Lumière et brume du 14 juillet
Je suis dans un château.
Mathilde m'appelle pour me
dire qu'une équipe de France 3 veut filmer le spectacle. Le spectacle est dans
le noir. On parle de ça. Puis on ne parle plus de ça. Je raccroche le
téléphone. Par la croisée (2 mots démodés, « raccrocher » le téléphone et la «
croisée »), au travers de la moustiquaire, on entend une fanfare. On est
perché, la musique vient du dessous, du village. C'est le 14 juillet. La
musique est vaste, tzigane. La chambre bleue est pastel dans la lumière de
12h52 (heure d'été). Tout le château probablement est « contaminé »
par la musique de fête, même la chambre de saint François, la plus isolée,
monacale, ouverte seulement sur la plus petite cour, la plus intérieure, ou
bien la chambre où Jean-Luc Godard est venu un jour aimer Anne Wiazemsky (elle
le raconte dans son livre)... Maintenant, la musique s'est tue et c'est l'âne
qui braie — et quelques voix dans le vaste univers — et la faim... Et le luxe.
L’été, les vacances. Le paradis intégral. Avec tout. Tout de la vie. Et, hier,
j'ai mangé pour la première fois depuis un an un repas de gluten et de lactose
avec en plus de la tomate : j'ai mangé ce qu'avait fait Jean-René, bienheureux du
poison volontairement partagé, à minuit, dans la grande cuisine qui résonnait, oui, « comme » dans un château. Et
Jean-René et Stéphane et Sylvie m’ont fait des remarques pertinentes sur le
spectacle. Enfin ! On me couvre d’éloges, toujours, du coup je joue très
mal, très facile. Je vais enfin pouvoir fréquenter l’humilité et « approfondir /
Le secret douloureux », me mettre au travail et regarder la mort en face
(pas en fuite) avec mépris et fascination. La route pour fuir Avignon ! La
voiture de location rutilante et tout ouverte. J'avais piqué aussi une
bouteille de champagne. Nathalie m’appelle maintenant pour déjeuner. Traverser
encore les vastes couloirs, tout éclairés de la lumière d’étoiles et du monde et du voyage…
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