Il était 16h20, j’ai commencé un livre. J’avais tant de choses à faire. Ranger surtout ce que j’avais ramené de Bourg, trouver une manière de pouvoir mettre quand même un pied devant l’autre dans ma quasi chambre de bonne à Paris (quartier La Chapelle), mais en soulevant les tissus, les papiers, j’ai trouvé ce livre : La jeune artiste, de Valérie Mréjen (dont j’avais beaucoup aimé Eau Sauvage), avec, au dos de la couverture, seulement ça : « La jeune artiste, c’est moi »
Il y avait de la lumière, de la lumière d’hiver ; la ville était pleine de tous ; c’était si petit, ce terrier, ce donjon à Paris que j’y lisais mal, pas entouré de tout, entouré de distraction (l’infini téléphone)
Ce n’était pas que je n’avais pas de livre en cours. J’étais dans Don Quichotte, tellement génial qu’il faut beaucoup, beaucoup se concentrer. C’était triste, mais c’était ainsi, lire, pour moi, était un exercice de concentration, ce n’était plus, depuis bien longtemps, sauf pour qquns, avaler les livres comme un repas magique, sans les mâcher, dans l’urgence. Mais j’avais la nostalgie de ça, la nostalgie de ma jeunesse. A tel point que je m’imaginais vivre du RSA (plutôt que de me reconvertir) et lire, lire, lire sans cesse jusqu’à la mort, ne faire que ça, paria, clochard (comme j’en voyais à la BPI), mais dans la lecture en attendant la mort. Ce n’est pas bien gai, ce que je vous dis, mais c’est-à-dire qu’on est quand même en droit de se demander si ce n’est pas le monde qui va mal plutôt que soi. On ne peut pas se contenter du vide. Et c’est très dur, du vide contemporain, d’en faire un plein ; je vois que beaucoup s’y essayent, mais l’effort se voit plus que le résultat. J’essayai La jeune artiste
La société du désir et de la consommation
J’avais toujours le projet d’écrire sur rien
Il y avait un slogan qui me plaisait, qqch comme : « On veut rien et on l’obtiendra ! »
Dans notre capacité à détruire le monde il y a qqch de fascinant
Je ne suis pas entier quand je vous écris ; par exemple, j’ai mal au bras (j’aurais dû appeler pour faire une radio, je ne l’ai pas encore fait)
Fin du monde en grande pompe
Ce qui m’étonne — et me réjouis —, c’est que ces artistes arrivent à vivre dans le quotidien, à appréhender les choses — du quotidien. Même en se posant des questions. Marguerite Duras, elle en avait vécu, des choses, dans le quotidien !
Par exemple quand elle avait dit : « C’est quand même bien foutu, ce que j’écris… » et qu’on l’avait assuré que oui, « Alors comment ça se fait que ma vie, c’est n’importe quoi ? »
En fait, je cherchais à me calmer
Et le soir venait
Auguste Renoir : « Quels êtres admirables que ces Grecs ! Leur existence étaient si heureuse qu’ils s’imaginaient que les dieux, pour trouver leur paradis et aimer, descendaient sur la terre. Oui, la terre était le paradis des Dieux, voilà ce que je veux peindre »
Ma possibilité d’amour
Labels: paris
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