Saturday, April 12, 2025

DI nous montrait une pub qu’elle avait faite avec Lætitia Casta en 2011, je crois, et qui n’était pas sortie, qui n’avait pas été acceptée. C’était un clip publicitaire très malin, beau-vulgaire (comme c’était encore possible de le faire à l’époque), mais surtout très second degré : on s’y moque de tout, du produit, du fait de tourner un clip, de Lætitia Casta… on aperçoit même DI avec ses longs cheveux qui se moque d’elle-même en train de tourner. C’est ça qui n’est pas passé — et qui ne passerait pas plus à notre époque où l’on ne comprend plus du tout le second degré. Je pensais qu’avec Legrand nous ne nous parlions qu’en second degré. C’était ça, l’amitié : ne pas avoir peur de ce qu’on dit, tout est second degré. La police des mœurs. (J’avais envie d’écrire cette expression à ce moment-ci.) Tout est second degré parce que rien n’est figé dans le marbre. Avec DI aussi nous parlions en second degré, mais pas quand elle réunissait ses amis, nous étions trop différents. Nous faisions référence à des facettes trop différentes de la personnalité DI. Mystérieux lien chacun. Nous restions au niveau superficiel, mondain, le niveau des opinions du moment et ce n’était pas forcément joli-joli. Mais chacun avait pourtant, je pouvais l’imaginer, une relation profonde avec DI, vraie. Ce que nous avions en commun, c’était que nous étions tous tournés vers elle, en faisceau.

Les mystérieuses erreurs de la souffrance. Ça, c’est dit. Quelqu’un (je crois que c’était Eve) avait dit qu’il avait mal au ventre. Quelqu’un d’autre (il se peut que c’eut été moi) avait dit : « Oh, comme nous saurions être heureux s’il n’y avait pas la souffrance… » Je crois que Nathalie avait approuvé. Nous étions tous des gens souffrants puisque nous n’avions plus vingt ans. A vingt ans, j’étais, pour ma part, beaucoup plus psychiquement souffrant que maintenant. Mais, voilà, la souffrance physique m’avait rattrapée, moi aussi. Je comprenais qu'Eve quitte la fête à cause de ce mal de ventre et que Nathalie la ramène. Nathalie était son ancienne amie. Elles étaient séparées, mais encore amies.

Un chapelet d’églises, un chapelet de retables dorés. Nous avions une auto et la montagne pour les découvrir, les creux, les bosses. Nous allions de l’une à l’autre dans un territoire ancien (même si renouvelé de soleil). Il n’y avait personne à part nous, notre amour inventé, réinventé. A Commana, une pensée pour la coiffeuse (notre ancienne)

L’expo de l’art de David Hockney évoquait violemment la mort, la destruction car il ne nous proposait qu’« hypothèse de survie », selon l’expression de Stéphane Bouquet…

En t’offrant mon désir, je t’offre ce que j’ai de mieux, même si tu n’en veux pas (ce serait trop beau). Tant que tu es mon ami, tu sais que c’est ce que je t’offre de mieux. Parfois une phrase peut signer notre séparation. Une phrase au soleil et c’est la déchirure… Le réel — qui n’était qu’une illusion — se déchire pour laisser passer un autre réel plus réel (ou plus illusoire, allez savoir). Il n’y a pas de sens, mais, parfois, le bonheur se déchire… Et puis le second degré reprend son cours et, puisque tu me réponds au second degré, je sais que tu m’aimes. Toi comme poème reviens, promesse, consolation, sauvetage moi


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