Amina
Je trouvais Amina extrêmement belle. Elle avait mis un collier somptueux sur sa peau foncée d’Ethiopienne. Elle est dans la famille parce qu’elle a été adoptée. Je disais ça à mes parents et je demandais alors aussi des nouvelles de son frère : « Et, Richard, il s’en sort ? » Non, il ne s’en sort pas… Je me suis mis à demander alors des nouvelles de tous ceux qui, dans la famille, « ne s’en sortent pas ». Il y en a : toujours les mêmes. Je comprenais la force de leur malédiction. En même temps, pensais-je plus tard, il y a qqch de rassurant de constater qu’on peut vivre (survivre) en étant dans le malheur jusqu’aux cheveux... Voilà, ces gens-là étaient capables de « survivre ». Comme je comprenais leur misère (pour l’avoir vécue, peut-être « toute proportion gardée », je disais), je parlais de moi, de mes difficultés, de mon désespoir ou quasi-désespoir de vivre. Je ressortais très déprimé de cette conversation, cet épanchement... C’est comme si, de quelque manière qu’on se raconte, soit la misère... soit la gloire... c’est toujours faux.
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