Monday, November 25, 2019

Salut Yvno, 
Hier j’ai pensé à toi, à nous. J’ai vu la pièce de Christoph Marthaler à la Villette. Clara m’a dit que tu l’avais vue aussi. 
Splendeur... ça m’a fait beaucoup rêvé à notre spectacle. Cette joie mélancolique un peu rétro, c’est ce dont je rêve absolument ! Peut-être que l’on pourra également travailler des airs chantés à plusieurs voix ? C’est tellement beau à chaque fois... 
Et puis ces corps un peu fatigués, presque dansés, d’où les répliques naissent et meurent presque en même temps. J’ai bien vu là comment on pourrait tisser ensemble les textes de Tchekhov — et autres —. Évidemment nous concernant c’est bien différent, parce que là, on parle d’acteurs qui arrivent à plier une salle rien qu’en déambulant sur scène avec une chaise dans les mains... ils sont tellement lestés, denses et légers en même temps. On ne pourra pas l’atteindre, c’est même pas la question. J’imagine que si ça vient, ça, c’est avec le temps ! Mais quand même ! Peut-être qu’à notre endroit on peut s’en inspirer. Cette idée de se foutre de tout, d’être délicatement irrévérencieux les uns par rapports aux autres au plateau et aussi par rapport au texte, voire même avec le public — hier beaucoup de gens partaient pendant la représentation et certains comédiens ont beaucoup composé avec, au présent et c’était vraiment finement fait, pas lourdingue, pas cabot, juste de quoi retourner la situation à leur avantage... — cette insolence dont tu nous parle beaucoup, je l’ai bien vue à l’œuvre. Après de là à y arriver, c’est une autre histoire mais enfin bon... 
Et puis, le passage du temps — qui me préoccupe tant — je l’ai bien vu, et sublimé et avec humour, ça donnerait presque envie d’y être — presque —. Et puis cette phrase de Montaigne, qu’il mettait en exergue : « Je ne peins pas l’être, je peins le passage » qui était, je crois, ce qu’on avait relevé principalement dans le travail du Radeau et là encore, le hors-champ participait beaucoup. 
Et puis c’est intelligemment et joliment irrévérencieux. 
Bref! Simplement pour partager ça avec toi, tant que les sensations de la pièce sont encore suffisamment vivaces. Un bel exemple de rêverie pour ce que l’on va/peut faire je trouve.
À très vite, 
Raphaëlle

Ah oui, on peut s’en inspirer, c’est sûr ! Oui, il y a quelque chose de mélancolique, de l’Est, qui fait russe aussi. C’est beaucoup d’attention aux costumes, beaucoup de délicatesse. Bon, le décor. C’est Anna Viebrock qui fait les décors et c’est le génie du genre. Y a pas mieux dans toute l’Europe et depuis des décennies. Marc Bodnar qui joue le type en blouse grise qui apporte et rapporte les boîtes était au Radeau quand il était tout ado et il était aussi ensuite à l’école d’Antoine Vitez (avec Arthur, etc.). Il venait du Mans en moto ! C’est là que je l’ai connu et c’est lui qui m’a amené au Radeau. J’ai quasiment pris sa place ensuite, quand il est parti, je suis arrivé. Ça fait des années qu’il travaille avec Marthaler maintenant. Ils se sont trouvés. Oui, bien sûr, le passage, les métamorphoses, l’irrévérence, tout ce que tu dis est très juste. Et ce serait génial si vous arriviez à chanter ! Au Radeau, quand j’y étais, on passait beaucoup de temps à apprendre des chants choraux, enfin, disons, ça nous occupait… 
A vite, 
Yvno

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