Sunday, April 06, 2014

L eur voix, leur odeur, leur beauté


Bruno Perramant
1er Avril
Je l'ai vu à gauche, je l'ai vu à droite, je l'ai vu au centre, je l'ai vu d'en haut, je l'ai vu en bas, j'ai souscrit à ton désir de démocratie en somme.
J'ai vu mon oncle apparaître sous les traits de ton père, père-amant, en maître des anges rebelles.
Il a épuisé en lui tous les poisons pour n'en garder que les quintessences.
C'est-à-dire les antidotes. Plus de mots.
J'ai vu mes tableaux devenir vivants, et c'est pour l'être secret qui les a initiés, par la grâce du père, le plus bel hommage que je pouvais espérer.
J'ai vu un spectacle qui a fondu dans mes rêves, dépouillé, enrichi de peintures nouvelles.
J'ai vu un spectacle dont les dimensions ont outrepassé le vaisseau sublime des Bouffes du Nord.
J'ai vu la philosophie en acte.
J'ai vu des femmes, j'ai vu des hommes. 
J'ai vu leur voix, leur odeur, leur beauté qui sont la mesure du temps.
J'ai vu des milliards de soleils et je me suis lavé.
Merci,

Bruno


(Ce que fait mon père dans le spectacle 1er avril est tiré de tableaux de la dernière expo de Bruno Perramant, peintre sublime, intitulée : Le Maître des anges rebelles)

A moi d’être sans mots devant les tiens ! Merci d’avoir pris la peine de me les écrire… Touché de t’avoir touché ! Tant ! A bientôt,
YNG



Jean-Luc Baillet
Cher Yves-Noël,

Je suis passé voir votre travail (le mot est laborieux, disons votre œuvre) aux Bouffes vendredi soir : très beau moment, ailleurs, différent, étrange et parfois envoûtant, j'ai beaucoup aimé...
Vous étiez venu visiter le Carreau du Temple sur les conseils du plus bel acrobate du monde, sans conteste : Lucien (dit Lulu pour moi !)
Faites-moi signe sur avril et fixons une nouvelle visite pour converser...
Bien à vous
Jean-Luc

Merci !
Très, très volontiers pour se voir ! Quand vous voulez, donc, à partir du 14...
Mais, ce que nous faisons là, comment pourrions-nous le faire au Carreau du Temple ? (Silence, noir total, recueillement...) 
Il faudrait trouver une astuce...
Yves-Noël



Jocelyn Cottencin
Cher Yvesno
J'aurais bien aimé t'embrasser hier, mais tu ne ressortais pas des Bouffes du Nord
Arrivé d'Amsterdam pour voir ce 1er Avril et repartant tôt
j'ai repris le chemin trop rapidement.
Dire que c'était magnifique c'est fade et sans relief. Cela a d'abord commencé par le placement à côté de la sublime Dominique Uber. C'était évidemment déjà s'immiscer dans ces histoires que tu fais apparaître. Les gens continuent de rentrer dans ce lieu et à s'installer. Petit moment de flottement — des amis de Dominique Uber la saluent puis se reprennent en pensant qu'elle est déjà dans la pièce. Que, pour elle, cela a déjà commencé. Une phrase à la volée « Non ce n'est pas grave, nous pouvons nous dire bonjour. Alors, vous venez voir le même spectacle que moi ». Une classe infinie. 
Yveno, à peine rentré dans ce théâtre, que déjà j'avais l'impression que ce qui allait avoir lieu serait unique. Être spectateur de tes projets, c'est cette sensation de voir qqch d'unique et éphémère comme je te l'écrivais smsement hier. C'est être dans une position de témoin d'un moment que l'on est sûr qu'il ne peut se reproduire. Une masse en suspension comme ces brouillards que tu affectionnes et qui envahissent la scène comme autant de sculptures mouvantes, qui finissent par disparaître nous laissant démuni.
C'est un théâtre d'ombres et de fantômes incarnés. Fragile et puissant, dramatique et grotesque, généreux et intime, exubérant et minimal. Le plus incroyable, pour moi, est que ton travail prend au corps. Je veux dire que toute tentative de décortiquer ce qui est engagé comme on peut le faire habituellement est vaine — détailler la relation aux mouvements, la mise en scène, le jeu d'acteur, etc., tout cela est inutile. J'ai eu des frissons, j'ai ri, j'ai souri, j'ai eu envie de pleurer. Même quand je me dis Ah, là, il exagère, c'est peut-être trop. C'est ce trop qui crée courant et contre-courant. Ce flux vital. Chaque apparition est aussitôt intégrée à l'univers qui apparaît et disparaît dans un même mouvement. J'ai aimé la femme camping, le joueur italien de football américain, le contreténor mi moine mi guerrier, le trompettiste, la danseuse, le jeune homme, la mariée mise à nue, le maître des anges rebelles, les anges et tous ces spectres de chair et d'os.
Il y a peu d'œuvres qui te donnent l'impression qu'elles te changent, comme une rencontre qui modifiera le cours des choses.
Je repars avec cette sensation, comme tu dirais en citant Cioran déraisonnant.
Je t'embrasse,
Jocelyn

Oh, Jocelyn, merci infiniment de cette déclaration ! Surtout d’avoir pris le temps de la faire. Ça me touche et me contractualise à ton égard : j’espère qu’on fera de grandes choses ensemble (et des petites aussi, d’ailleurs…) Très touché de ta réception,
YNG



Caroline Marcilhac
Cher Yves-Noël,
J’ai vu avec grand bonheur 1er Avril, et écouté ce soir l’émission de Joëlle Gayot. Que dire ? La grâce fragile de ton spectacle s’accommode mal des mots, comme si s’approcher du sens m’éloignait de ce moment magique. Un peu comme s’approcher d’une fleur, une pivoine ou un coquelicot, et par mon souffle même en tarir la beauté (et pire encore si on les cueille). Je reste donc à distance, en retenant mon souffle.
Et te remercie
Caroline

Tes mots sont pourtant adorables et me vont droit au cœur, chère Caroline ! En ce sens, ils font leur chemin. Merci d'avoir pris la peine de me les souffler... J'espère que nous ferons nous aussi une grande chose dans ta salle en coupole, 
Yves-No



José Luis Castrillo

j'ai de plus en plus la conviction que l'impact de ce 1er Avril aura sa véritable influence dans plusieurs jours / semaines / mois... Il s'agit d'une sorte de trou noir où tout ce qui me touche semble s'être engouffré... Surtout des images dont je n'ai pas encore idée... Se la littérature, des photos, des sons, de la peinture, du cinéma, de la musique que j'aime se sont enfouis dans les replis d'un infini sensoriel... La mémoire reviendra un jour avec un violence intime... Une sorte d'orgasme différé... C'est évidemment l'opposé du travail d'Angelica Lidell et le rejoint inévitablement... Yves-Noël est beau, son travail est beau, son temps est beau... le plus difficile est de se laisser aller... un bonheur qui se gagne petit à petit... on n'est pas loin d'un bouddhisme sans dogme... Yves-Noël Genod, je t'aime... :-)

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