Sunday, October 23, 2011

C’est étrange comme, pour moi, le comble de la sensualité, c’est une petite fille accrochée à son père. C’est étrange. C’est l’amour fou. Incroyable. Je n’en vois pas d’autre, à ce point.

Oui, je lis bien chez moi car je lis comme si je ne comprenais pas les livres, comme quand je lisais – & lisais – & que – j’imagine – je le sens – que je ne comprenais pas les livres. Ce n’était pas la peine. Cela n’empêchait pas de lire. Au contraire.

L’adolescence. Elle est une éternité. C’est ce qui est proposé. 50 ans de mariage, une adolescence. C’est ainsi. Le récit. & je ne pense pas, non, que c’est parce qu’on retombe en enfance. Ou peut-être. Mon père & ma mère étaient contents. Du bilan. De Faire le bilan. &, en effet, c’était facile : on réunit ses frères & sœurs & puis, voilà, on dit : ça valait le coup. Vous y étiez, nous y étions, c’était facile. Oui, l’époque vit, tourne, on s’en fiche. La seule mesure est la vie d’homme & voilà, voyez, 50 ans après, on y arrive, comme hier, comme si c’était hier.

Je suis heureux de m’apercevoir que le livre est complexe. Il est complexe, c’est agréable, comme la musique, je n’y comprends rien et, pourtant, l’espèce humaine est une espèce musicale…

J’ai mis longtemps à m’occuper de compter les frères & sœurs dispersés autour de la table & dissimulés par la vieillesse. J’en comptais 7, j’en comptais 8, il me semblait qu’il y en avait 9. Je me souvenais d’un enfant mort-né, peut-être… Celui avant René, justement. Les prénoms s’effaçaient, se mélangeaient s’interchangeaient, quelle étrange quantité de choses, 9…

Mon père avait dit, lors d’un petit discours : « J’ai bien essayé de m’échapper… – Du piège ? – Du piège à 2, mais quand on épouse une Bretonne, vous pouvez toujours courir !… »

Dans les mots, il y avait eu aussi qqch, il y avait eu le mot « tremble ». C’était un arbre, un arbre au feuillage clair, qui tremblait dans le vent alors qu’aucun autre arbre ne bougeait parce que, du vent, il n’y en avait pas ou très peu. & mon père m’avait dit : « Eh, bien, justement, c’est un tremble, de la famille des peupliers, un arbre qui a la propriété de réagir au vent même quand il n’y en a pas. » Qu’il était beau, cet arbre, son miroitement irréel, infini, sa musique silencieuse, saviemultiple.

C’est difficile de lire exactement le sens des choses, de ne pas s’arrêter par les mots. Il y a plusieurs niveaux de lecture poss.

Je retire ce que j’ai dit : ton texte n’est pas trop « pédé ». Tes expériences sont tellement mystiques qu’il faut bien que ça passe par du concret &, le concret, pour toi, c’est les garçons. C’est à cause de la nécessité du concret que cela est. Ce concret est, en fait, aisément transposable comme n’importe quel concret pour n’importe quel lecteur. En tout cas, voici le compliment. L’expérience, elle, ne l’est pas, au fond, concrète.

« Il sent simplement que le monde déborde & lui coule dessus & le noie de présence : tout ce qui a lieu dans les moindres détails. Même un paysage presque complètement immobile... »

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home