A lléluia, il y a du vent !
Je rencontrais May revenant
des courses (mon activité principale depuis 6 mois : me nourrir, rapporter
de l’endroit où on les trouve bons, des tonnes de légumes et de fruits que
j’ingurgite lentement) : il avait toujours le vêtement de roi que je lui avais
trouvé au costumier du théâtre des Amandiers de Nanterre et qu’il devait donner
à son père couturier parce qu’il était déchiré : Dieu soit loué ! j’avais peur
qu’il le perde (j’avais laissé une importante caution) et il ne l’avait pas perdu, mais, étrangement, il l’avait toujours à la main comme lorsque je l'avais quitté la veille. Il me racontait qu’après avoir quitté Dominique, la blonde (avec laquelle, déjà, il formait un couple de fiction), il
avait rencontré une fille à Stalingrad (exactement où je le croisais) et qu’il
avait passé la nuit avec elle à l’hôtel. Il avait l’air content. Très
bien ! Je déposais les courses et je rejoignais Isabelle Luccioni de
passage à Paris. Elle aussi allait mieux, me disait-elle, la journée de la veille avait été la
pire de la semaine (avec le lundi, je trouve aussi) et elle avait voulu partir. Moi, si je n’avais pas, pour une fois, un peu de travail à Paris, je n'y serais pas resté non plus… La soirée de la veille, je l'avais passée avec quelques amis en face de l’église Saint-Médard et ç’avait été comme
une soirée de fin du monde, délicieuse, que nous faisions durer dans l’espoir
de retarder la disparition. Vraiment, c’était palpable. C’était comme ça que je
voyais les choses. C’était l’anniversaire d’une petite appelée Lou née en 2000
et son père lui faisait goûter un incroyable vin (un romanée-conti) acheté l’année
de sa naissance. Plus tard, pour ne pas faire de jalouse, un autre bouteille avait été ouverte, achetée l’année de la naissance de la cadette, appelée Cléo, en 2004. Il y avait aussi un
autre enfant irrésistible, un certain Ulysse, de 14 ans aussi et d’une drôlerie
invraisemblable. Impossible de savoir ce que ce gosse allait devenir, vraiment je me le demandais, mais je m'étais dit que s’il
ne faisait pas de théâtre, ce serait très exactement une grande perte du côté de la
joie et du partage. Il racontait que leur prof de dessin, une femme, leur avait dit qu’elle
avait fait un dvd, un dvd qui s’intitulait : Et le lendemain, il y avait l’art.
« Et c’est sur quoi, Madame ? — Prenez vos carnets ! »
Elle n’avait pas dit sur quoi était ce dvd dont elle leur parlait ; ils
étaient restés simplement avec ce titre énigmatique : Et le lendemain, il y
avait l’art.
Labels: paris
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