Régénérescence
(Le Jour de relâche)
Je me suis
arrêté pour voir les autruches sublimes du Jardin des Plantes et je me suis
tenu, je crois, bouche bée, accrochée aux grilles. …à voir les plumes de l’animal
étrange bouger avec le vent, plus légères que l’air, plus légères que l’arbre. …ample
avec l’amour et la reconnaissance. C’était LA rencontre que j’espérais pour me
sauver. Et j’ai pleuré bouche ouverte et avec les yeux.
Au Louvre,
je regardais la statue équestre de Louis XIV par Le Bernin et j’entendais les
voix, la vie autour de moi comme sur une plage et j'ai pensé ensuite que j’aimerais
bien écrire des romans populaires qui se passeraient à Paris – je me promènerais
comme ça dans Paris – comme le Da Vinci Code.
Il faut
donner au peuple ce qu’il veut, le peuple, c’est ça, l’incognito.
Ce dont je rêve,
finalement, c’est ça : de l’art disponible à ne pas être vu.
La vie serait
plus abordable si on vivait dans les palaces. Au Marly, je n’en ai eu que pour
onze euros, le chocolat d’Olivier et un espresso… – dans un tel cadre ! –
Et chez Fauchon, l’autre fois, un rizotto à neuf euros…
Olivier a
entendu une variation de Je m’occupe de vous personnellement, à une terrasse de la rue de Buci :
« Je suis à vous tout de suite ».
Olivier a
quelques réserves sur le jeu d’Alexandre. Il me dit qu’il est un « ange
de pacotille ». Je dis que c’est pas mal, ange de pacotille. Oui, mais
alors, il est pas assez pacotille ou pas assez ange. Il voudrait qu’il s’abandonne
plus. Il voudrait qu’il pense au dépeceur de Montréal « parce qu’on dirait
que, par moment, il pense à rien ». Je lui demande s’il s’abandonnait plus
chez Patrice Chéreau. Oui. Parce que « quand il s’lâche, il s’lâche ».
Finalement Olivier avoue (une nouvelle fois parce qu’il a oublié qu’il me l’avait
dit) qu’il a couché avec Alexandre : « Je sais qu’il a du potentiel
au niveau du lâchage. Il peut être pernicieux. » Je cherche à comprendre ce mot.
« Comme pervers, mais en mieux. » « Là, il est pas sexuel, comme
s’il avait décidé de pas montrer ça. »
Olivier me
montre aussi un ensemble de sms de Pierre où il lui propose le mariage, la vie
de couple. Pour Pierre, le mariage veut dire beaucoup. Ces sms sont très émouvants. Olivier d’ailleurs m’a dit de ne pas en parler ici, mais je le fais quand même à cause d’une phrase qui m’amuse. Pierre commence
son message en disant à Olivier : « Pour moi, tu n’es pas un énième
mec. » Ça me plaît beaucoup. Pierre ne m’aurait jamais dit ça, à moi ! Ça
m’amuse de découvrir un nouveau Pierre. (Il y en a tant que l’on ignore, prêts à
se révéler, comme dit Marina Tsétaieva, à l’heure « où des yeux
véritables »...)
A la
librairie de Paris, je lisais la présentation du libraire d’un premier roman :
« …Un premier roman beau, léger et cruel qui nous emmène progressivement
vers sa dernière phrase somptueuse. » J’ai lu cette dernière phrase :
« Et je commençais déjà à sentir, oui, c’était ça ma vie désormais, comme
un enlisement. » (La fille s’appelle Lise.)
Puis je
feuilletais le « Télérama » sur Marilyn et le « Magazine Littéraire »
sur Borges. « Ne pas être est davantage qu’être quelque chose. »
Puis un livre
très étrange – que j’ai acheté – La Traversée de la France à la nage, inspiré du Swimmer, de John Cheever, sans doute. C’est un
livre très gros et l’auteur (ok, le narrateur…) n’y fait que nager à travers la
France et à travers l’azur et à travers le livre si gros qu’il figure la France
(sept cents pages). La libraire me dit que ça lui rappelle, elle, le titre d’un
autre livre (des éditions Des Femmes) : ...et je nageai jusqu’à la page.
Que le vert était beau aujourd’hui à Paris, les
grandes allées, les grandes avenues – avec ce gris ! Le gris du théâtre du
Rond-Point partout dans Paris.
Labels: paris rond-point
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