Saturday, October 19, 2013

« N e vous inquiétez pas, ça ne m’a pris qu’un temps infini. »


J’avais repris M.D. à la Ménagerie de Verre où je l’avais déposé parce que je l’avais rouvert et que j’y avais lu : « Nous pleurons tous les 2, nous sommes dans l’aveuglement de l’instant qui s’abîme tout à coup, l’effondrement de l’esprit. Et puis l’oubli. » Et puis, dans la rue, je m'étais dit que c’était ridicule et j'étais allé le reporter. J’habite un endroit si petit que je ne peux pas y garder les livres. Je les dépose à la Ménagerie de Verre où il y a, comme ça, une bibliothèque où l’on peut déposer des livres ou en reprendre. C’est comme ça que j’ai connu Stéphane Bouquet…

Je ne sais pas de quoi parler, on pourrait tout dire. Sur l’époque. L’époque est effrayante, mais passionnante. Et quand on dit l’époque… il s’agit de son propre rapport à l’époque, ce dont on parle. Marguerite Duras croyait en la fin du monde, mais — déjà à l’époque, je pouvais le penser — elle prédisait sans doute sa fin prochaine. (Je l’ai connue à l’extrême fin de sa vie, cette femme.)

J’ai donné un peu d’argent à May en lui expliquant la situation. Puis Laurent Chétouane est arrivé avec ce garçon que je devais reconnaître parce que je lui avais dit à Berlin : « Tu es trop porno ». Mais je ne m’en souvenais pas. Alors je lui ai redit : « Tu es trop porno ». Puisque ça amusait Laurent. Et le garçon allemand m’a dit : « C’est exactement ce que tu m’avais dit à Berlin, tu n’es pas très créatif ! » Mais Laurent est venu à mon secours (bien sûr, puisque nous étions de mèche) : « Ah, c’est l’amour, ça, c’est la répétition… » C’est vrai, il y avait cette phrase de Marguerite Duras : « La mémoire infernale de l’amour le plus sublime en passe nécessairement par le refrain, la rengaine ». Laurent et son assistant n’aimait pas Noé Soulier avant et après (que faisaient-ils là ?) Avant, Laurent m’expliquait pourquoi il n’aimait pas Noé Soulier, puis devant ma résistance : « On en reparle après ». Après, il n’en a pas dit un mot. Que dire ? Il n’avait pas aimé et, moi, beaucoup. De toute façon, c’est classique, quand je vois un truc avec lui, Laurent n’aime rien. J’ai l’habitude. Eh bien, moi, je ne cède pas. Ce n’est pas parce que je porte aux nues le travail de Laurent que je ne peux plus aimer personne. Ce n’est pas mon genre. Moi, j’aime tout le monde. Ça, c’est mon genre. Surtout Noé !

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