Saturday, November 17, 2018

L e Chevalier de la barre


A Boris

Il faut que je lise les maximes de La Rochefoucauld. Evidemment, je ne recopierai rien ici — ou tout — ça n’aurait pas de sens, c’est déjà une collection. Mais puisqu’hier l’une d’elles, dans ce livre encore non lu, m’a frappé, rue du Chevalier de la Barre : « Il semble que c'est le diable qui a tout exprès placé la paresse à la frontière de plusieurs vertus. »

Il y a un jeu que m’a appris Boris, c’est le jeu des titres de film porno. Quand, dans la conversation, on en entend un, on ajoute « tilt » pour le faire remarquer. Si on y pense, ça vient assez facilement. (C’est un jeu pour jouer en Corse, par exemple (en parler à Nathalie).) Exemple, je ne sais pas, il y en a eu plusieurs dans la soirée, mais celui-ci, puisque je l’ai noté : « L’Ancien Client Prend Sa Revanche ».

Ensuite, il y a eu cette espèce de partouze où je ne vais que parce que c’est à côté de chez moi, je dis « espèce » parce que c’est à chaque fois différent. Ce n’est pas que j’y fasse grand chose, je n’intéresse personne (et c’est réciproque). Je ne fais rien que discuter avec des amis ou des déjà connaissances que j’y rencontre, tout en m’émerveillant de l’absolue routine de voir autour de moi des singes en érection (majorité d’homos, mais pas queue). « C’est incroyable comme on s’habitue à tout », dit, à un moment, Jean-Charles, lui-même dans un degré d’excitation assez faible (à l’heure où je suis parti, il avait quand même réussi à en sucer une belle, de queue, celle d'un Thomas assis à côté de lui sur un canapé (avec des amis) qui à un moment s’est présenté à moi : je ne le connaissais plus ou moins que de FesseBook, mais lui avait bien vu plusieurs de mes spectacles, très belle pour ceux qui les aime (sa queue) (ce n’est malheureusement pas mon cas) (mais ce matin, je lui écris quand même un petit mot aimable : « Trop touchant de te voir hier EN ENTIER. J’ai admiré ta beauté »)). Ultra moderne solitude. Ou éternelle, allez savoir. En tout cas, pas idéale, c’est sûr. Ou peut-être idéale, allez savoir. De temps en temps, un couple plus animal, plus singe, plus amoureux, plus enthousiaste, c’est-à-dire moins mélancolique nous fait envie, j’en fais remarquer un à Jean-Charles « pas dans le mood ». L’amitié : regarder ensemble dans la même direction. A un moment, tout le monde de la masse agglutinée comme des abeilles se met à applaudir parce que, me rapporte-t-on ensuite, une fille a joui alors qu'elle est dans le sling (ça s’appelle comme ça, le truc suspendu ?) (pour dire comme c’est rare) (une jolie fille, sans doute) (applaudie par les pédés, c’est beau) (mais je ne l’ai pas vue). J'y croise, dans la mêlée, entre autres, Arthur Dreyfus, repérable parce qu’il garde, en plus de ses chaussures comme tout le monde, sa casquette, ce qui le rend unique, ça, c’est les stars, le petit détail qui suffit à les détacher de la foule. La deuxième fois (la première il se présente : « Bonjour, c’est Arthur… — Arthur ? — Dreyfus. — Ah-d’accord » (toute la journée, j’entends ce « Ah-d’accord » sans virgule que je prononce comme une citation de ma mère)), il vient vers moi et me dit : « A quoi penses-tu  ? »  « Toujours littéraire... », je réplique. Mais c’est vrai que ne faisant rien, à poil, debout au milieu d’une partouze, avec un vague sourire, mais souvent les bras croisés que, quand je m’en aperçois, je décroise, j’imagine que j’ai l’air — au mieux — de penser. Cette question, dans ce contexte, n’en est pas moins littéraire, n’est-ce pas ? Je n’ai lu encore aucun de ses livres. Il faudra que je lui demande par lequel commencer… J’aime beaucoup Arthur Dreyfus, ses prises de position...




J'ajoute que je le recroise quelques jours plus tard (dans la loge de Gérard Depardieu au Cirque d'Hiver). « On se voit tout le temps ! », me dit-il, et je lui demande alors par quel livre commencer à le lire. « Par le prochain ! — Qui a un titre ?... — C'est mon journal sexuel... — Il sortira quand ? — Dans un an. — Mais avant ? — Histoire de ma sexualité. »

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