c’est depuis, me manquent un peu
PS 2 : Ci-dessous une Ophélie trouvée exposée dans la salle où j’ai joué avant-hier en Normandie, un vieux moulin cinégénique où passent — encore leur parfum léger — Jeanne Moreau et Romy Schneider
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