Saturday, July 16, 2011

Mais tout le monde peut dormir à Genève !
Mais les billets de voyage ont triplé, quadruplé...
Et j'ai libéré les acteurs d'une attente insupportable. Certains ont des enfants, certains gagnent leur vie dans des boutiques, des restaurants, d'autres tournent en Pologne... Les acteurs ne sont à la disposition de personne ni du public ni des programmateurs ni des financiers ni des metteurs en scène. Voilà comment je vois les choses. Et, moi, je protège les acteurs. Surtout quand le spectacle et la distribution sont exceptionnels.
Je viens de croiser Marie Raymond qui n'était pas au courant de l'annulation. Je comprends maintenant que tu n'as rien dit.
Envoie toujours ta proposition qui ne doit pas avoir varié. Je verrai qui reste de disponible et qui est intéressé. J'ai compris que tu n'avais pas un centime, Véronique, que tu n'avais pas gagné à la loterie. Il y a un moment, il faut arrêter de rêver. « Le mot que je déteste le plus dans la langue française, disait Marguerite Duras, c'est le mot « rêve ». » Et elle ajoutait : « Moi, je ne rêve pas, j'écris. » Fabriquer un spectacle de cet ordre est une entreprise tellement complexe, tellement magique – on ne sait pas ce qu'on fait ; il ne s'agit pas d'aligner trois francs six sous et d'essayer d'économiser deux centimes et demi. Ça ne se fait pas comme ça. Qui plus est, il y a cette antinomie du spectacle avec le thème du festival dont je me méfie beaucoup. La Mort d'Ivan Ilitch, à Lausanne, s'est mal passée. On m'a demandé si je n'avais jamais de problème avec la censure ! Non seulement je n'ai jamais, bien sûr, de problème avec la censure, mais on ne m'avait jamais posé une question pareille, si effrayante, ni en France ni en Belgique ni en Allemagne ni en Italie. J'ai vu, cette nuit, le Nature Theater of Oklahoma. On ne les applaudit pas parce qu'il nous parle de notre coin de village, non, on les applaudit parce qu'ils nous parlent d'ailleurs, d'un ailleurs incroyable, inouï et qu'en effet, on finit par se reconnaître dans cet ailleurs absolu, ici l'Amérique banale, atroce, lyrique, vivante, fabriquée comme un spectacle. 1er avril parle aussi de coins, de bouts, mais de bouts de l'univers, de projection de mémoires, de transmigration des âmes, pas de bouts de la Suisse.

Bisous

Yves-Noël

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