Un jour peut-être vous vous échapperez...
Ils sont sept.
Sept à s’être échappés.
Ce n’est pas facile de s’échapper,
ce n’est pas donné à tout le monde.
Celui-ci par exemple s’est échappé
d’un péplum, bientôt il dansera une merveilleuse
danse de garçon. Avec, montant jusqu’en haut des cuisses, des grands bas
gris qui magnifient.
Celle-ci, elle s’est échappée
d’un film d’Antonioni en 1967, Blow Up, sans doute, ou bien Zabriskie Point,
alors elle fume, elle danse toute seule.
Et celui-là, il s’est échappé
à tout jamais d’un pays pour rejoindre la conscience universelle, pas
facile d’échapper à un pays, à une terre, à son propre corps, à ses rêves.
Combien ont échappé à leurs
rêves parmi vous ?
Elle, ça se voit tout de
suite, elle s’est échappée d’une pub des années 80, genre « Demain, j’enlève
le haut »... Comment peut-on être aussi sublime dans un océan de mauvais goût
? Venez voir...
Et lui qui ne semble être
capable d’éprouver la salle qu’à travers le longement des murs, la texture des
murs, les mains comme celles d’un lézard, à l’affût d’une fissure ou d’un autre
mur...
Et puis ces deux-là, échappés
d’un opéra c’est sûr, habillés comme des pingouins, et qui chantent divinement,
ils chanteront pour toujours c’est sûr, parce que « bons qu’à ça », comme disait Samuel...
Ah ! et puis il y a des
enfants qui jouent sur le plateau. Let the children play / Take a long holyday / (...)
Et puis encore le plus beau
solo de lumière qui puisse s’imaginer.
Et celui-là qui court
partout en cachant son sexe.
Tous comme des monades,
astres perdus dans la nuit constellée.
In girum imus nocte... Ils tournent, tournent, et sont consumés par le Feu...
Et encore plein de choses,
la plupart indicibles...
Un jour peut-être vous vous
échapperez.
D’une prison, d’une
contrainte, d’une angoisse, d’un couple, d’une habitude, du réel.
Ce jour-là, vous vous
retrouverez dans un spectacle d’Yves-Noël Genod.
C’est tout le mal que je
vous souhaite.
Gaspard Delanoë
Amélie Blaustein Niddam
Le festival Les Inaccoutumés
de La Ménagerie de Verre s'est ouvert ce soir avec un Yves-Noël Genod plus
performatif que jamais
AJOUT AU PROJET, LE
ROMANTISME NOIR D’YVES-NOËL GENOD OUVRE LE FESTIVAL LES INACCOUTUMÉS
En septembre, Yves-Noël Genod
présentait aux Bouffes du Nord les prémices d’un spectacle, 1er avril qui sera créé à la date éponyme dans ce même théâtre.
Et voila qu’il y a peu, il reçoit une proposition indécente : remplacer au pied
levé Jérôme Bel pour faire l’ouverture de l’exigeant festival Les Inaccoutumés
à la Ménagerie de Verre. « Ainsi, on ne refuse rien à Marie-Thérèse Allier… »
dit Genod.
Sous les paillettes très
seventies d’Yves-Noël Genod se cache un sombre héros romantique. Le poème
d’ouverture n’est ni de de Nerval, ni de de Musset mais tiré des Fleurs du
Mal de Baudelaire.
Si le poème s’appelle Causerie,
les dialogues seront quasiment absents du spectacle qui ne sera fait que
d’apparitions au cœur d’un plateau pensé comme un cimetière dont les tombes
sont une trentaine de projecteurs alignés comme le sont les croix dans les
sépultures anonymes.
Ce tombeau au sens littéraire
du terme prend l’allure d’un cauchemar à l’esthétique chic.
Un duo de chanteurs lyriques,
tout de glamour vêtus, une héroïne longue comme Twiggy ou un danseur tout en
cambrures élégantes voient devant eux surgir des faits irréels. Des enfants qui
jouent à la réalité, un bébé d’à peine un an jouant avec sa maman, seins nus,
vêtue d’un collant et d’un manteau de fourrure.
Le ballet, puisque le mot
semble juste, est appuyé par le talent monstre de Philippe Gladieux aux
lumières. Il les manipule comme des pantins, offrant une vague ondulatoire
entêtante.
Comme dans — oui (— je
peux / — oui), Genod ose la
disparition, cultivant les noirs théâtraux et, en climax, un sombre jeu
d’éclairages devenus les seuls acteurs. Comme à son habitude et pour s’inspirer
d’un titre de l’un de ses précédents spectacles, le beau surgit par
accident. Par une alternance de
ruptures et de jaillissements, on s’enfonce dans un spectacle qui n’a, on le
sent, d’autre fin que la disparition. Mais Yves-Noël aime les fins heureuses,
et les saluts, assez pour nous empêcher de sombrer.
Amélie Blaustein Niddam
Voilà c'est fait, Yves-Noël
Genod a transformé le romantisme noir en art contemporain (Ajout au projet / Ménagerie de verre )
Oui !!! un ajout à son projet
1er avril, très différent. Article
dans 2 secondes !
Pascale
Fautrier
Spectacle
d'Yves-Noël Genod à la Ménagerie de Verre, 20h30 mardi, mercredi, jeudi.
Réservation 01 43 38 33 44. Un couple chante en duo du Pergolèse. Un homme, une
femme, causerie : « Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose, Mais
la tristesse monte en moi comme la mer ». Accord, désaccord, tempo des
souffles, des corps ? Ca chante, ça déchante, ça soliloque, ballet, variations
légères et maladresses tendres sur le thème rimbaldien « La musique
savante manque à notre désir ». Courez respirer la beauté qui sauve. « Avec
tes yeux de feu et tes cheveux de braise, calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes » (je cite de tête : merci à toi, Yves-Noël Genod, de dire si
bien un des seuls poèmes que j'ai jamais réussi à apprendre par cœur).
Démarrage ce soir à la
Ménagerie de Verre de l’iconoclaste et incontournable festival Les Inaccoutumés
(du 12 novembre au 7 décembre), avec Un petit peu de Zelda (Ajout au projet 1er avril) d’Yves-Noël Genod, dont
on a vu une générale hier soir. Un conseil, allez-y sans attendre la critique
qui va suivre au plus vite sur le site des « Inrocks », ça se joue du
12 au 14 novembre seulement.
Marion Corrales
Merci pour ce moment très
spécial hier soir. Peux-tu me redire le titre du premier poème de Baudelaire
que tu as lu ? Ta voix lancinante et fragile était heart breaking.
Le corps immense et la voix
chaude de ton Américaine, la scène des chanteurs cassant l’élitisme primaire en
tapant dans les mains, le danseur ne quittant jamais la scène, la présence
magique des enfants d’Elodie ont inspiré et stimulé mon imagination pour
longtemps.
L’éclairage était une
trouvaille étonnante et poétique.
Merci pour ton travail et
bonne semaine de présentation !
La VIP dont je te parlais
avant le spectacle, c’était l’artiste Xavier Veilhan.
Je t’embrasse,
Le paon
Anne Béatrice Klauck
Baudelaire disait aussi :
« L'art pur, c'est créer une magie suggestive »,
2 heures plus tard, je m'y
baigne encore, suspendue & engloutie à la fois,
douce & en paix.
Quel beau casting !
ovations & fleurs à toute la tribu !
Merci,
merci infiniment !
Labels: correspondance zelda
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