S tage de septembre, dramaturgie (I)
« Je continue de
penser que travailler (mais à quel niveau d'explicitation ?) sur l'épique,
l'épopée, la chanson de geste, c'est une bonne direction, surtout dans le cadre
d'un travail en extérieur.
J'ai donc revu mes quelques
définitions et références sur la notion d'épique (en mettant Brecht de côté,
mais, après tout, il se retrouvera peut-être, caché sous un buisson) et, pour
résumer, il y a dans l'épique quelque chose de la dépossession puisque
le chevalier, le guerrier, bref le type sur son fier destrier ne sait pas
vraiment ce qu'il fait — il est (dit Hegel) traversé par l'« extériorité
(Aufterlichkeit) », si tu
veux : traversé par le monde extérieur (d'où la nature...)
Donc à la fois combatif
mais fragile puisqu'il n'est pas le sujet de son action, qu'il est livré à la
guerre des mondes, en quelque sorte...
Cela résonne avec ce que tu
recherches chez l'interprète, qui n'est pas vraiment de l'interprétation mais
d'abord l'individu traversé par l'extérieur (comme tes mises en scène), ton désir de le mettre
sur scène, avec des armures très... perforée (la cotte de maille…)
Je pensais aussi, au sujet
de la nature, à la machine décrite par Bioy Casares dans L'Invention de
Morel qui est activée par les ressacs
de la mer.
C'est un peu décousu
(n'est-ce pas un style vestimentaire qui te sied bien ?), mais, au final, la
position de conquête doublée de la dépossession, c'est une possible définition
de l'épique (certes romantique).
Quels textes ?
Shakespeare reste
approprié, n'a-t-il pas mis dans la bouche de personnages CONSCIENTS disant JE
la violence inconsciente des héros de la chanson de geste ? Shakespeare met à la
première personne les conflits de la littérature médiévale.
La Chanson de Roland, par exemple, est un très beau texte, mais il n'y a
pas de discours à la première personne, ce qui rend son utilisation difficile…
...Finalement le début
de la première personne, du JE, le premier à le dire dans l'histoire de
l'écriture, c'est bien DIEU. On peut
retrouver ce JE dans les mystères médiévaux de la passion où Dieu, le diable
s'expriment.
Il y a chez Schiller
(Wallenstein), chez Goethe, bien entendu, de très beaux exemples de ce
« je déchiré » par l'énergie épique, une souffrance de l'épique
(peut-être). Wallenstein, le général de guerre qui se refuse à agir et
tergiverse... Ou bien chez Grabbe, Hannibal (mis en scène par Sobel, l'an dernier), superbe pièce
où le héros qui continue à agir même s'il ne sait plus pourquoi. Il y a une
très belle scène, courte, le seul monologue, où le pauvre diable parle... à son
cheval...
Parler aux animaux, c'est ce que faisait Merlin, l'anti-Orphée, la
figure orphique sombre, l'enchanteur, le fondateur « lyrique » d'une
poésie nostalgique (un grand déçu de l'amour) et « épique » (le
fondateur de la Table ronde aussi). La fiche WIKI « Merlin » est
vraiment pas mal), dont la première source est Robert de Boron (504 vers
seulement !) »
(Isabelle.)
(Isabelle.)
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