Saturday, April 30, 2011

Voyage à Berlin

Oh, ces gosses, oh, ces gosses… Ils se précipitent sur mon blog pour voir si je parle d’eux. Mais je ne peux pas m’en occuper toute la journée et, en plus, parler d’eux ! Nathan et Duncqueue sont dans l’train. Nathan n’avait pas compris que je déplaçais à mesure l’affiche de Jeanne Balibar et donc il cliquait, croyait que rien n’avait bougé, repartait déçu. Quand il réalise son erreur, il hurle vers Duncqueue : « Y a qqch sur moi ? Y a qqch sur moi ? » Me fatigue… Puis, souvenir ému, m’a rappelé quand j’étais à l’école, moi aussi. A l’école d’Antoine Vitez. On avait Antoine Vitez qu’une journée par semaine, les autres jours avec d’autres. Mais, tous les jours, on pouvait faire la même blague aux mêmes personnes, ça marchait sans trêve. « Salut, oh, à propos, hier j’ai vu Antoine, il m’a parlé d’toi… – Ah, bon, qu’est-ce qu’il t’a dit ?! – Non (tu n’comprends pas – en faisant le geste), de toit, de toiture… »

Je voulais parler à Marina, mais Marina dort. Quand je repasse, elle ne dort plus, elle semble lire un livre, mais elle semble aussi dormir. On dirait qu’elle joue dans La Chevauchée… Quel dommage que la pièce n’existe pas filmée en entier ! Il y a deux extraits sur l’Ina, des extraits merveilleux. On voit les vedettes jouer comme des dieux et dire que, non, elles ne prennent pas de risque. Jeanne Moreau est extraordinaire, intelligente, puissante et vivante. Lonsdale a son exactitude de toujours, Depardieu, ah, Depardieu, qu’est-ce que la vie l’a amoché c’’ui-là, il était la grâce, aucune intelligence, pur instinct et tombant juste tout le temps. Delphine Seyrig est la princesse, la reine, la reine de Saba. Son amant, c’est Sami Frey, mystérieux et beau, lui aussi, comme une image (les autres sont réellement vivants).

Marina Keltchewsky est en forme ces temps-ci. J’ai vu, à la gare, une photo d’Angelina Jolie – à moins que ce soit de Penelope Cruz – et j’ai cru que c’était Marina (le sourire). Marina nous a sorti deux nouvelles matières, Virginie Despentes, King Kong Théorie, et c’était parfait, j’entendais la voix de Virginie Despentes, parfait, parfait, très intelligent, ça m’a donné la nostalgie d’Hélèna (Hélèna Villovitch) qui admirait Virginie Despentes et qui m’en donnait des nouvelles de temps en temps – j’ai compris seulement aujourd’hui, avec ce qu’en a fait Marina Keltchewsky, l’intelligence parfaite de Virginie Despentes. Puis Marina a fait Grisélidis Réal, là, je savais que ça allait être bien, mais, là aussi, elle m’a révélé encore une intelligence profonde de Grisélidis Réal que je ne connaissais pas (pourtant Grisélidis est mon idole). Quelle est intelligente, cette fille ! C’est elle qui comprend le mieux les principes de l’exercice que nous faisons en ce moment. Pouvoir jouer en même temps – dans l’entier espace-temps quantique – des matières dont la précision et la puissance ne doivent pas se perdre ni se diluer ni s’amender par rapport aux autres elles-aussi possiblement dans le même espace. Quand c’est réussi, c’est surnaturellement beau. On entend des choses inouïes, des rencontres de textes ou d’images qu’on ne pouvait pas avoir imaginé. C’est de la création de particules en laboratoire. C’est aussi la tour de Babel, je veux dire (Nathan m’a réexpliqué) quand toute l’humanité parlait la même langue… Ou bien la Pentecôte (là, c’est Karine qui m’a remis au jus), quand les langues de feu descendent sur les disciples et que tout le monde se met à se comprendre, à comprendre toutes les langues. Tiens, je vais recopier un truc de Borges sur la beauté. « Oh ! Seigneur, épargne-nous de tant de beauté… » Ce n’est pas Borges directement qui dit ça, mais celui qu’il considère comme son maître, Rafael Cansinos-Assens, « le grand poète judéo-espagnol ». Et Borges ajoute : « Qu’il y ait tant de beauté éparse dans diverses langues, cela n’a rien de surprenant. (…) La beauté est toujours prête à nous surprendre. Si nous avions assez de sensibilité, nous pourrions la sentir dans la poésie de toutes les langues. » C’est ce que je fais, rien moins que ça avec la belle équipe qu’on a mis à ma disposition (Stanislas Nordey) et que j’emmène, en plus, à Berlin, c’est pour ça qu’il y en a une partie avec moi dans le train… Ils partent mercredi, je les rejoins jeudi après le concert de Jeanne. Berlin, Berlin, Berlin ! Quelle excitation !








Les liens pour les vidéos de l'Ina sur La Chevauchée sur le lac de Constance dans la mise en scène de Claude Régy :

http://www.ina.fr/art-et-culture/arts-du-spectacle/video/CAF90026811/piece-de-theatre-la-chevauchee-sur-le-lac-de-constance.fr.html


http://www.ina.fr/video/CAF90026810/theatre-avec-la-piece-la-chevauchee-sur-le-lac-de-constance.fr.html

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