Et si j’écrivais ?
Je n’écris plus. N’est-ce pas ? Tout un amour tenait à l’écriture. Est-ce que cet amour ?... se demande le lectorat… Cet amour va bien. Il se vit, qu’est-ce que vous voulez dire ? On ne peut pas décrire, c’est « indicible ». Enfin, si, on pourrait, c’est juste une question de temps. Dire et écrire, c’est pareil. Et quand c’est dit, c’est mort. C’est donc la mort du blog. On a échappé au pire. Tout à l’heure, Pierre me dit – plus tard il me dira qu’il a toujours fait plein de conneries les nuits de pleine lune – il me dit tout à l’heure, à la promenade – Seine, départ Pont Neuf (moi venant de l’Opéra par la place Vendôme, les Tuileries, les quais avec les saules blancs graffités comme des totems, puis, pour l’attendre un quart d’heure de plus, l’animalerie du quai de la Mégisserie où je décide d’acheter des poules pour Chaillot – soixante-quinze euros – et Pierre sortant de la ligne 7), rive gauche, Notre-Dame, office du soir (très bling bling) puis remontée par la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève vers Saint-Étienne-du-Mont, office beaucoup plus inspiré, prêtre à la voix très belle qui fait que le même texte qui paraissait insupportable de bêtise et de vulgarité, de manipulation fait – sans doute les mêmes mots – tirer de l’âme le sens de la vie (Pierre vous en parlerait mieux que moi*) puis redescente vers le quartier du Marais, sans entrer dans l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, pour dîner, pas aux Marronniers, mais à La Tartine, etc. – il me dit qu’il a placé son blog « en travaux », qu’il n’y écrira plus (il veut écrire un roman) et qu’on ne peut plus accéder aux arborescences, plus retrouver une note, plus s’y balader comme chez soi – après d’âpres négociations, j’obtiens qu’on puisse encore accéder aux archives – je frémis à la pensée que Pierre pourrait, d’un clic , ce soir, tout détruire comme il l’avait fait il y a deux ans, j’ai presque envie de passer la nuit à tout archiver pour sauver ce que je peux pendant qu’il en est peut-être encore temps…
Le 9 févr. 09 à 00:05, Pierre Courcelle a écrit :
Bonne nuit mon chéri,
Je me demande encore, toujours, si tout ça est bien réel, ce qui m'arrive avec toi, ce qui nous arrive. Pas vraiment de mots pour exprimer ça (chut, comme j'ai dit il y a quelque temps).
J'ai peut-être trouvé la forme qui conviendra pour mon blog : des textes plus courts quand je parle de choses intimes, que je développe à côté, et que je te donnerai à lire à l’occasion (mais sans te bombarder).
Je t’aime,
Pierre
* Le gâteau humain
Après l'opéra, nous nous promenons rive gauche. Il y a la pleine lune et des écrans plats à Notre-Dame, où platement les fidèles contemplent le garçon qui lit en toge immaculée le Livre de Job d'une voix désolée et comme pour lui même: « la vie est une corvée, un lac de souffrance, je suis envahi de cauchemars ». À Saint-Étienne-du-Mont, c'est une autre comédie, l'office n'est pas ostentatoire, on est mondain et recueilli, le prêtre chante et parle juste: « Seigneur, donne à chacun la claire vision de ce qu'il doit faire ». Comme le japonais est fermé, nous retraversons la Seine, nous nous embrassons sur le Pont Saint-Louis car un accordéoniste joue une ritournelle d'Amélie Poulain. Paul Claudel note que la façade est une exhibition, que l'église, recueillie sur son principe intérieur, profondément engagée dans le gâteau humain, ne peut faire montrance que de ses portes.
Le 9 févr. 09 à 00:05, Pierre Courcelle a écrit :
Bonne nuit mon chéri,
Je me demande encore, toujours, si tout ça est bien réel, ce qui m'arrive avec toi, ce qui nous arrive. Pas vraiment de mots pour exprimer ça (chut, comme j'ai dit il y a quelque temps).
J'ai peut-être trouvé la forme qui conviendra pour mon blog : des textes plus courts quand je parle de choses intimes, que je développe à côté, et que je te donnerai à lire à l’occasion (mais sans te bombarder).
Je t’aime,
Pierre
* Le gâteau humain
Après l'opéra, nous nous promenons rive gauche. Il y a la pleine lune et des écrans plats à Notre-Dame, où platement les fidèles contemplent le garçon qui lit en toge immaculée le Livre de Job d'une voix désolée et comme pour lui même: « la vie est une corvée, un lac de souffrance, je suis envahi de cauchemars ». À Saint-Étienne-du-Mont, c'est une autre comédie, l'office n'est pas ostentatoire, on est mondain et recueilli, le prêtre chante et parle juste: « Seigneur, donne à chacun la claire vision de ce qu'il doit faire ». Comme le japonais est fermé, nous retraversons la Seine, nous nous embrassons sur le Pont Saint-Louis car un accordéoniste joue une ritournelle d'Amélie Poulain. Paul Claudel note que la façade est une exhibition, que l'église, recueillie sur son principe intérieur, profondément engagée dans le gâteau humain, ne peut faire montrance que de ses portes.
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