Wednesday, February 11, 2009

C’est pas pour les cochons !

C’est pas pour les cochons !

Un conte extrasensoriel


Donc

Kataline, moi, il m’est arrivé un truc ces derniers temps, je suis obligé d’en parler, c’est que je suis tombé amoureux d’un homme, bien sûr, à notre époque de coming out (généralisé), ça n’est pas un scoop une nouvelle comme ça, mais je t’assure que pour moi ça l’est. Je ne sais pas comment vivre ça, les femmes me manquent, je voudrais tellement que tu m’aimes.
Pour moi l’homosexualité n’est pas naturelle. C’est un fait de culture, mais les femmes me manquent, je veux dire, les organes féminins me manquent terriblement…
Et pourtant je suis avec Pierre parce que je l’aime terriblement. Ah, c’est terrible… Si Pierre était une femme ou si, moi, ce serait parfait… Cet amour est parfait, je n’ai jamais aimé comme ça, sauf que Pierre est un homme, avec une bite et tout ça, quoi… comment ça s’appelle déjà ? des bijoux d’familles, vulgairement des couilles… Sans que ça serve à grand chose entre nous…



Y a de la castration qui traîne dans l’air… Il faut laisser passer un peu de temps, mais peut-être y songer… Il en rêve d’ailleurs… La castration, l’un ou l’autre… Pierre, il rêve souvent quand il s’endort au bureau… (Il est chef de section au ministère de l’Éducation.) Quand il s’endort dix minutes au bureau, Pierre rêve d’une petite bite détachée…
– Pourquoi « petite » ?
– Oh, grosse aussi bien, je n’sais pas, je veux dire qu’elle est détachée de son corps, elle est toute seule, quoi, sans corps. Et il rêve aussi, concomitamment, d’ananas. Dans le rêve, le rêve de dix minutes, au bureau ou dans le métro, assoupi, métro, boulot, dodo, il rêve qu’il suce le gland et qu’il mange des morceaux de l’ananas… C’est tout Pierre, ça…
– La nana ?
– Voilà.



Avec ce nouvel amour, j’ai honte et je me sens con. J’étais dans le train et je pensais à ce titre : « Les effacements de brutalité ». Tu vois, ma chérie, ma Kataline chérie et douce, quand je suis avec lui, je me sens plus fort et quand je ne suis pas avec lui, je me sens plus faible.

Je me demande si l’amour de Pierre n’est pas un amour de convalescence, un amour qui me fait remonter (comme dit Baudelaire) au matin de mes impressions…

Le nouveau, quel qu’il soit, l’œil fixe et extatique, visage ou paysage, lumière, dorure, couleurs, étoffes chatoyantes…

Un de mes amis (page 350/51) (muscles des bras).

La forêt latence
La forêt se range par la lumière

La solitude est creusée, imbibée, noyée d’une eau de consolation qui n’agit que quand il est là.

Voyage en grande sexualité

On vit dans un monde récompensé quand il est là. (Ceci n’est valable que pour moi parce que, lui, dirait qu’il est récompensé toujours.)

Alors Lipstick On A Pig ou L’Éternelle question du maquillage… si nous en venions à notre causerie du moment ?

La nature caca, la nature berk, crime, la nature…
Non, l’idée, l’artifice, la statue, l’idéal, l’éternité, l’art, la nature mortelle, éphémère, toujours à côté, pas satisfaisante…

Il baisait jamais Baudelaire… Il a écrit des beaux poèmes sur la baise, mais ses amis se désolaient, ils l’emmenaient aux Folies Bergères qui était le plus grand bordel d’Europe à l’époque, plus grand et plus beau que le Dépôt, si vous voulez, et il foutait rien. Pourtant y avait plein de femmes qui auraient dû lui plaire, des putes, puisqu’il aimait les putes, mais c’était jamais assez bien, le dandy les trouvait toujours trop vivantes… Ben, oui. Et c’est vrai que toutes ces filles et ces parties de jambes en l’air ont disparues et qu’il nous reste les poèmes… Les poèmes de Baudelaire se baladent partout dans le monde, dans tous les bordels, dans tous les orgasmes… (Yvonnick drague Kataline en espagnol et me drague en une autre langue et drague dans le public. Faire monter quelqu’une sur scène, une autre fille, évoquer la partouze, les Chandelles.)

Le théâtre, pour moi, c’est du remplissage, remplissage d’espaces, comme Baudelaire disait que pour lui la critique d’art, c’était du remplissage de colonnes. Moi, je remplis les salles – je remplis les espaces, les salles de théâtre – de théâtre et d’humanité.

Les trains sont des colonnes vivantes, sensuelles, qui traversent les nuages.






La lune déchirure. La lune rêver à l’infini. L’éclairage.






La neige aboiements, soleil apparaît (dans toute la sphère), tout ça en silence, le grand bon silence de l’humain, de la littérature, la neige nage, le chat dressé sur la table ne bouge pas, ne change pas de position seulement la tête, indépendante.






La voiture passe, bruit de piscine, splash, de gadoue.






Toute l’eau tout autour. La lune phénoménale. La lune de la fenêtre. Le chat regarde ce qu’il regarde, ou la mouche ou la lune. Bien sûr un roman ne raconte pas la lune…



Jean-Jacques parle du bonheur du genre humain. On le croit. Et de ces vérités… « Et de ces vérités qui tiennent au bonheur du genre humain »…

Les ténèbres de la nature… Les ténèbres de la nature… Les ténèbres de la nature…

J’ai mis mon chemin sur la route… Je suis allé jusqu’à l’embranchement des ruisseaux, jusqu’au camp de Romanichels… J’ai vu les lumières de la route se refléter dans le lac… Et Pierre, car je n’étais pas seul, Pierre était sur la question…

Jean-Jacques versus Charles. Jean-Jacques dit : « L’homme de bien est un athlète qui se plaît à combattre nu. »

« Les hommes qui forment ce troupeau qu’on appelle société. »

J’ai rêvé d’amitié et de grandes occasions, j’ai rêvé d’amitié et de paysages de grandes occasions et de grandes maisons et de grands débouchés, j’ai rêvé et c’est la lecture de Jean-Jacques qui m’y fait revenir à ce rêve de la nuit passée… Courchevelle, La Rochelle…
L’ami des grandes occasions…






Coq et lancement de coq. Et le ruisseau liquide d’or dans le paysage d’argent.

Bartabas répondait à un journaliste qui lui demandait : « Vous aimez les chevaux ? » : « Oui, à en manger ! » Maintenant dans les campagnes françaises, ils mangent de l’autruche. Moi, ça m’émeut.
– Tu sais que je lui ai serré la patte, moi, à Bartabas. J’m’étais faite toute belle… Le mec froid, mais froid.
– Ah bon, pourtant je crois qu’il aime les jolies filles… Il en a peut-être trop qui se pendent à ses basques… (Ou alors c’est une technique de drague d’abord être très froid, ça opère un tri sélectif). J’ai joué une fois une pièce de Tolstoï et à c’tt’occasion j’ai lu son journal. À un endroit, Tolstoï énumère ses trois passions : « les chiens, les chevaux, les femmes » et il précise : « dans l’ordre ». Et Dieu sait s’il aimait les femmes ! Mais, bon, il les aimaient comme du bétail, oui.
– Les écuyères de Bartabas, elles ont toutes une queue de cheval.
– Ça lui rappelle les rênes quand il monte à cru.






On va jouer à Jean-Jacques a dit.

Non on va jouer à la recette du civet. Je vais vous raconter. La recette. Vous faites revenir des oignons dans du beurre moi j’mets d’l’huile d’olive bon enfin vous pouvez mettre autre chose des p’tits lardons si vous voulez normalement et puis vous faites revenir votre beurre et vous mettez votre viande coupée en morceaux votre lapin…
– Le torse j’le coupe en trois ?
– Oh plus, plus que ça même…
– Ah plus parce que moi on m’a dit deux, mais…
– Moi je coupe plus… On découpe les épaules et puis après la cuisse vous savez le long de la colonne vertébrale… Après – vous l’faites bien revenir, bien roussir mais partout hein vous l’tournez continuellement et puis – vous ajoutez un peu de farine c’est à dire deux cuillérées à soupe ou une grosse cuillérée pointée et vous le remuez qu’on voit plus la farine vous savez quand elle est un petit peu rosie elle aussie. Heu après – heu, vous mettez d’l’eau d’vie, vous l’arrosez avec l’eau d’vie et faut faire super attention parce que vous allumez une allumettes et vous le faites flamber et vous l’tournez avec votre grande cuillère vous le tournez pour que ça arrose partout vous en mettez à peu près un quart de verre, donc après vous l’laissez un petit moment mijoter et salez, poivrez heu un bouquet garni vous savez ce que c’est ?
– Thym laurier…
– Thym laurier et persil, si y en a
– Mais pas en cette saison.
– En cette saison y en a pas. Vous pouvez rajouter quelques rondelles de carotte si vous voulez, moi j’en avais pas mis hier mais on peut en mettre. Après vous ajoutez votre vin.
– Quelle quantité ?
– Oh quelle quantité. J’en ai mis oh, pas tout a fait un litre hier pas trop oui parce que j’en avais pas mal hier ça m’en faisait pas mal hier de civet parce que j’en avais un tout petit que j’avais mis avec.
– Ça faisait un et demi.
– Non pas un et demi mais enfin ça faisait un bon lapin. Alors oui je mets donc mon vin et on peut rajouter un peu d’eau et par la suite si par exemple vous voyez quand ça cuit que l’eau diminue, enfin que le jus diminue trop vous rajoutez un peu d’eau vous rajouter pas d’vin.
– Oui, oui, sinon ça fait trop…
– Et puis le vin, ça sentirait trop le vin. Et puis c’est tout, moi, une demi-heure avant de servir j’ajoute une boîte de champignons. Hier vous l’avez fait vous en avez pas fait ? Ah bon, bon… Parce qu’il faut longtemps. Vous savez il faut bien deux heures. Et s’il est pas coupé même plus.
– Mais vous mettez la tête, Danielle ?
– Ah non moi je la mets pas. Mais enfin y en a qui la mettent, hein mais moi j’mets pas.
– Oui parce que y a des gens qui mangent les joues, les yeux…
– Oh les yeux non… Ah pas moi toujours. Les joues mais les joues y en a grand à peu près comme ça. Oui y en a qui mettent la tête mais moi non. Non, non. Y a la langue aussi…
– Moi ça m’fait peine. Avant j’disais qu’ça m’faisait peine parce j’voyais la bête… c’est comme un chat…
– Moi y a qu’le ch’val qu’j’peux pas manger. Et puis j’en ai toujours eu quand j’étais jeune j’ai toujours eu des ch’vaux on montait d’ssus y en a un p’tit qui est né à la maison j’ai passé la nuit pour le surveiller. Alors me parler pas de manger du ch’val, non. Quand on était gamins avec mon frère on passait sous l’ventre tranquille on allait pas faire le tour de la bête allez on passait d’ssous et sous l’cou, et puis on travaillait avec et puis plus vieille après. Alors moi le ch’val ça c’est sacré, ça.
– Moi non plus.`
– Moi j’en ai mangé une fois, mais… Et puis d’abord c’est pas bon en plus.
– Moi j’ai bien aimé.
– Non, non. C’est comme l’autruche ou le…Si y a une bonne sauce ça va, mais… Et l’kangourou aussi… Oui, j’vois mon traiteur il en a d’temps en temps…
– C’est les Flamands qui mangent ça…
– Ça vient d’Australie tout ça…
– Et les Suisses mangent bien les chiens.
– Les Suisses ?
– Ah oui les Suisses ils mangent beaucoup d’chiens, peut-être un peu moins maintenant, mais ils mangeaient beaucoup de chiens…
– Ça, ça fait bizarre. Parce que les Chinois oui j’savais
– Ah ouais et les Suisses aussi…
– Et là c’est Serge qui les a tués les lapins ?
– Ben c’est bien bibi. Il en a tués mais là…
– Ah mais j’croyais qu’il disait qu’c’était lui qui les avait tués.
– Il en a tués oui, il en a tué il a tués l’premier et puis alors, moi, j’étais allé lui aider. Parce qu’il l’a jamais bien vu faire, ça il le faisait pas. Alors c’était toujours moi qui l’faisais et puis ça ça m’gêne pas. Mais seulment j’ai pas les mains… avec mes rhumatismes j’trouve que je l’fais pas bien, voilà. J’trouve que j’suis pas adroite, pas…
– Et puis alors c’est bien c’que vous m’avez dit, c’était bien dix à l’heure.
– Oui.
– Mais pourquoi parce que c’était une us…
– Non, non, c’était pas une usine mais on avait des lapins du temps d’mon père mais même après on avait des lapins et on en vendait dix par semaine régulièrement chez un traiteur…
– Ah oui, et vous faisiez ça en une heure quoi ?
– Eh bien je comptais une heure, c’est à dire que attraper les lapins dans la cage les enfin les tuer et puis vous savez y avait un truc pour récupérer l’sang y avait autre chose pour les peaux les peaux on les vendait alors il fallait les faire sécher mais il fallait mettre un bâton dedans pour qu’elles restent tendues en forme de raquette c’était toujours la même qu’on mettait alors suivant la grosseur du lapin mais enfin c’était prêt c’était prêt à mettre dedans mes peaux on appelait ça « percher » « percher les peaux » c’était un nom qu’on di… j’ai toujours entendu dire comme ça mais maintenant ça s’vend plus… il fallait pas qu’elle soient percées et trouées les peaux il fallait qu’elles soient propres. Mais par contre j’ai tannée des peaux de lapins pendant la guerre et j’avais fait des comment ça s’appelle des descentes de lit alors avec des lapins noirs et blancs et j’avais bien arrangé mes couleurs j’avais des bandes de noir alors je les avais faites de façon afin que ce soit joli quoi.
– Mais comment alors quand la peau sèche sur la raquette et après la tanner, c’est quoi ?
– Ah mais non, mais là on les tannait fraîches. On les mettait dans des bains…
– Des bains pour que la peau soit souple…
– Oui et qu’elle soit tannée comme chez l’tanneur.
– C’est une couleur ?
– Ah non, non, nnon c’est du tanin
– Qui la garde souple ?
– Qui la garde souple et qu’elle ne s’abîme pas
– …Imputrescible.
– Enfin moi j’en avais tanné pas mal.
– Mais vous aviez dit l’autre fois que ça vous faisait peine maintenant de tuer les lapins..
– Oh maintenant oui parce que maintenant je me trouve pas je me trouve pas dégourdi pour l’faire. Maintenant… que je suis maladroite et puis j’les vois…
– Ça jamais été trop un plaisir
– Ah non c’est jamais plaisir, hein.
– Ç’s’rait bizarre…
– Non. Mais enfin bon, on l’faisait machinalement fallait bien faire quelque chose…
– Ah oui faut bien manger… C’est du vin rouge bien sûr qu’faut mettre…
– Ah non moi j’mets du vin blanc,
– Vin blanc ?
– Ça s’fait au rouge aussi, mais moi j’le préfère au vin blanc.






L’esclave doré, les troncs puissants
La neige attablée
À la ville perchée – avec une gare néanmoins
Comment le train fait (faisait)-il pour arriver là ?
« …retenir quand ça dérape… », dit la chanson.

– Les Pompidou ils pompaient dur. C’était la fois où on a mangé le sanglier. –

La plaine terrestre sur la planète et heureusement qu’on est mortel pour que les petites histoires s’évaporent comme ça dans l’atmosphère. Les petites histoires de la paix ou de la poisse ou de la guerre. La neige est ce feuilletage de cendre qui nous illumine l’été en hiver. On voudrait tout toucher, on voudrait tout aimer, tout caresser. Les champs sulfatés, les arbres étonnés, nos amies les bêtes. Les ruisseaux d’eau pleurent dans tous les sens, très actifs, trouvent les pentes et s’y faufilent, passent sous les autoroutes. L’arbre autour de lui dessine un rond de champignon car il a sué toutes ses gouttes.

Serge et Laurent gambadaient dans la noirceur, le vin aidant.

« L’art, c’est la décadence »… j’avais un spectacle une fois sur ce thème…

Les empires des richesses, c’est très complexe. De quoi s’agit-il donc précisément dans cette question du luxe ?
(Je porte sur moi des vêtements très chers qui sur moi font misère.)

(Mais) franchissons la distance des lieux et des temps.

L’utopie théâtrale :
Je me demande pourquoi – car il le faudrait – il faudrait que dans chaque théâtre ou au moins un théâtre sur deux – ou au moins un théâtre dans la capitale pour expérimentation – il faudrait un théâtre avec une ferme attenante.
Il faudrait pouvoir faire sur scène toutes les intempéries, lumières, tonnerres, pluies diluviennes ou simples crachins, neiges, etc.
Il faudrait que chaque théâtre surtout les plus vilains évidemment, chaque salle ait un décor fixe blanc – ou noir – ou les deux, nombre d’or, des murs des portes un plafond, très beau, pur, de manière à pouvoir tout jouer au besoin – et que cela soit beau.

Qu’est-ce qui importe le plus d’être brillant et momentané ou vertueux et durable ? C’est la question de la vertu, c’est à dire de l’essentiel, du courage si l’on veut ou au moins d’une sorte d’orientation vraie.

Ignorants nous étions mieux, dit Jean-Jacques. Jean-Jacques a dit : « Ignorants, nous serions mieux. »
– Mais ignorants nous sommes.
– Ah, certes moi, je n’avais aucune idée de comment il fallait donner le biberon…

« Peuples, sachez donc une fois que la nature a voulu vous préservez de la science, comme une mère arrache une arme dangereuse des mains de son enfant ; et que tous les secrets qu’elle vous cache sont autant de maux dont elle vous garantit, et que la peine que vous trouvez à vous instruire n’est pas le moindre de ses bienfaits. »

La Loire à Nevers

« Tout artiste veut être applaudi. Les éloges de ses contemporains sont la partie la plus précieuse de sa récompense. Que fera-t-il donc pour les obtenir, s’il a le malheur d’être né chez un peuple et dans des temps où les savants devenus à la mode ont mis une jeunesse frivole en état de donner le ton ; où les hommes ont sacrifié leur goût aux tyrans de leur liberté ; où l’un des sexes n’osant approuver que ce qui est proportionné à la pusillanimité de l’autre, on laisse tomber des chefs d’œuvres de poésie dramatique, et des prodiges d’harmonie sont rebutés ? Ce qu’il fera, messieurs ? Il rabaissera son génie au niveau de son siècle, et aimera mieux composer des ouvrages communs qu’on admire pendant sa vie que des merveilles qu’on admirerait que longtemps après sa mort. »

(Yvonnick les langues étrangères comme dans Un poisson nommé Wanda.)






Taches dans les champs comme sur la peau des vaches. Si je pense trop à la campagne et au train, je pense à Hélèna, je suis obligé de me retenir de cet amour récent.

Ciel tu peux le tutoyer. Comme Saint Augustin, l’avouer. Le ciel ton espoir, ton désespoir évaporé en fines gouttelettes d’atmosphère et de voyage et les yeux et le pull d’un enfant. Mais nous naviguons parmi les poils et en train ! mais qu’importe…

Franchissons la distance des lieux et des temps !
Éclat d’une nouvelle rivière à chaque pas
Les fatales tours bâties comme des objets et la démultiplication du monde moderne…
Les ponts, tout accroche, les camions, tout ce qui est frisottant, les bouts de piques, tout accroche la lumière du soir.
La ville est encore plus immense qu’on imaginait.
(Et plus pure – et moins salie. Je vais rencontrer l’étoile qui a les clés. Mais que n’ai-je rencontré ?)

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