Les acteurs disparaissent quand ils jouent bien
Allons-y
pour la critique puisqu’il te pleut des critiques, en ce moment (et que tu le
supportes très bien). J’aime beaucoup le début jusqu’à la phrase de Lacan. Puis
la description de ce qu’il se passe « sur le plateau » est plus
compliquée, pour moi fausse, « surracontée » comme je te disais
l’autre fois. Je ne sais pas, il faudrait arriver à la même chose que ce que dit
Camille Laurens (« On ne peut jamais rien saisir »), décrire-ne pas
décrire. Nommer les acteurs ne convient pas, en tout cas dans mon ambition.
Quand c’est bien (sur le plateau), je leur ai dit, ils sont comme n’importe
qui, ils sont n’importe qui, on ne les reconnaît pas. Sauf Valérie Dréville,
j’aimerais que les gens gardent en mémoire, souvent, que c’est Valérie Dréville
– à cause d’Hélène Bessette. L’écrivain français le plus maudit maintenant joué
par l'actrice grande et française la plus reconnue. La gauche, quoi, le
changement… Mais quand Dominique est apparue sur le plateau la première fois –
et la seconde et la troisième et encore et toujours, mais c’est ça qui est très
difficile à ne pas perdre – elle venait vraiment de la rue, elle déjeunait dans
le coin (au restaurant de l’hôtel du Rond-Point, rue de Ponthieu) (parce
qu’elle est maligne), je lui ai dit passe, elle était habillée comme pour le
quartier, l’été… Elle n’était que ça : une passante. Et Marlène aussi,
arrivée dans son costume extravagant de la soirée Bas Nylon de Bruxelles,
n’était que ça, elle aussi (d’ailleurs tu le dis : « Marlène ne cesse
de disparaître, c’est fou comme elle disparaît »), une passante. Comme
dans la chanson Les Passantes, qui est ma chanson préférée. Quant à Alexandre, ça
fait un moment que je veux lui casser ses petites pattes arrières. Il a
peut-être « les plus beaux membres inférieurs qui soient » (pour ceux
qui aiment le genre, suivez mon regard), mais il le sait trop...
– Un Exercice d'admiration numéro 3 arrive, patience, je vais m'améliorer, essayer. J'aime ce que tu dis et tu ne peux le dire que parce que j'ai écrit ce truc surraconté. Ce que je fais avec la revue du Rond-Point, c'est du work in progress, je saisis des trucs au passage, au vol, mais j'ai bien conscience que je suis bien en dessous de ce qui se passe sur le plateau. Ok pour aller vers la disparition des acteurs (ne pas les nommer, les traiter comme des passants, les indifférencier), mais, en même temps, c'est compliqué parce que je les aime tant, tes acteurs. Je continue quand même ?
Please, ne m'interdis pas de continuer, please, ne me coupe pas les ailes !
– Meuh, non, bien sûr, tu continues... C'est queue parce queue t'es mon meilleur ami queue je fais ma Pina Bausch (pour « diva »)...
– Queue tu fasses ta Pina, en ce jour d'ascension, j'approuve !
– Un Exercice d'admiration numéro 3 arrive, patience, je vais m'améliorer, essayer. J'aime ce que tu dis et tu ne peux le dire que parce que j'ai écrit ce truc surraconté. Ce que je fais avec la revue du Rond-Point, c'est du work in progress, je saisis des trucs au passage, au vol, mais j'ai bien conscience que je suis bien en dessous de ce qui se passe sur le plateau. Ok pour aller vers la disparition des acteurs (ne pas les nommer, les traiter comme des passants, les indifférencier), mais, en même temps, c'est compliqué parce que je les aime tant, tes acteurs. Je continue quand même ?
Please, ne m'interdis pas de continuer, please, ne me coupe pas les ailes !
– Meuh, non, bien sûr, tu continues... C'est queue parce queue t'es mon meilleur ami queue je fais ma Pina Bausch (pour « diva »)...
– Queue tu fasses ta Pina, en ce jour d'ascension, j'approuve !
Mais ne
touche pas Lahache !
Poules
mouillées
Yves-Noël Genod : exercice d'admiration numéro 2
Deuxième
filage auquel j'assiste. Jour d'investiture de François Hollande à l'Elysée,
réception royale à l'Hôtel de Ville, protocole, les ors de la République. Dans
quelques minutes, la foudre va frapper l'avion présidentiel. Plus de peur que
de mal, François ne sera qu'en retard au dîner d'Angela. Ici, 18h45, salle
Roland Topor, personne ne sait ce qu'il en est de la foudre. A peine sait-on
qu'il a grêlé dans l'après-midi. 19h, c'est le moment de l'éclaircie, des
rayons dorés entrent par les fenêtres. Sur le plateau gris, deux poules se font
des messes basses. Le filage a dû commencer. Difficile de savoir avec Yvno, il
n'y a jamais de début, pas vraiment de fin. Tant mieux. Yves-Noël n'aime pas la
couleur marronnasse des gallinacés, il le dit. Il aurait préféré des poules
grises ou blanches. Les brunes étaient moins chères. Pierre Courcelle dit que
c'est pas mal ce marron, que ça fait « basse-cour de base », sans
prétention. Les poules sont « normales » comme tout est « normal »
en ce moment, de la foudre au Président, « normal ». Les poules
disparaissent dans les gradins. Apparition, disparition, je pense à Camille
Laurens que je suis allé écouter hier soir à Beaubourg. Sur le désir (ou
l'amour ou l'acte d'écrire, je ne me souviens plus) Camille a répondu qu'on ne
peut jamais rien saisir, que tout est tout le temps une question d'apparition
et de disparition. Entre l'apparition et la disparition, il y a peut-être le
réel, ou sa vérité, mais on ne sait pas, on ne peut pas savoir. Lacan : « Le
réel est ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire. » Justement, sur le
plateau, trois apparitions : Valérie Dréville, M. et Dominique Uber. Par
terre, des cageots, des jardinières remplies de plantes « normales »,
des herbes folles, du foin coupé, de l'herbe grasse. « Croisades du
silence ». « So nice ». « Everybody speak english ? »
« Chic ! Enfin, bien... » Yves-Noël s'adresse aux poules :
Hé, mes chatons, eh bien, jouez ! Les poules ne veulent rien faire.
Apparition d'Alexandre Styker, peau aussi blanche que nue sous fourrure couleur
faon. Alex a deux oreilles de chat sur sa tête d'or. Robe bleu indigo et orange
(le fruit) à la main, Valérie Dréville se présente à l'avant-scène. Hélène
Bessette : « Je ne sais plus où j'ai mis le passeport, le chèque ».
Valérie et Dominique trinquent : « Nasdrovia ». Je me fixe sur
la blondeur de Dominique. La blondeur de Monroe était inventée, celle de
Dominique est la nature même des choses. « Je chercherai du travail, donc
du roman ». Marlène ne cesse de disparaître. C'est fou comme elle
disparaît. Alexandre réapparaît en chemise bleu ciel, cuisses et jambes nues.
Les plus beaux membres inférieurs qui soient. « Pour les étoiles que tu sèmes
dans le remords des assassins, et pour ce coeur qui bat quand même dans la
poitrine des putains, thank you Satan. » M. en petit page, petit Antinoüs
des îles, avec paréo et brumisateur à la main, poursuit les volailles et les
arrose : poules mouillées. A cour, on dirait qu'Alexandre va se jeter par
la fenêtre. D'un coup, Alexandre S. me fait penser à Asia Argento. Asia Argento
+ Cindy Sherman = Alex Styker + YNG = CQFD. Valérie Dréville parle de la
Gauche. C'est toujours Hélène Bessette et sa Suite suisse. Marlène se barre :
« Les courants d'air, ici, c'est monstrueux ».
Labels: rond-point correspondance
0 Comments:
Post a Comment
<< Home