Cher Yves-Noël,
Je t'écris ces quelques
lignes avec un peu de recul sur l'expérience que tu nous a permis de vivre à la
Maison Maria Casarès en avril. Une expérience collective forte avec pleins de
belles rencontres dans un cadre bucolique poétique. Mais au-delà, une
expérience personnelle humaine et artistique intense au contact de l'excellent
pédagogue et de l'artiste exigeant et profond que tu es.
Leçon de liberté, le stage ne pouvait mieux porter son nom. L'ambition
affichée dans un tel titre était grande, mais je crois que tu y es parvenu, en
tout cas en ce qui concerne. C'est vrai que j'étais quelque peu déconcerté le
jour de mon arrivée, par ta personnalité « légèrement » décalée et
surprenante et par l'endroit de jeu recherché qui n'est pas évident à percevoir
d'emblée d'autant que ton approche et ton exigence sont rares chez les metteurs
en scène... Il y'avait quelque chose d'un peu déstabilisant, d'inconfortable
mais, au final, j'ai aimé me faire bousculer et, petit à petit, en étant
pleinement là avec les autres et pleinement moi au plateau, j'ai commencé à
ressentir ce vers quoi ou ce sur quoi on travaillait — et les premiers
troubles, gênes, moments d'inconfort ont laissé place à du plaisir, une joie
d'être et une sensation de liberté assez inattendue et inédite... Se libérer de
ses gênes, de ses parasites, de ses croyances, s'assumer pleinement, se limiter
à être pleinement soi sans autres intentions, c'est énorme, je ne pense pas
avoir atteint vraiment cet état mais j'y ai goûté par moment et je conserve
aujourd'hui l'empreinte, la trace de ces sensations sur lesquelles je pense
pouvoir continuer mon jeu, ma présence et ma confiance au plateau.
Cela n'aurait pas été
possible sans ta bienveillance et ta délicatesse que j'ai appris à découvrir
jour après jour, ton exigence tournée entièrement vers l'art, ton attention pour
chacun et ton ouverture à l'autre et ton amour des acteurs... C'est très rare
pour un metteur en scène d'offrir tant de liberté aux acteurs.
Je tenais à te remercier et
t'exprimer ma reconnaissance pour tout ça et te dire que, je ne sais pas quand
ni comment, mais je serais très heureux de poursuivre le travail avec toi...
J'espère que nous aurons prochainement l'occasion de nous revoir.
Bien à toi,
Gautier
Oh, c'est très gentil, ce
que tu me racontes, mon cher Gautier ! J'avais laissé filer ton mail et je ne
le lis qu'aujourd'hui dans une maison dans le « Lubéron » mexicain où
j'aimerais tant que tu sois avec moi... (Découpe ta silhouette et mets-là à la
place du garçon sur la photo ci-dessous que tu me renvoies, stp.) Moi aussi,
j'espère qu'on se retrouvera même si je suis encore un petit peu
« amoureux » de toi, mais ça devrait se calmer avec le temps.
Donne-moi de tes nouvelles sans faute !
Je t'embrasse, très
cher,
Labels: correspondance
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