Monday, June 04, 2012

Régénérescence


(Le Jour de relâche)


Je me suis arrêté pour voir les autruches sublimes du Jardin des Plantes et je me suis tenu, je crois, bouche bée, accrochée aux grilles. …à voir les plumes de l’animal étrange bouger avec le vent, plus légères que l’air, plus légères que l’arbre. …ample avec l’amour et la reconnaissance. C’était LA rencontre que j’espérais pour me sauver. Et j’ai pleuré bouche ouverte et avec les yeux.

Au Louvre, je regardais la statue équestre de Louis XIV par Le Bernin et j’entendais les voix, la vie autour de moi comme sur une plage et j'ai pensé ensuite que j’aimerais bien écrire des romans populaires qui se passeraient à Paris – je me promènerais comme ça dans Paris – comme le Da Vinci Code.
Il faut donner au peuple ce qu’il veut, le peuple, c’est ça, l’incognito.

Ce dont je rêve, finalement, c’est ça : de l’art disponible à ne pas être vu.

La vie serait plus abordable si on vivait dans les palaces. Au Marly, je n’en ai eu que pour onze euros, le chocolat d’Olivier et un espresso… – dans un tel cadre ! – Et chez Fauchon, l’autre fois, un rizotto à neuf euros…
Olivier a entendu une variation de Je m’occupe de vous personnellement, à une terrasse de la rue de Buci : « Je suis à vous tout de suite ».
Olivier a quelques réserves sur le jeu d’Alexandre. Il me dit qu’il est un « ange de pacotille ». Je dis que c’est pas mal, ange de pacotille. Oui, mais alors, il est pas assez pacotille ou pas assez ange. Il voudrait qu’il s’abandonne plus. Il voudrait qu’il pense au dépeceur de Montréal « parce qu’on dirait que, par moment, il pense à rien ». Je lui demande s’il s’abandonnait plus chez Patrice Chéreau. Oui. Parce que « quand il s’lâche, il s’lâche ». Finalement Olivier avoue (une nouvelle fois parce qu’il a oublié qu’il me l’avait dit) qu’il a couché avec Alexandre : « Je sais qu’il a du potentiel au niveau du lâchage. Il peut être pernicieux. » Je cherche à comprendre ce mot. « Comme pervers, mais en mieux. » « Là, il est pas sexuel, comme s’il avait décidé de pas montrer ça. » 
Olivier me montre aussi un ensemble de sms de Pierre où il lui propose le mariage, la vie de couple. Pour Pierre, le mariage veut dire beaucoup. Ces sms sont très émouvants. Olivier d’ailleurs m’a dit de ne pas en parler ici, mais je le fais quand même à cause d’une phrase qui m’amuse. Pierre commence son message en disant à Olivier : « Pour moi, tu n’es pas un énième mec. » Ça me plaît beaucoup. Pierre ne m’aurait jamais dit ça, à moi ! Ça m’amuse de découvrir un nouveau Pierre. (Il y en a tant que l’on ignore, prêts à se révéler, comme dit Marina Tsétaieva, à l’heure « où des yeux véritables »...) 

A la librairie de Paris, je lisais la présentation du libraire d’un premier roman : « …Un premier roman beau, léger et cruel qui nous emmène progressivement vers sa dernière phrase somptueuse. » J’ai lu cette dernière phrase : « Et je commençais déjà à sentir, oui, c’était ça ma vie désormais, comme un enlisement. » (La fille s’appelle Lise.)
Puis je feuilletais le « Télérama » sur Marilyn et le « Magazine Littéraire » sur Borges. « Ne pas être est davantage qu’être quelque chose. »
Puis un livre très étrange – que j’ai acheté – La Traversée de la France à la nage, inspiré du Swimmer, de John Cheever, sans doute. C’est un livre très gros et l’auteur (ok, le narrateur…) n’y fait que nager à travers la France et à travers l’azur et à travers le livre si gros qu’il figure la France (sept cents pages). La libraire me dit que ça lui rappelle, elle, le titre d’un autre livre (des éditions Des Femmes) : ...et je nageai jusqu’à la page.

Que le vert était beau aujourd’hui à Paris, les grandes allées, les grandes avenues – avec ce gris ! Le gris du théâtre du Rond-Point partout dans Paris.

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