Saturday, December 27, 2014

A lchimie

      
Que faire un 27 décembre à Paris ? Baudelaire dans le noir au théâtre du Rond-Point... (de 21h à 23h30). Le théâtre du Rond-Point dit que c’est complet depuis des semaines, mais, hier, par exemple, il restait trois-quatre places. Au moins, il n’y a pas eu de scènes d’hystérie concernant la liste d’attente. C’était drôle, comme les ouvreurs changent tous les jours, hier, une ouvreuse, n’écoutant que son bon cœur, a commencé à offrir du champagne à la masse de gens qui viennent pour Dussollier dans Novecento (qui a plus l’air d’un spectacle de Noël que le mien). Mais à Novecento, ils sont mille ! On pouvait pas fournir… Je ne suis pas Jésus… Les gens, ça leur paraissait tout naturel, le champagne, en cette saison ; sans doute, on leur aurait donné du foie gras, ils l’auraient pris, ah ! consommation heureuse… C’était une très belle, hier, la plus belle peut-être, écoute extrêmement belle. Du coup, je découvrais le spectacle, ses richesses et je pensais avec quelque fatu-ité (mot baudelairien) : Alors, ce serait donc vrai ce qu’ils disent, ceux qui sont dithyrambiques sur ce spectacle : « Rester vivant, de Yves-Noël Genod est, de très loin, l'expérience la plus lumineuse (et ténébreuse, tout autant) qu'il m'ait été donné de vivre dans une salle de « spectacle »... » ; « Ce que j'ai pu voir de plus beau depuis très, très longtemps » ; « Super Spectacle de Yves-Noël Genod au théâtre du Rond-Point » ; « Oui, c'est infiniment beau » ; « C'est la plus belle soirée de Noël que j'aie jamais vécue ! » ; etc. (ramassé au hasard sur le livre d’or) ; ce serait donc vrai, ce serait un chef d’œuvre ! Bien sûr, ça l’est. Mais je n’ai jamais senti à ce point que c’est le public qui fait l’œuvre. Nous avons très peu d’influence sur les représentations puisque la machine nous seconde (nous n’avons peut-être que le « pouvoir de l’intention ») et — le public, l’esprit du public, l’imagination du public, la sensibilité du public, le bon vouloir du public, la tendresse du public et son humour, l’accueil du public, la vie vivante du public, enfin tout ce qui est vrai tout le temps, ici, dans le noir et presque sans moi, est surnaturellement puissant : le public reste vivant.

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