Tuesday, July 14, 2020

1 4 juillet


Bonjour Stéphanie, Lucille et Janice, Baptiste et Bruno, 
Comme vous le savez puisque je vous l’ai déjà dit — et immédiatement ou presque immédiatement dit pour chacun (on le sait tout de suite), Stéphanie, Lucille et Janice que j’ai eu la joie de rencontrées, Bruno et Baptiste que je connais déjà —, nous envisageons de travailler ensemble. Ce serait une grande joie ! Il y a cette épée de Damoclès de l’annulation possible qui rend les choses, en ce moment, concernant la préparation du travail, étranges et ralenties. Je vous ai parlé des représentations du samedi 30 et dimanche 31 janvier 2021, mais j’ai oublié de préciser aussi la date importante du vendredi 29 (la générale). Est-ce que c’est possible pour tout le monde ? Pour le reste des répétitions, je vous les indiquerai un peu plus tard, quand le calendrier sera bien établi, mais, comme vous le savez, elles seront éparpillées pendant tout l’automne, vous ferez ce que vous pourrez. Nous avons du mal à imaginer un planning par rapport 1) la disponibilité de la Halle 2) les amateurs (donc en week-end et en soirée) 3) moi-même… Mais je suis conscient de cet état de fait, c’est pourquoi j’ai cherché — et je cherche encore — des danseurs (ou des interprètes, au sens large) immédiatement splendides, que je n’aurai pas à « faire travailler ». Bien sûr, ce serait super que vous puissiez, vous, travailler — même un peu — avec cette foule espérée du chœur…
J’ai arrêté les auditions des solistes parce que je n’ai pas voulu finir la distribution en avance de six mois — j’espère des rencontres encore. Il y a aussi que chacun de vous amène un monde en soi, un solo riche et multiple (nombreux), infini. « Littéralement et dans tous les sens », disait Arthur Rimbaud pour expliquer ce qu’il faisait. Et il y a que je voudrais continuer dans ce sens d’amener des univers très différents, pas répétitifs, pas en doublon, qui se suffisent à eux-mêmes et qui formeraient comme un ensemble « multivers » (selon cette théorie d’astrophysique de perpétuelle création d’univers à l'image des bulles d'une flûte de champagne). Vous êtes cinq et je peux aller jusqu’à dix, mais plus on avance en nombre, plus les nouvelles personnes sont difficiles à trouver parce qu’il faut résister à ce qui a tendance à s’amalgamer, à se répéter, il faut se battre pour l’altérité, toujours...
Tenez, une citation d’une émission de radio sur Albert Camus que j’écoute à l'instant :
« Camus n’est jamais si près du monde que quand il est débarrassé de lui-même — et il a cette phrase extraordinaire, il dit : « Le désert est difficile ». « Le désert est difficile », qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que : il est difficile de trouver en soi malgré tout le vacarme dont on a été composé un silence suffisant pour se faire le réceptacle d’un monde autre, c’est-à-dire se faire le greffier de l’altérité qui nous entoure, en somme. Et ça, pour le coup, c’est un projet qu’il partage avec Proust. C’est-à-dire que ce sont des gens qui — sans sacraliser leurs sentiments, leurs sensations — ne voient aucun autre chemin que celui de la sensation pour retrouver le réel lui-même. »
Eh bien, c’est ainsi que je vous vois et que je vois aussi ceux que je cherche encore… Des «  réceptacles d’un monde autre » , des « greffiers de l’altérité qui nous entoure ». Si vous avez des idées de personnes qui pourraient rejoindre ce beau projet... c’est-à-dire je cherche encore des gens d’une certaine  puissance, capables immédiatement de remplir ces 1 800 m2 (et au-delà des murs), doués d'une technique la meilleure possible (et disparate, différente de chacune des vôtres) pour permettre cette créativité magique, constamment renouvelée dont je vous ai vu pourvu (ce  fameux phénomène de la « première fois » sur lequel repose « l'essence de la magie » — selon Franz Kafka — « qui ne crée pas, mais invoque »).
Donc si vous avez des noms de personnes très puissantes encore très différentes de vous, je suis preneur !
Passez le meilleur été qui soit !
A bientôt, 
Yves-Noël

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