Dans l'asile de nuit

« Comme il est étrange, me suis-je dit, que je me trouve constamment dans une espèce d'enivrement joyeux, et cela sans aucune raison (...) Je suis étendue là toute seule, enroulée dans les plis sombres de la nuit, de l'ennui, de la captivité, et cependant mon coeur bat d'une incompréhensible joie intérieure, d'une joie nouvelle pour moi, comme si je marchais sur une prairie fleurie par un soleil radieux. Et je souris à la vie dans l'ombre de mon cachot, comme si je possédais un secret magique, par lequel tout ce qu'il y a de méchant et de triste se transformerait en clarté et en bonheur. Je cherche en vain une raison à une pareille joie, mais je ne trouve rien et ne peux que rester dans l'étonnement. Je crois que le secret n'est rien d'autre que la vie même. »