C onversion
J’étais allée dans une église. Aux piliers chenus de cette église, dans les collatéraux, il y avait des anneaux scellés : c’était pour attacher les possédés et pour les tenir près des reliques (les ossements) du saint dont l’église honore la mémoire, Saint Mommolin, supposées capables de guérir les aliénés.
L’église n’ouvre que le vendredi après-midi et le dimanche matin pour parfois deux messes (l’une en polonais), faute de bénévoles. Elle est dans un état de décrépitude et de santé formidable. On y sent l’atmosphère de toujours, assez « Espagne », la misère et la splendeur. Beaucoup de tableaux sont pendus comme pour une expo dans une ruine inutilisée (comme au palais des Papes d’Avignon).
Il y a un Christ très beau, probablement espagnol, chauve (une perruque de crin et une couronne d’épine ont dû disparaître), les pieds écartés. Il a été placé sur une vilaine croix du XIXème siècle.
J’ai mis un cierge dans cette église devant la chapelle de la Vierge Marie, j’ai fait la génuflexion quand je suis passée devant le chœur, j’ai senti que tout cela était bon. J'ai senti que je n'avais plus la force du doute. L'horrible force. J’ai cru au message affiché (j’ai pleuré) : « Vous qui entrez dans cette église, sachez que le Seigneur est là, qu’Il vous attend et vous invite à passer un moment avec Lui. Parlez-Lui, Il vous écoute… Partagez-Lui vos désirs, vos peines, vos souffrances, votre vie, vos joies, vos blessures. Tout L’intéresse et Il n’a peur de rien. Laissez-Le vous aimer, Il est là pour vous ! Vous pouvez ne rien dire car Il sait tout de vous, mais Il ne peut rien sans vous, que vous offrir Son amour. Sachez seulement que Jésus est là, présent dans cette église ». C’était écrit avec des coquilles et, maintenant, de recopier (et de corriger) cette prière, bien sûr je pleure encore. Le sacré offre un frisson terrible et fabuleux : et si c’était vrai ? Ne faudrait-il pas tout abandonner, tout donner ? Je déposais mes malheurs et ma souffrance physique au pied de tous les siècles de croyance de tous les morts si nombreux, si vivants. Je priais pour que ma mère voyage dans la lumière, que je me détache d'elle comme elle devait se détacher de moi, que je ne me jette plus sous les voitures. Je comprenais pourquoi, dans le malheur, on se tourne vers Dieu.
Je comprenais que Paul Verlaine se soit converti en prison, Oscar Wilde au bagne. Le dimanche, j’arrivais trop tard pour la messe à Sainte-Croix, mais je rejoignis celle à Saint-Michel à quelques rues anciennes abandonnées de là. Là, je communiais. Je ne l’avais pas fait depuis des dizaines d’années, mais il y a un temps pour tout...
« Saint Mommolin, honoré depuis 13 siècles dans cette abbatiale, écoute la prière que je t’adresse en toute confiance. Toi qui est connu pour ton intercession efficace en faveur de ceux qui souffrent, et plus particulièrement pour la guérison des blessures intérieures et des maladies psychiques. Je te prie pour... (nommer la personne). Que la paix du Christ descende dans son cœur et que Dieu, dans Son amour, lui donne la guérison et la force pour avancer et le goût de la vie. Par ton intercession, que Dieu se manifeste à tous ceux qui n'en peuvent plus et qui sont découragés et dépressifs. Enfin, que Jésus, mon sauveur, me guide vers la vie, la vie en abondance »
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