Thursday, January 23, 2014

L e Théâtre, un Temple


Ce que j’essaie de donner, ce sont des leçons de liberté — et ce n’est pas original, tous les artistes le tentent. On vit la Société du Spectacle, comme nous savons, une société où l’expérience est spectacularisée« Dans la Société du Spectacle, nous avons dissout l’expérience que nous pouvions faire du monde. » Les représentations d’Avignon ont été — pour moi et pour les spectateurs, il y a 4 ans et l’été dernier —, de très belles expériences de liberté folle et de respect et de vacance. Comme je payais tout : aucun intermédiaires, on m’a foutu la paix, rapport direct (et léger) artistes-spectateurs, théâtre degré 0 (c'est-à-dire : tout entier). Avec Stéphane, nous savions que la transposition du privé au subventionné présentait un risque. Car on entre dans la complication, la démocratie, tout le monde a son mot à dire, etc. Donc le théâtre Garonne, pour moi prestigieux, avec qui je suis fier de collaborer, et Tous Mécènes une association dont je vois bien l’intérêt qu’elle peut avoir pour vous (celle d’un groupement de spectateurs). Je pense qu’un théâtre doit être un temple pour protéger la vie des artistes — la vie intérieure —, ainsi que celle du public. Les grands artistes proposent toujours une expérience de cœur ; moi, peut-être parce que je ne me considère pas comme un grand artiste, j’ai besoin d’en construire l’environnement : « On n’est pas duchesse à 100 m de son carrosse », comme dit le poète Wallace Stevens. Peu importe ce qu’il y a dedans (l’intériorité), c’est le lieu qui compte, la forme (qui contient). Un espace matriciel légèrement hors de la société, dans le monde (« intime », quoi) ; « Soient donc ces portraits : » — continue Wallace Stevens — « Un vestibule sombre, / Un lit à baldaquin… / Ce ne sont là que des exemples. » Je disais à Didier que je rechignais à présenter ces solos d’Avignon dans le subventionné parce que je ne m’y sentais pas « protégé », « Quand je fais des mises en scène, moi, je protège les acteurs, là, je suis seul. » Bon. Gilles Deleuze reprend qqpart un slogan de mai 68 : « Cesser de faire le gendarme et pour soi et pour les autres ». Ces travaux d’Avignon ont été des tentatives de donner le goût de ça. Je suis sûr que nous nous comprenons. Pour les 3 représentations qui restent, on refera une fois chez la très agréable Geneviève Bouyssou De Laparre, puisqu’elle le veut bien et que son lieu, comme un décor, convient très bien — et il faut trouver au moins un autre lieu exceptionnel. A très bientôt,


Yves-Noël

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