« Parce que parfois on va trop vite, on veut être partout et quelque part on est nulle part aussi » (François Damien)
« Mettre un peu d’art dans sa vie et un peu de vie dans son art. » Une devise pour notre projet ! (prononcée par Louis Jouvet dans Entrée des artistes)
« Rien n’est faux. Il suffit d’avoir un peu la foi et tout devient réel. » (id)
« Comme moi, vous vivrez plusieurs existences. » (id)
J’imagine un spectacle. Qu’est-ce qu’on aurait à dire qui équivaudrait à ne rien dire ? Il faut dans le spectacle une partie chaque soir improvisée, fabriquée localement, « Vous, Madame… » (et pas une autre). Comme quand je vais voir ma mère : c’est tous les jours la même chose et pourtant il y a des événements. Il faudrait comprendre qu’on peut tout jouer et que c’est tous les jours la même chose. Bref, il faut des interprètes de génie. Quand je parle d’« interprète de génie », les gens qui me connaissent savent quelle est ma référence. Celui auquel je pense peut tout jouer sans que ça change quoi que ce soit. SANS QUE ÇA CHANGE QUOI QUE CE SOIT. Bien sûr, que faire si on n’a pas totalement l'accès au même génie ? Tant mieux, peut-on se dire, tant mieux... Eh bien, jouer comme lui, viser de jouer comme lui, rien que la visée vous rend meilleur ; je peux en témoigner, il jouait son spectacle aux Bouffes du Nord juste avant le mien sur Proust, au lieu de m’écraser, ça m’a porté, ça m’a donné des ailes. S’il brûlait, lui, comme un astre, je pouvais au moins m’approcher de sa chaleur. Cela dit, Claude Régy qui était allé le revoir lorsqu’il projetait de monter SOUTERRAIN-BLUES — ça ne s’était pas fait, à l’époque, Peter Handke traversait une période tempétueuse, il a été réhabilité aujourd’hui, il a reçu le prix Nobel — avait été déçu : ce n’était plus le jeune homme musculeux qu’il avait connu, il jouait avec une oreillette (je ne sais pas, sans doute que ça se remarquait…). Le spectacle que j'ai vu (5 fois), il lisait des prompteurs, ça ne gênait personne. C'est d'ailleurs une idée à reprendre pour nous aussi, si ça peut nous simplifier la vie, faut pas hésiter...
Et puis dans une liste ouverte des phrases bien tournées qu’on aimerait retrouvées dans le spectacle (vous connaissez cet artiste, cet écrivain, Jean-Jacques Schuhl qui rêve d’écrire des livres sans aucune phrase « de lui ») :
« l’au-delà, l’élevé, l’autre — ou quel que soit le nom que l’on aimerait donner à l’espace supra-empirique scellé par des choses vagues chargées de pouvoir ». Ce qu’il écrit bien, ce salaud ! (J'ai nommé Peter Sloterdijk, ma nouvelle lubie...)
Peut-être que notre compagnonnage ne devrait être qu’une longue dramaturgie qui accumulerait nos lectures, quoi, nos recherches, sur 2 ans et qu’au final — si bien remplis de sens —, nous jouerions directement sans même avoir à répéter (un peu la méthode du groupe belge Tg Stan, non ?)
(Mais dans de beaux costumes, quand même…)
« Il avait une passion particulière pour ces zones où les contraires deviennent indiscernables. » (Isabelle Huppert parlant de Claude Régy)
« Par exemple, l’odeur du grille-pain, le pain grillé, les bruits de pas dans la neige, faire du ski, se perdre, le soleil... » Olivier Van Hoofstadt, le réalisateur belge de Dikkenek, explique que, pour préparer son projet, il avait passé un an à faire des listes dans un cahier, page de gauche, de choses qu’il aimait (comme ici), page de droite de choses qu’il détestait
Allez, une phrase de Paul Valéry pour nous élever : « L’homme est généralement absurde dans ce qu’il cherche, mais il est admirable dans ce qu’il trouve ».
Ça tombe bien, 1) nous aimons le théâtre de l’absurde, 2) nous, les troubadours (ok, j’aime aussi les saltimbanques, ceux qui sautent sur le banc), nous sommes étymologiquement « ceux qui trouvent ». Bref, n’ayons pas peur de nous montrer en train de chercher, de patauger, mais n’oublions pas que nous devons trouver. Ce sont deux temporalités, la durée fastidieuse de la recherche, l’éclair de la trouvaille
De toute façon, faire du théâtre est absurde (alors qu’il suffirait de danser comme des poissons ou des oiseaux)
Sinon on pourrait dire dans le spectacle : « Heureusement que ce soir c’est gratuit, hein, parce que sinon ce serait vraiment, heu… » (Elle dodeline de la tête.) Hein ? »
Enfin, on peut d'ailleurs reprendre tout le sketch de Marie-Thérèse Porcher. : « Quoi vous avez payé ? C’est pas vrai, ils vous ont fait payer pour ça ! Pour un discours interminable entre quatre bacs à géraniums et sous une guirlande ridicule ? »
Bises,
Yvno
Labels: correspondance, neuchâtel
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