Thursday, March 22, 2012

Débarrasse-toi de l’essentiel

Notes on « Camp »



Aux Beaux-Arts, j’avais proposé sur Facebook à qui voulait de venir tenir conférence avec moi. C’est Alain Neddam et Dominique Uber qui ont répondu. Alain a fait une véritable intervention de colloque, très précise et très bien articulée – c’est toujours agréable d’entendre un autre que moi parler de ce que je fais ! Il m’a comparé à Andy Warhol ! Par exemple, pour le côté volontairement amené du côté de la superficialité (« Vraie volonté de travailler avec cette notion de superficialité, d’apparence »). « Tout ça, en vérité, est un leurre », a dit Alain Neddam. Encore une très lourde référence, ce Warhol, mais après tout… Je veux dire, on s’habitue à tout ça… – d’ailleurs, avec Warhol, c’est Régy qui a commencé, je me souviens, à la radio, chez Laurent Goumarre… Si je pouvais avoir son sens de l’argent, je pensais, je serais comblé ! Il a dit aussi que j’étais, comme lui, un « révélateur de personnalités ». Alain a parlé aussi de la pudeur et de l’impudeur, notions « déplacées ». Qu’il y avait dans mes spectacles une dimension cachée, secrète. Et puis je ne me souviens plus de tout (ça a été enregistré), mais Alain a fini avec la notion américaine de « Camp ». En lisant des citations de Susan Sontag qu’il m’a données ensuite. Par exemple, celle-ci : « Il y a de l’amour dans le goût « camp », de l’amour de la nature humaine. Il goûte, sans vouloir s’ériger en juge, les menus triomphes et les outrances abusives de la « personnalité ». » Ou encore : « Le goût « camp » est avant tout une façon de goûter, de trouver son plaisir sans s’embarrasser d’un jugement de valeur. » Ou : « le « Camp » nous propose une vision comique du monde. Une comédie ni amère ni satirique. Si la tragédie est une expérience d’engagement poussé à l’extrême, la comédie est une expérience de désengagement ou de détachement. » Ou bien : « Le « Camp », c’est une expérience du monde vu sous l’angle de l’esthétique. Il représente une victoire du « style » sur le « contenu », de l’esthétique sur la moralité, de l’ironie sur le tragique. » Et celle-ci, extraordinaire : « L’élément essentiel du « Camp », naïf ou pur, c’est le sérieux, un sérieux qui n’atteint pas son but (je souligne). Il ne suffit pas évidemment que le sérieux manque son but pour recevoir la consécration du « Camp ». Seul peut y prétendre un mélange approprié d’outrance, de passion, de fantastique et de naïveté. » Il m’a dit que c’était un ouvrage écrit dans les années soixante. D’où étaient tirées ces trois pages pleines de citations merveilleuses (que je vais garder précieusement). Avec Alain, nous nous connaissons depuis toujours. Notre théâtre, c’était le TNB, à Villeurbanne, avant même que ne vienne Claude Régy (qui allait changer notre vie). Alain, adorable, a fait allusion à cette période et à ma « métamorphose ».






« Débarasse-toi de l'essentiel », c'est une phrase que Jean-Paul Muel dit à Marlène Saldana en lui retirant sa « flûte de Pan » dans – je peux / – oui et qui me fait beaucoup rire. On l’entend dans la vidéo de César Vayssié.

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