Sunday, November 08, 2015

O livier, Dominique


J’ai laissé la nuit tomber, dans l’appartement parisien, mein kleines Zimmer, je ne suis pas allé voir Ingrid Caven. Pas encore. C’est tout à l’heure, à 21h. « Répertoire résolument moderne : sans illusion, mais sans mépris. » J’ai laissé la nuit tomber dans l’appartement occupé par le violoniste qui a fait le ménage. Il avait laissé les fenêtres grandes ouvertes, il faisait si beau aussi, et, quand je suis arrivé, les chats se sont enfuis comme des voleurs, des garnements, ils ne faisaient pourtant rien de mal, ces chats de gouttières... C’est comme un événement d’avoir fini ce spectacle. Je suis rentré avec Dominique Issermann. Olivier Steiner a écrit un très beau texte pour accompagner une photo : « Douceur du temps et d'Yves-Noël, dimanche matin à Lyon, c'est encore la fin de l'été. J'avais pas envie de parler hier, tant j'ai vu une chose fine, rare et pure. Il y avait du Port-Royal dans cette splendide actrice, une grâce et une rigueur énormes, des noirs puissants et profonds, des apparitions de lumières, des traces rémanentes... Et puis cette chose, incroyable, réussie hier soir : disparition, effacement de tous les égos. Les huit acteurs existaient chacun pleinement mais autant, comme la pluie, pas plus grave, pas moins beau. Alors, oui, la beauté est dans l'œil de celui qui regarde, oui. Mais elle est aussi sur les corps de ceux qui se permettent d'exister simplement sur un plateau, sans rien d'autre que l’« être étant » pour employer un concept pédant, l'être étant là, avec son présent et son devenir mortel. Et au milieu coule une rivière noire. Les détails font la perfection. » Dominique n’a pas parlé beaucoup du spectacle, elle me la fait remarquer dans le TGV qui nous ramenait en traversant la France comme une image. Mais Marie-Claire Mitout a dit : « On ne sait plus quoi dire… » Et Marie-Claire était sincère, comme Dominique. C’est vrai, par où commencer ? et à quoi bon ? Dominique a dit — mais si je veux relire ce qu’elle a dit, il faut que j’allume un peu de la lumière, ce que je regrette, je veux laisser la nuit, je suis aussi bien, ce soir, au Portugal avec Lætitia Dosch (elle est allé 24h à Lisbonne pour interviewer Sabine Azéma pour « Les Cahiers du cinéma »), aussi bien dans le désert avec les textes sacrés commentés par Jean-Yves Leloup où Caroline Breton m’a raconté tout à l’heure qu’elle avait rencontré Juliette Binoche (mais je n’écoutais que son récit des étoiles — les vraies). J’ai mangé trop de chocolat. D’abord dans le train avec Dominique et Anne, elles avaient acheté du chocolat délicieux chez Bernachon (un truc comme ça), cours Franklin Roosevelt (à Lyon), puis emporté par mon élan, par l’élan de l’écart, j’ai acheté chez Sol Semilla une boîte d’une espèce de Nutella bio et cru, une tuerie, je l’ai donnée à Caroline parce que j’avais déjà mal au ventre, on en picorait avec des cuillères en bois piquées chez Bob’s kitchen, au soleil en terrasse. J’irai voir Valérie Lemercier, c’est tout-à-l’heure, à 20h. Dominique a dit (j’allume à la pensée de me tenir éveillé pour Valérie Lemercier) : « On dit la « friche industrielle », toi, ton théâtre, on peut dire que c’est de la friche poétique, de la friche... tu vois ? — Absolument, chère Dominique, on peut tout dire... »

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