Tuesday, April 08, 2014

Chers amis, 

Demain, samedi 5, il faut qu'on se parle et que je puisse vous donner des notes précises, souvent que j'ai depuis plusieurs jours, mais que je n'ai jamais l'espace de placer. Il faut de la concentration, ne serait-ce que 3/4 d'heure pour les entendre. Y a-t-il une alliance possible entre la lucidité et la joie ?, c'est le thème de ce spectacle, et particulièrement pour cette scène plus fragile que les autres et qui donc peut paraître plus faible. Cette scène pour laquelle il faut être à la fois lucide (ne pas se voiler la face) et joyeux (dans la plénitude). J'essayerai d'appeler les gens un par un (ceux qui ont des notes) dans la journée, mais, le soir, il faut vraiment — et à défaut de pouvoir répéter — qu'on se consigne. Ce serait dommage de laisser une brèche pour la critique. Je suis orgueilleux : j'ai voulu qu'il y ait une scène de groupe bien que je la sache impossible. Mais, voilà, la solution est dite dans le texte que je raconte, il faut laisser les choses dans leur impossible — « pas d'arrangement avec l'impossible », dit Cioran — et faire face à cet état des choses : y a-t-il une alliance possible entre la lucidité et la joie ? (« Le gai désespoir », disait Duras.)
La difficulté, c'est de ne pas faire de raccord, évidemment. Sans doute mardi faudra-t-il en faire si on ne trouve pas de solution « théorique » applicable demain...
De manière générale, il faut jouer beaucoup plus l'aristocratie, les fantômes de l'aristocratie, l'Italie, le passé toujours plus fabuleux, les personnages bourrés de fric (c'est-à-dire : exactement le contraire de ce que vous êtes). L'argent, la folie de l'argent, les héritiers, les gens qui ne font rien et qui, ne faisant rien, voient leur fortune se démultiplier. Et puis la mort, Visconti, et puis une extrême concentration d'être à la fois vivants et morts, comme dans La Chevauchée sur le lac de Constance, comme dans Le Temps et la Chambre, comme dans un spectacle du théâtre du Radeau, Choral, par ex, comme dans Dostoïevski par ex. Je vais dormir et la nuit me portera conseil (j'en suis sûr). Je trouverai des choses pour vous aider (à briller comme des fantômes phosphorescents de chair et de sang que vous êtes). Mais je ne peux pas tout. Aide-toi, le ciel t'aidera. Aime ton prochain comme toi-même, c'est-à-dire comme toi-même tu dois t'aimer. Vous pouvez vous amuser à jouer dans cette scène. Quand vous le faites, c'est beau. Il y faut de la détente. Et plus vous jouerez bien, plus vous disparaîtrez. Un comédien (tout le monde le dit), aime sans doute plus disparaître (derrière le rôle) qu'apparaître. C'est plutôt pour disparaître qu'on joue. Vos rôles, vos fantômes ne sont pas loin, ils sont là. Aimez-les. Servez-les. Avec confiance.
Ah, encore une chose : il y a quelques Français dans cette scène (Louis, par ex, clairement français), mais ce n'est pas la majorité, c'est jet set, c'est cosmopolite, c'est italien...
Venez à 18h30, ce groupe, pour qu'on se parle de 18h45 à 19h30. Ça vaut le coup. Il s'agit de votre splendeur.
Encore une fois, j'aurai sans doute une idée dans la nuit...
Bises, love,

YN

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