Thursday, August 21, 2014

L ’Araignée écrasée


Un ami me fait visiter les travaux d’un squat merveilleux que je connais bien en plein centre de Paris. La mairie à qui appartiennent les locaux a accepté de régulariser la situation et, officiellement, de les déclarer en « ateliers d’artistes ». Mais, pour cela, il faut les mettre aux normes, d’où des travaux, depuis deux mois, qui dérangent les voisins dans l’impasse cachée. Le résultat est désastreux, les travaux ont détruit tout le charme de l’endroit (qui était inouï). Alors, dans un élan d’optimisme, je dis à Romain : « Allons, c’est pas grave, vous allez tout détruire quand ils auront fini… » et Romain me dit que c’est justement ce qu’ils craignent, à la mairie. C’est ce qu’il s’est passé au squat de la rue de Rivoli, les squatteurs ont tout détruit des travaux — très chers — de mises aux normes. Après les avoir acceptés, ils trouvaient ça finalement nul, moche et c’est vrai que ça devait l’être tout comme ici et tout COMME PARTOUT. Pour les gens de la mairie, du service culturel, c’est un échec douloureux : ils n’ont pas réussi leur « médiation ». Mais, moi, je dis (je m’en fous des mecs de la mairie), moi, je dis : « Merveilleux squatteurs de la rue de Rivoli ! » Ils ont fait ce que tout bon citoyen devrait faire : détruire, détruire systématiquement — Détruire, dit-elle — toutes ces horreurs décidées par les donneurs de normes et qui attentent à tout, à la beauté, au bon sens, à l’esprit, à l’âme, à la vie même ou à la raison de la société ! Cette dictature de la bêtise profonde et criminelle des donneurs de normes qui, à mes yeux, ne méritent même pas la corde pour les pendre ! Tout est laid, tout est destructeur, tout est administratif, les théâtres qui se construisent sont répugnants, on ne peut rien y faire, surtout pas du théâtre ou de la danse, éventuellement un gros son de rock ou de hard rock, ce genre de truc, mais la laideur, l’absence de silence, l’absence de noir, les systèmes de sécurité qui clignotent en permanence comme en temps de guerre, les matières pathogènes (il n’y a pas que l’amiante…)

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