L ettre aux garçons
Ce que
j’aimerais, c’est qu’on ne cherche pas (donc chercher avant), qu’on ait tout de
suite des choses à tourner et certainement pas des choses éthérées sur le vague
de l’existence ou je ne sais quel néant et l’œil terne… Non. Dans ce sens, il
faut me laisser dériver avec mon Fernando Pessoa, etc., ça, c’est mon job,
mais, vous, il faudrait évidemment que vous proposiez du concret. La vie est
incroyablement concrète, solide, bâtie, indécelable, indéboulonnable, à partir
de cela, de cette vérité brute des personnages de la vie réelle (tels qu’on
peut les voir), alors la métaphysique traverse (pour me faire plaisir), mais,
ça, c’est en plus, ce qu’il faut c’est que le fantomal traverse des êtres de
chair et de sang, il faut que ce soit très incarné. Donc c’est très compliqué.
C’est un gros travail de fournitures scolaires que vous avez à faire :
venir comme si vous étiez le boucher, le chirurgien, l’amant ou la colère,
venir comme si vous étiez le lion, le vieux ou la misère. En vacances on voit
tellement les gens, on voit sur la plage, on voit tout. Les gens se montrent
sans vergogne, à poil (même si la mode est revenue au maillot de bain, ça
change rien). Il faut qu’on voit ces épaisseurs et c’est très difficile. Et il
faut qu’on voit les liens entre les gens (si mystérieux) et, ça, c’est très difficile, disons même
impossible. Puisque ça l’est, autant s’y mettre (avec les raccourcis des
troubadours). Beaucoup de travail de costumes, maquillages, perruques, je crois
que ce serait bien d’arriver avec la barbe (pour avoir le choix), plusieurs possibilités
de costumes comme traversant les époques, comme si votre être traversait les
époques, les vies, les milieux (si possible). Il s’agit, ce que je dis toujours
depuis le début, que ce film, ce soit comme des publicités de vous-mêmes, qu’on
vous voit, comme on dit, sous toutes les coutures et peu importent les apparences. Mais les apparences sont tout, en même temps. Nous
serons en recherche permanente du désir et de la beauté. Préparez vos
cartouches. Pour ceux qui sont sur Paris ces jours-ci, on peut se voir.
N’hésitez pas à me renvoyer
des photos (ceux qui n’en ont donné qu’une petite ou ceux dont je n’ai pas pu
sortir les photos des pdf ou ceux qui ne sont pas sur FB où j’étudie de près)
pour que je les aie sous les yeux, avec moi et aussi les montrer à Sara. Torse
nu même, qqch de guerrier. Il faut faire une troupe. Une troupe de quoi ?
Je ne sais pas encore (Isabelle m’aidera à trouver quelle langue pourra vous
traverser en plus de toutes les vôtres). Il faudrait trouver le moyen, par-delà
vos disparités (criantes), de vous unifier sans doute aussi par la tenue, à
certains moments. Un certain lien mystérieux. Oui, il y aurait un énorme effort
d’effets de costumes et de « compositions ». On fera avec les moyens du
bord, mais, enfin, voilà, ce que je répétais aux interprètes aux Bouffes du
Nord : « L’idéal, ce serait des costumes avec personne dedans ».
J’étudie les cv. Clément est musicien. Il y en a qui chantent, qui parlent des
langues, qui montent à cheval… Les talents cachés doivent absolument être
révélés (on en a si peu). Si quelqu’un sait tirer, par exemple, etc. Si l’on
veut faire un film, il faut que chacun fasse absolument ce qu’il a envie de faire pendant
ces trois semaines de tournage (voilà comment je vois les choses) et que Sara
fasse le film qu’elle veut et que, moi, j'écrive le poème qui me chante et que,
vous, vous soyez absolument les publicités voilées de vous-mêmes, que vous
apparaissiez-disparaissiez, brillants et obscurs...
« Rien n'est plus beau qu'un
corps nu.
Le plus beau vêtement qui
puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime.
Mais pour celles qui n'ont
pas eu la chance de trouver ce bonheur je suis là ! »
Il faut que je m’occupe des
filles, maintenant !
YN
Labels: correspondance, stage
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