Friday, August 22, 2014

S tage de septembre, dramaturgie (I)


« Je continue de penser que travailler (mais à quel niveau d'explicitation ?) sur l'épique, l'épopée, la chanson de geste, c'est une bonne direction, surtout dans le cadre d'un travail en extérieur. 
J'ai donc revu mes quelques définitions et références sur la notion d'épique (en mettant Brecht de côté, mais, après tout, il se retrouvera peut-être, caché sous un buisson) et, pour résumer, il y a dans l'épique quelque chose de la dépossession puisque le chevalier, le guerrier, bref le type sur son fier destrier ne sait pas vraiment ce qu'il fait — il est (dit Hegel) traversé par l'« extériorité (Aufterlichkeit) », si tu veux : traversé par le monde extérieur (d'où la nature...)
Donc à la fois combatif mais fragile puisqu'il n'est pas le sujet de son action, qu'il est livré à la guerre des mondes, en quelque sorte...
Cela résonne avec ce que tu recherches chez l'interprète, qui n'est pas vraiment de l'interprétation mais d'abord l'individu traversé par l'extérieur (comme tes mises en scène), ton désir de le mettre sur scène, avec des armures très... perforée (la cotte de maille…)
Je pensais aussi, au sujet de la nature, à la machine décrite par Bioy Casares dans L'Invention de Morel qui est activée par les ressacs de la mer.
C'est un peu décousu (n'est-ce pas un style vestimentaire qui te sied bien ?), mais, au final, la position de conquête doublée de la dépossession, c'est une possible définition de l'épique (certes romantique).
Quels textes ?
Shakespeare reste approprié, n'a-t-il pas mis dans la bouche de personnages CONSCIENTS disant JE la violence inconsciente des héros de la chanson de geste ? Shakespeare met à la première personne les conflits de la littérature médiévale.
La Chanson de Roland, par exemple, est un très beau texte, mais il n'y a pas de discours à la première personne, ce qui rend son utilisation difficile…
...Finalement le début de la première personne, du JE, le premier à le dire dans l'histoire de l'écriture, c'est bien DIEU. On peut retrouver ce JE dans les mystères médiévaux de la passion où Dieu, le diable s'expriment.
Il y a chez Schiller (Wallenstein), chez Goethe, bien entendu, de très beaux exemples de ce « je déchiré » par l'énergie épique, une souffrance de l'épique (peut-être). Wallenstein, le général de guerre qui se refuse à agir et tergiverse... Ou bien chez Grabbe, Hannibal (mis en scène par Sobel, l'an dernier), superbe pièce où le héros qui continue à agir même s'il ne sait plus pourquoi. Il y a une très belle scène, courte, le seul monologue, où le pauvre diable parle... à son cheval...
Parler aux animaux, c'est ce que faisait Merlin, l'anti-Orphée, la figure orphique sombre, l'enchanteur, le fondateur « lyrique » d'une poésie nostalgique (un grand déçu de l'amour) et « épique » (le fondateur de la Table ronde aussi). La fiche WIKI « Merlin » est vraiment pas mal), dont la première source est Robert de Boron (504 vers seulement !) »

(Isabelle.)

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