Sunday, March 02, 2014

« D essine encore et encore sur le canevas de la paix éternelle »


Bon, après l’Underground Café, je suis allé voir Madama Butterfly. Comme disaient les agents de la sécurité : « C’est quoi qui se donne ce soir ? — Qqch comme « Buterfli ». » Là, j’intervenais : « Butterfly — Voilà ! c’est ça : Butterfly. » Je suis comme ça, moi. Car le mauvais son, le caca, le pourri n’est pas seulement ce que je veux me mettre dans l’oreille (pour préparer les Bouffes, je veux dire). J’étais au dernier rang, contre le mur. Je ne voyais rien, des figurines comme des fourmis. Je ne lisais pas les surtitres : ça, une aubaine, je déteste les surtitres (ou les sous-titres au cinéma), c’est nul. Mais qu’est-ce que j’entendais bien ! C’est dingue, cette acoustique ! Même, parfois, je trouvais que c’était trop fort, qu’ils gueulaient trop. J’étais au dernier rang ! Très, très, très beau ! Je sais qu’il y a un système de sonorisation, de soutien très bien fait à l’Opéra Bastille car on ne s’en aperçoit pas, alors je ne saurais dire s’ils l’utilisaient (ou pas). Peut-être, quand c’était trop fort, je pouvais avoir l’impression. Mais pas sûr. La mise en scène était parfaite car très dépouillée : zen. Et, l’histoire, je ne la comprenais pas, mais quand je l’ai lue sur Wikipédia, à l’entracte, je l’ai reconnue — et j’ai été presque déçu d’en savoir qqch pour la deuxième partie : c’est tellement mieux, la musique seule, on comprend tout, on n’est pas con ! Y a une chose sur le prix des places, je voudrais suggérer. Ça ne reflète pas du tout la société. La place du dernier rang — comme j’ai pas réussi à trouver une place à 15 € (il faut venir très en avance), je l’ai achetée à un couple qui la revendait : 35 €. Hors la place la plus chère n’est qu’à 180 €. C’est rien du tout, pour les riches, 180 €. C’est que le prix d’un éternuement, d’un clignement de paupière ; ça devrait être bien plus cher ! En 1900, la différence des revenus allait de 1 à 30 (ce qui était déjà énorme), maintenant, la différence va de 1 à 300. Pourquoi, alors, ne pas réajuster le prix des places à l’opéra ? Des places à 10 € et des places à 3 000. Ou des places à 1 € et des places à 300. Ce serait logique. Ça reflèterait la réalité. Eh bien, non. Et il y a une explication à cela.  Ils ne veulent pas la montrer, la réalité, il faut la cacher. Ils ont peur de la révolte (du nombre). Il faut faire croire que tout le monde est « ensemble », en France, vous savez : « Liberté, Egalité, Fraternité » — ou en Amérique (vous savez, le mythe américain) — ou partout. Le monde ne se révolte que peu. Car il est « ensemble » (la religion) et que cette fiction est aussi peut-être une réalité. Mais comme il est grand, l’écart de cette réalité ! Voilà à quoi je laissais aller mon esprit, la tête contre la pierre en écoutant religieusement Madama Butterfly. Et puis, soudain, je déchiffrais un surtitre : « …vers le firmament, vers la mer ». Parfait ! (je peux me rendormir). C’est bon signe, me disais-je. Et puis, plus tard, je croyais lire aussi : « avoir un coquelicot… » Oui, Les Rouges, le livre de Pascale Fautrier, on en revient toujours là : Que faire de cette guerre des classes que les riches gagnent ?

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