L ’Araignée écrasée
Un ami me fait visiter les
travaux d’un squat merveilleux que je connais bien en plein centre de Paris. La
mairie à qui appartiennent les locaux a accepté de régulariser la situation et, officiellement, de les déclarer en « ateliers d’artistes ». Mais, pour
cela, il faut les mettre aux normes, d’où des travaux, depuis deux mois, qui
dérangent les voisins dans l’impasse cachée. Le résultat est désastreux, les
travaux ont détruit tout le charme de l’endroit (qui était inouï). Alors, dans
un élan d’optimisme, je dis à Romain : « Allons, c’est pas grave,
vous allez tout détruire quand ils auront fini… » et Romain me dit que
c’est justement ce qu’ils craignent, à la mairie. C’est ce qu’il s’est passé au
squat de la rue de Rivoli, les squatteurs ont tout détruit des travaux — très
chers — de mises aux normes. Après les avoir acceptés, ils trouvaient ça
finalement nul, moche et c’est vrai que ça devait l’être tout comme ici et tout
COMME PARTOUT. Pour les gens de la mairie, du service culturel, c’est un échec
douloureux : ils n’ont pas réussi leur « médiation ». Mais, moi,
je dis (je m’en fous des mecs de la mairie), moi, je dis :
« Merveilleux squatteurs de la rue de Rivoli ! » Ils ont fait ce
que tout bon citoyen devrait faire : détruire, détruire systématiquement —
Détruire, dit-elle — toutes ces
horreurs décidées par les donneurs de normes et qui attentent à tout, à la
beauté, au bon sens, à l’esprit, à l’âme, à la vie même ou à la raison de la
société ! Cette dictature de la bêtise profonde et criminelle des donneurs
de normes qui, à mes yeux, ne méritent même pas la corde pour les pendre !
Tout est laid, tout est destructeur, tout est administratif, les théâtres qui
se construisent sont répugnants, on ne peut rien y faire, surtout pas du théâtre
ou de la danse, éventuellement un gros son de rock ou de hard rock, ce genre de
truc, mais la laideur, l’absence de silence, l’absence de noir, les systèmes de
sécurité qui clignotent en permanence comme en temps de guerre, les matières
pathogènes (il n’y a pas que l’amiante…)
Labels: paris
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