« Il n’y a rien de plus
parfumé, de plus pétillant, de plus enivrant que l’infini des possibles. »
(Søren Kierkegaard.)
Les Bouffes, c’est la
création d’une mémoire, d’une trace possible. « Chacun pour soi, pas de théâtre
possible », dit un proverbe sicilien. C’est très modeste, ce que nous
allons faire aux Bouffes, modeste et grandiose. C’est cette phrase :
« A nouveau, je me sens faire partie d’un tout... » qu’il est possible
de « vivre » aux Bouffes du Nord, théâtre contenant plutôt que contenu (car Peter Brook l’a évidé de son art extrême). La spiritualité, c’est
ça : c’est la possibilité de recueillement, ce n’est pas marchand, c’est à
part, c’est à peine « organisé », c’est juste un espace, un espace vide
de résonance tel que l’a défini Peter Brook, maître ès surnaturelles natures... Théâtre : l’endroit d’où l’on regarde. Avec Benoît Pelé (au son) et Philippe Gladieux (à la
lumière), nous imaginons cette grotte déjà peinte, cette grotte de Lascaux. Il
n’y a pas besoin d’acteurs : un son et lumière. Les présences sont là. Il
n’y a pas besoin de remplir, de recouvrir : nous devrions baigner, nous, de
nos présences, dans ce théâtre-grotte. Oui, quelques marionnettes, peut-être,
Dieu et ses saints… l’homme de la rue de ce quartier qui l’entoure, l’homme
moderne de tous les pays de ce quartier de La Chapelle et de la Gare du Nord...
« Combat contre
l’image », dit le scénographe
« Contre-image »,
dit le peintre
Tout est la vie comme un
vieillard
« Je pense qu’il n’y a
rien qui nous soutient dans la vie. Dans la création non plus. Mais je crois
que l’on peut bâtir sur ce vide. »
On peut voir mes pièces comme
un seul grand ensemble, un polyptique
(« dans un monde
sur-saturé de représentations »)
Faire du théâtre comme un exorcisme
(se désenvoûter des images) et, comme dit encore le peintre, je reprends ses
mots, pour être « en accord avec le monde ».
« Il n’est de peinture
que de présence réelle. »
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