Sunday, April 17, 2011

Mademoiselle Moran

Kate Moran – comment font ces filles pour être toujours plus belles, toujours plus rayonnantes ? – me parle de l’opéra qu’elle vient de jouer au Lincoln Center, uptown, à New York. Il y avait, le jour de la première (le théâtre était plein, plus de cinq mille places), il y avait Lou Reed et Laurie Anderson, Yoko Ono et son fils, Matthew Barney, Jim Jarmush… N’en jetez plus (j’en oublie). Jim Jarmush, au milieu du parterre, s’est levé en hurlant bravo à peine le rideau baissé, entraînant tout le monde autour de lui, bref, un beau succès. (Je n’ai pas retenu le nom du metteur en scène, mais vous pouvez le trouver sur la toile, il s’agissait de trois opéras en un acte de différents compositeurs, en fait). Elle me montre aussi des photos de son costume – parfait – copié sur celui d’Uma Thurman dans Pulp Fiction. Je lui dis d’envoyer les photos à Jean Biche, qu’il sera très impressionné et je regrette qu’elle ne l’ait pas volé pour venir jouer le troisième acte de 1er avril avec nous. On parle affaire, d’amour des autres, elle ne dit rien sur elle-même. (Ce n’est plus le moment.) Elle revient toujours sur cet opéra – et c’est de plus en plus impressionnant. Elle imite les compliments de Yoko Ono, de son fils, de Lou Reed, de Laurie Anderson… (J’en oublie.) Elle dit que, pour la première fois de sa vie, on lui a livré des fleurs. C’était sa mère. Quelqu’un a passé la tête et a dit : « Mademoiselle Moran, il y a des fleurs pour vous. » Mais, quand elle raconte ça, quand elle imite le garçon, elle dit pourtant d’une manière totalement inattendue – je n’ai jamais entendu personne prononcer comme ça – elle le dit à la française, « mademoiselle Moran », en prononçant « an ». Elle est repartie avec son tapis de yoga roulé sous le bras sans que j’ai osé la prendre en photo. La plus belle femme de Paris est de passage.

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