Monday, May 12, 2025

L es Confessions d’un ami (titre)


Je m’arrête sur la pelouse pour boire de l’eau minérale. Je ne veux pas écrire, cela me détourne de la seule chose qui est importante, c’est de lire. C’est la seule chose qui nous assure que nous ne savons rien, que nous n’y comprenons « goutte », comme disait Anton Tchekhov (en tout cas, dans la traduction que j’ai lue). C’est vital car nous sommes entourés de gueulards surreprésentés dans les médias qui clament qu’ils ont tout compris, de militants, de révoltés. Paul Valéry : « Même le plus sage exécute le mouvement très humain de cogner sur ce qu’il ne comprend pas ». Et, bien sûr, nous-mêmes aussi, nous avons l’âme militante, sur un sujet ou sur un autre, une cause ou l’autre, mais nous savons que c’est l'une de nos tristes facettes. Nous ne voulons pas voler le monde à d'autres, nous ne voulons pas faire la leçon à personne car nous croyons à Dieu, ou plutôt au divin, et à son fils Jésus, celui qui disait que si l’on se prend une gifle il faut tendre l’autre joue pour en avoir encore ou, par exemple aussi, à Thérèse d’Avila : « Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas ». Une phrase que Truman Capote a mise en exergue de son livre inachevé, Prières exaucées. On vit les plus beaux jours de l’année, on est en ville, mais la beauté du vert printemps, elle est indescriptible, on fond de bonheur, on attend son heure : maintenant. On est proche de tout, du dernier insecte, de l’oiseau dont on n’a plus que l’appeau et proche du néant aussi…

 
 
« Personne ne peut se soumettre à 2 maîtres, ou alors il haïra l'un et aimera l'autre, ou à un seul il tiendra et à l'autre il ne pensera pas. »
(Evangile selon Matthieu)
 
Bobo et Legrand ont à peu près le même âge, mais l’un est prof et l’autre est étudiant. L’un est jaloux de l’autre, l’autre est indifférent. L’un a de beaux yeux bleus d’amoureux (armés pour la chasse), l’autre ne peut compter sur ses sales yeux verts de serpent. L’un laisse venir sa proie à lui, presque immobile, sans bouger (jouant cette indifférence qui me rend folle), l’autre est expansif, mobile, tourbillonnant et il énerve sa proie de mille promesses, l’entoure de mille liens. L’un est trop propre, mais l’autre est un peu négligé (paraît que « les filles aiment ») et me dégoûte parfois. Les deux me dégoûtent parfois un peu, mais, l’un, c’est physiquement et, l’autre, mentalement. L’un est trop sérieux, mais l’autre papillonne. Ce n’est que l’apparence. A la vérité, les deux sont sérieux et papillonnent. L’un est très sociable, l’autre est plus fidèle. Mais l’un est pudique, l’autre plus exhib…

Je fais la maligne, mais je dois moi aussi les dégoûter, ils aiment tellement les filles, mes désirables amis, qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir à faire d’une fastidieuse vieille trans non-binaire ? Mais, ça, du dégoût que je leur inspire, ne m’en suis-je pas déjà beaucoup expliquée ? Faire avec...
 
D'ailleurs, ils ne sont pas gentils de la même façon, si bien que souvent quand je suis avec l’un, j’oublie la gentillesse de l’autre et, qu’avec l’autre, j’oublie la gentillesse de l’un… Tous les deux sont, mais vous connaissez cette expression, des « bêtes de sexe »

J’avais dit, j’avais dit à l’autre que la décision qu’il attendait (de moi) et que j’attendais aussi (de moi) était tous les jours repoussée au lendemain (« Ça s’appelle la procrastination », j’avais même prononcé correctement le mot, comme une petite illettrée qui voulait prouver qu’elle ne l’était pas), mais qu’en même temps, je la prenais chaque matin, cette décision de me décider, à la fois chaque matin et à la fois repoussée au lendemain, de telle façon que je n’étais pas sûre d’arriver à rien tellement que le temps (le temps n’est pas coupable), tellement que le temps… que voulais-je ?

C’est-à-dire que, quand on lit un livre contemporain et que l’on reconnaît un classique, oui, c’est l’émerveillement. Un livre qui écrit vraiment, pas gentiment, mais vraiment, quoi, alors, là… Ce matin, j’avais eu un vélo, j’avais arpenté la ville de long en large (en vélo), j’étais, de la Seine, de la Seine, j’étais montée sur les collines, j’avais vu toute la ville, presque toute la ville, assez de la ville pour en avoir l’impression d’un tout. J’étais passée Bourse du commerce où j’avais eu l’intention d’entrer, mais, non, trop de queue, trop de ce troupeau de vaches auquel il aurait fallu moi aussi appartenir, passer les portiques, etc. Et puis elle avait le vélo, elle, celle que j’avais été le matin, elle avait de la batterie, reine du monde. Elle avait acheté un sandwich qu’elle avait mangé avec un ristretto et hop ! C’était impressionnant, il n’y avait presque personne en ville, est-ce que c’était trop tôt pour les touristes ? Beaucoup de chantiers. Est-ce que les autres étaient partis en RTT ? C’était le 9 mai, tous les arbres, toutes les herbes étaient verts-verts, c’était fou comme c’était vert, plus l'hiver...

J’étais parfois dans des états de résurrection, des états de croyance, je veux dire : de prière. La prière peut-être pas pour demander, je ne sais pas demander, mais pour remercier, il y avait quand même quelques détails dans la journée qui étaient comme ça. Il y avait quelques présences. Il y avait l’état même du monde qui était ouvert, vibrant, oui

De toute façon, remercier, c’est demander, c’est entendu comme ça, vous demandez : rien d'autre


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