Sunday, October 03, 2010

Kairos, suite

Les Soirées riches



Ce qui fait sans doute que Jean-Marc a rebondi sur « Il travaille quand son corps est d’accord » (ça se suit dans mes notes) et que Sylvie a parlé de l’annonce chez Marie-Jo à La Petite Brocante à Cargese : « Horaires variables » et que j’ai dû dire (en tout cas, je l’ai écrit dans mes notes) que ça ferait un excellent titre de spectacle, ça : Horaires variables.

Ensuite, les vins : Charmes-Chambertin, Cos d’Estournel. Et Stéphane a dit une chose comme il en dit souvent sans qu’on le remarque (lui et Jean-Marc vont très vite) : « La bouteille de Bordeaux ressemble aux Bordelais, elle s’monte du col. » On écoutait, à ce moment-là (ou un peu plus tard), Alfred Deller dans Henry Purcell, on comparait comme pour les vins deux enregistrements d’un même morceau, quand il avait une vingtaine d’années et quelques mois avant sa mort (vers soixante-dix ans). On buvait ensuite du Chablis. Jean-Marc disait : « En Chablis, il y a deux stars, l’une des deux, c’est Vincent Dauvissat » et continuait de faire des rapprochements : « C’est comme la mise en scène : précis ou non. »

« Chez Alice et Jean-Marc, c’était des repas, des soirées si riches que je ne peux pas les décrire car, lorsque je les vis, elles sont comme voilées. » Voilà ce que j’écrivais sur mon bout de papier. Le morceau de Purcell, c’était : Music for a while. Puis on écoutait Bach, l’Agnus Dei de la Messe en Si. « Il aurait fallu que je ne sois pas de cette soirée et que je l’écrive (comme un scribe engagé), mais je ne pouvais pas me dégager de la soirée parce que la soirée était vivante. C’est comme ça, la vie, c’est une prison et on ne pourrait normalement rien en écrire (demandez à Emily Dickinson). Et quant au vin… Le vin ne facilite pas l’extraction de la vie, oh, ça non… Et la culture, est-ce s’extraire de la vie ? Oui, la culture, c’est s’extraire de la vie, mais c’est être emporté aussi. Et c’est trop tard, la vie emporte par la culture. » Quelqu’un dit (Sylvie) : « Qu’est-ce que t’écris ? » et quelqu’un d’autre (Jean-Marc) : « Tu vois nager des méduses, des raies… » Mais je m’écriais (ou plus tard) : « De toute façon, vous pouvez parler ! Moi, maintenant que je suis une star au même titre que Pablo Picasso et La Callas… »

C’était comme un 31 décembre, une nuit de Noël. Il faisait incroyablement doux. Le T-shirt Balenciaga plaisait, Sylvie était en Margiela, Stéphane en Comme des garçons...

La Messe en Si se déployait en pleine puissance. L’Agnus Dei juste avant le Finale. Vincent Dauvissat, le vin blanc avec le fromage à l’infini.

Lou fait du violoncelle. Jean-Marc proposait de la réveiller pour qu’elle nous en joue (comme le père de Beethoven). J’avais fini d’écrire ma feuille A4 pliée trois fois et Alice apportait un petit carnet marqué « Carnet d’Alice ».

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home