Thursday, March 23, 2023

Merci Antonia ! 
En regardant le film, qui insiste sur le romantisme très sombre de Léopold Robert, je me suis souvenu d’une lecture de Musset, le chapitre 2 de La Confession d’un enfant du siècle que j’avais donnée d’abord un soir à Nantes puis vingt-cinq soirs (fins d’après-midi) au festival d’Avignon (off), j’allais de salons en salons, d’hôtels de luxe (La Mirande) en châteaux (de Montfrin), d’hôtels particuliers intra-muros en maisons bourgeoises. Il fallait que les lieux découverts, chaque jour différents, fassent le plus possible « décor », décalent autant que possible le festivalier en tongs dans une dimension jamais ouverte, comme un peu « derrière la façade », passer à l’arrière ; j’avais donc tapé dans le luxe ; je me souviens de logeurs éventuels qui m’avaient répondu très gentiment : « On aimerait bien le faire, mais on n’ose pas parce qu’on a des Picasso... ». C’était un hors-les-murs du théâtre de la Condition des soies qui m’avait pris dans sa programmation une année où je n’avais pas assez d’argent pour louer la salle. Puis ça avait été repris selon le même principe à Toulouse par le théâtre Garonne. On pourrait réactiver cette lecture dans les expositions (il faudrait y trouver le lieu idéal). Ainsi, on aurait un éclairage supplémentaire de l’œuvre de Léopold Robert, pas complètement direct, mais peut-être intéressant, sans que j’ai, moi, l’ambition d'écrire un nouveau spectacle (ce qui me demanderait trop de temps, le budget ne le permet pas). Bien entendu, j'étudierais encore tous les documents que vous pourriez me transmettre, parce que peut-être qu’il m’en viendrait une autre idée — mais je sais qu’il faut se décider très vite pour l’annonce dans la brochure —, mais, surtout, parce que ça me permettrait de bâtir les ponts entre ce texte célèbre de Musset — qui rend compte du malaise de cette fameuse génération perdue qu’on a appelée le « romantisme » — et la vie et l’œuvre de ce pauvre enfant, ce pauvre Léopold souffrant. Je ne sais pas ce que vous pouvez en penser, si ça peut être intéressant de rattacher Léopold Robert à cette génération française (lui : 1794, Musset : 1810, Nerval : 1808, Chateaubriand : 1768, Delacroix : 1763, Géricault : 1791…)
(Excusez la grossièreté des à-peu-près de ce mot, je ne maîtrise pas (encore) mon sujet…)
Yves-Noël
Mon adresse : 
Genod
8, rue Jacques Kablé
75018 Paris
Mais il faut que ce ne soit pas trop épais, que ça passe par la fente d’une boîte aux lettres, il n’y a rien de prévu pour recevoir les paquets (qui se perdent)…

 

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Saturday, March 18, 2023

La France me fait peur. Vu d’ici, on comprend tous les exilés. J’ai joué hier VERS LE SOIR, la « conférence » sur la poésie, sur la disparition des espèces, sur l’absolu du monde, sur le paradis vue d’ici, sur l’humanité « en pièces détachées », sur l’eau profonde chez Josiane et Maurice qui avaient réuni dans leur isba près du lac une assistance choisie, une communauté d’amis. (Ce soir ce sera, à 18h30, à La Neuveville — prononcer Neuville —)

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 .

Friday, March 17, 2023

Cher Yves-Noël,

Merci de m'avoir écrit.

J'espère que l'incarnation russe s'est passée sans trop de tourment. Vous parlez de théâtre noir. N'est-ce pas Artaud qui écrivait : « Le théâtre [...] dégage des forces, il déclenche des possibilités, et si ces forces et possibilités sont noires, c'est la faute non pas de la peste ou du théâtre, mais de la vie. » (Le théâtre et son double)
Plus loin d'ailleurs, comme en écho à votre magnifique propos de mardi soir au sujet de la beauté, il dit : « C'est ainsi que la vraie beauté ne nous frappe jamais directement. Et qu'un soleil couchant est beau à cause de tout ce qu'il nous fait perdre. »

Où est la poésie ? Dans les mots ? Sous les mots ? Entre eux ?
Et la beauté ?

Artaud encore :
« Sous la poésie des textes, il y a la poésie tout court, sans forme et sans texte. »

Vos mots à vous, mardi, m'ont redonné le désir d'une écriture. 

La merveilleuse citation de Bernanos m'a rappelé cet autre mot de Roud :
« L’éternel n’est pas une Terre promise à la pointe extrême d’un chemin de sueurs et de larmes, et nul n’en pourrait forcer l’accès par quelque intrusion frauduleuse, puisque nous sommes en lui»
Et plus loin encore, en réponse à l'interrogation angoissée de Baudelaire (« Où sont nos amis morts ? Pourquoi sommes-nous ici ? »), il poursuit : « Que répondre, sinon que nul de nos amis n’est mort, et qu’il ne tient qu’à nous de n’être pas ici ? Mais qu’est-ce qu’ici ? Et n’est-ce pas un peu notre faute si nous n’en faisons pas un perpétuel ailleurs ? Il ne s’agit d’aucune évasion par la rêverie ou le poison, de nulle absence du corps ou de l’âme. Simplement, d’une présence insuffisante. Il y a une certaine pauvreté, une avarice de notre cœur, de notre regard, de notre esprit, qui rendent ici toujours pareil à soi, en lui conférant tout l’inexorable d’une prison. Et même, certaine hantise du Ciel n’est-elle pas née d’une secrète impuissance à voir ce monde-ci, tandis que si nous savions le voir, il deviendrait pour nous le Ciel ? »

Mais comme je vous l'ai dit, c'est la certitude même que l'on pourrait ne serait-ce qu'entrevoir ce « Ciel » (le Monde) qui me semble aujourd'hui atteinte en son cœur. 
Restent des traces. Douteuses.

Merci de vous être procuré mon livre, et de l'avoir lu dans la lumière, cela me touche évidemment. 
Tous les vivants préparent des fleurs pour toutes les princesses. Reste à trouver des vivants. Qui soient à la fois, sur la scène du monde, de vrais morts, n'est-ce pas ?
« Ferme les yeux, afin que s'ouvre l'œil intérieur ». Et c'est Odin au pied d'Yggdrasil, qui troque son œil unique contre un peu de pluie fine. Au terme de l'épreuve, il s'abaisse et ramasse les runes, sans comprendre que ce qu'il tient entre les doigts n'est que la dentelle égarée du jour.

Merci encore pour ce moment de vraie poésie.

Bien à vous,

Mauro



Merci beaucoup pour ce florilège de citations ! j’en placerai ce soir… Quelle joie, la littérature, quand elle est exacte comme cela ! et qu'elle répète inlassablement, jour à jour, ce qui nous rend à notre dignité, ne nous abandonne pas… Si je pouvais avoir la force de m’y vouer avec plus d’abnégation… Vous, écrivez ! Oui. Tenez à votre « désir d’écriture », écrivez plein ! puisque vous en avez la possibilité. Comment disait célèbrement Beckett ? «  Accrochez-vous à votre désespoir et chantez-nous ça. »  J’apprends peu à peu vos poèmes sublimes (comme gravés sur les murs et les frontons d’un temple), vos formules lourdes et légères, très accompagnantes, éclairant quelque chose qui ressemblerait à une chambre d’hôtel heureuse, comme la présence du lac, ici, comme la présence de la neige, là-haut. Il y a donc, de temps en temps, quelque puissance qui rend heureux, je veux dire, de vivre librement parmi ses congénères… Je ne sais pas pourquoi, ce matin (le très beau « Promontoire »), je repense un peu à Maurice Blanchot que j’ai lu il y a si longtemps (ado) sans vraiment trop comprendre (Thomas l’Obscur), je pourrais y retourner. Je relis aussi celui, cinématographique, de Rimbaud. C’est beau quand les frontières de temps sont « errantes », comme vous le dites, et qu’on a l’impression de dialoguer « en lui », dans l’éternel... 

Yves-Noël

Aussi un vers s'amuse à résonner avec l’actualité française, l’impression que c’est la guerre, ce matin, en lisant la presse (je me demandais s’il ne fallait pas que je reste ici) : « et ta voix s’est brisée sur l’annonce des grèves ». 
« Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau »...
Ah, je retrouve dans le poème suivant la très belle allusion à Odin (comme vous m’avez parlé d’Yvain) que je ne connaissais pas : « Tu marchanderas un peu d’amour contre un peu de pluie fine » 
Décider d'aimer «  tout ce qui rime avec douleur », mon Dieu, que c’est beau ! Peter Handke disait que, quand il voyait la couverture de la traduction française de son Chinois de la douleur, il lisait toujours « couleur »... 
(Etc.)

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Thursday, March 16, 2023


Soirée délicieuse chez Orélie. Elle habite avec son mari chinois et ses enfants métisses une ancienne usine d’horlogerie au Locle (petite ville du Jura classée, avec La Chaux-de-Fonds, au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son « urbanisme horloger »). Temps de mars pendant le train qui monte, arc-en-ciel, puis, finalement, la neige à travers la fenêtre noire. Écoute si personnelle, attentive. Et puis j’y ai rencontré un poète, Mauro Placì, je viens d’acheter ce matin sa plaquette (au prix d’une place d’opéra). Il est également prof au « gymnase » (ce qui ne veut pas dire de sport). Il accompagne les ados qui veulent publier. Mon Dieu, comme il doit susciter de vocations ! Beau comme il est ! En plus ! Moi-même, je retournerais bien à l’école… Après la performance, table transformée en dîner, je n’osais même pas le regarder, prenant note de tout ce qu’il me disait, faut dire, le virtuose, heureusement penché sur mon carnet très bas (j’ai cassé mes lunettes en arrivant en Suisse). Oui, c’est décidé, si je n’ai plus de travail, je reprends mes études ! Il me dit : « Ce que les étudiants ont à apprendre au contact de la poésie, c’est que les mots suffisent. C’est de faire confiance à la FULGURANCE ». Et il ajoute : « La poésie est une chose sérieuse, mais il ne faut cesser d’affirmer que c’est une chose inutile, rappeler cette dérision qui est vitale, en fait, au milieu de tout cet utilitarisme » (je bois du petit lait). Il me rappelle l’histoire célèbre d’Yvain (le chevalier au lion) répondant au paysan : 

« Je sui, fet il, uns chevaliers
Qui quier ce que trover ne puis »

QUI CHERCHE CE QUE JE NE PEUX TROUVER

Et, en deuxième réponse, puisque l’autre lui demande encore ce qu’il voudrait bien trouver : 

« L’AVENTURE » 

(Ce qu’on ne peut chercher, précise le prof, puisque c’est ce qui ADVIENT.) 

Ce soir et demain, à 20h, je joue au théâtre avec Yan Walther et Christian Pralong — et les soirées « poétiques » reprennent vendredi. Il suffit d’un salon ou d’une salle et de pouvoir réunir quelques amis pour que l’artiste (bibi) se déplace à domicile et fasse de son mieux (contre presque rien, un peu de bulles, champagne ou prosecco…)

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T out un roman en dix lignes


« C'est ma vieille ville natale et j'y suis revenu. Je suis un bourgeois aisé, je possède dans la vieille ville une maison qui a vue sur le fleuve. C'est une vieille maison à deux étages avec deux grandes cours. J'ai une entreprise de charronnage et, dans ces deux cours, on scie et on tape toute la journée. Mais dans mes appartements, sur le devant de la maison, on n'entend rien de tout cela, un profond silence règne, et la petite place qui borde la maison et qui, fermée de tous côtés, ne s'ouvre que vers le fleuve, cette petite place est toujours vide. Les pièces que j'habite, de grandes pièces parquetées un peu obscurcies par des rideaux, sont meublées avec de vieux meubles; enveloppé dans une robe de chambre ouatée, j'aime bien aller et venir entre eux. »


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Monday, March 13, 2023

Q ui a décidé


Voilà, je suis pour huit nuits encore à Neuchâtel, charmante villégiature à l’air et à l’eau très purs (fontaines d’eau potable — c’est précisé — et glacée à tous les coins de rue + le lac antique comme aux premiers jours). Je joue deux choses. Ma performance VERS LE SOIR que je donne à la demande dans les fermes et les salons de Suisse romande. Demain, par exemple, je vais au Locle, c’est dans le Jura à la frontière française, une Orélie qui m’y invite en même temps que quelques amies à elle. Je jouerai aussi les 15 et 16, cette fois au théâtre, un lever de rideau intitulé QUI A DÉCIDÉ QUE VOUS ÉTIEZ POÈTE ? d’après un texte de Yan Walther tandis qu’il donnera lui, ensuite, avec le musicien Christian Pralong, son formidable spectacle QUITTER LES EAUX TERRITORIALES que j’ai déjà vu en version vidéo-technologique, mais qui sera, là, proposé en version acoustique…

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Sunday, March 12, 2023

F ontaine


« Brigitte, de quel signe êtes-vous ? 

— Un cygne sur le lac. » 


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Saturday, March 11, 2023

M arcelle


Marcelle, tout à l’heure : « Mon fils, c’est LE ROI DES FLICS ! Mais il est pas là. Il dit qu’il est bloqué, je sais pas pourquoi. — A cause de la manif ? — Ah, voilà… » Plus tard : « Vous ne le connaissez pas, le père Mercier ? C’est le directeur de la boîte. Mais il veut vendre parce qu’il a plus un rond. Il peut même pas s’acheter une feuille de salade, paraît-il — moi, je répète, hein… » Il y avait à disposition — mais de quels résidents ? — un beau livre d’images et de textes intitulé L’ÉROTISME ANTIQUE. La première phrase sur laquelle je tombais était en effet pleine d’antique sagesse : « Une femme belle et bien faite m’attire toujours, qu’elle soit jeune ou déjà plus mûre. Jeune, elle ouvrira les cuisses, vieille et ridée la bouche ». Tandis que Charles Aznavour meuglait MOURIR D’AIMER, ma mère écrivait une lettre à sa sœur jumelle entrée récemment elle aussi en maison de retraite, mais éloignée de 1000 km : « J’ESPÈRE QUE PEUT-ÊTRE VIVRE PAR ICI TU AIMES »

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d ’artiste


Le secret de Dominique Issermann ? Je ne sais pas. Je ne sais pas. C’est quelqu’un qui ne réduit personne à une image. Dostoïevski : « Il n’est de pire injustice que de s’arrêter à ce qu’on voit ». Elle ne s’arrête pas à l’injustice, Dominique. Elle galope, toute à sa dévotion, vers la justesse. C’est comme une résonance, la « grâce » ; à un moment, ça tinte. Lumière ! J’ai eu l’honneur d’être photographié par elle, une séance qui m’a surpris. Je n’y croyais pas. Je venais dans une confiance minimum. Elle, très. Très confiante, détendue, légère. En quelques minutes, c’était sur l’ordinateur, retouché, prêt à être imprimé, l’argent versé sur mon compte… J’en suis sorti requinqué. Enfin un truc qui marche dans ce monde de malentendus ! J’arrivais laid, je repartais beau. Transmutation alchimique. Secret 


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Salut Gilles ! 


Malheureusement je ne suis pas libre le 23 mars. Ce que je peux conseiller, c’est de délaisser la subtilité (que Virginia Woolf proposait, par exemple), pour y aller franco — un peu à la Boris Charmatz, mais aussi à la manière du génial Tino Sehgal dont il n’est pas facile de parler parce qu’il interdit toute reproduction de ses œuvres (films, photos, enregistrements sonores). Il avait envahi le Palais de Tokyo à Paris par un ensemble de plusieurs pièces de danse qui, occupant chacune un espace vide, pouvait n'en former qu'une seule immense. Ces pièces étaient activées par des dizaines de performers qui se relayaient pendant toute la durée de l’exposition, des groupes et des groupes. C’était paraît-il fatiguant (des amis y ont participé), mais enthousiasmant collectivement (et pour moi comme spectateur : extraordinaire). C’est ici (d’après les photos que tu as montrées) un espace immense, très beau, avec une très mauvaise acoustique, donc c’est une donnée — une contrainte — qui ne peut être qu'enthousiasmante et il faut y aller très physiquement, très « performers ». Qu’on entende ou pas, il faut accrocher sonorement « de l’écrit » C’est physique, c’est pour un effet immédiat, c’est un ensemble, ça montre que la diversité (des écritures) peut être portée collectivement. Je pense que ce n’est pas la meilleure idée de faire des choses individuellement chacun dans son coin avec les problèmes techniques qui vont occuper le temps ou l’énergie pour un résultat sans doute globalement faible (ni fait ni à faire), mais j’avoue que je parle là en spectateur qui s’ennuie souvent avec ce genre de petits stands de vendeurs à la sauvette. Je pense qu’il vaudrait mieux arriver à réinventer la force du collectif, le fil à couper le beurre. Le groupe que j’ai rencontré est potentiellement fort (groupe uniquement de ceux qui veulent, évidemment *). J’ai pensé, en me réveillant, je me suis demandé si ça ne serait pas possible que tout le monde apprenne un morceau des textes des autres et de donner cet ensemble d'extraits fort, à l’unisson, presque politiquement, comme des manifestes. A haute voix, ensemble, volontairement, regroupés comme un essaim (et ça démarre au milieu des gens) ou parfois dilatés sur plus d’espace (entourant les gens, donc), mais toujours à l’unisson. C’est peut-être très difficile, il y faut de l’enthousiasme et des répétitions, mais ce serait aussi l’avantage, si on a bien répété, d'arriver le soir même de la performance avec tout dans la tête et rien dans les poches. Evidemment, idéalement, il faudrait quand même un chorégraphe pour aider à structurer (ou l’un du groupe fait « œil exérieur » ?) Ça doit être court (et, au besoin, se donner plusieurs fois dans la soirée) et la difficulté, ce sont les cuts. Il faut trouver le moyen d’accentuer les différences, les écarts entre les extraits, peut-être parfois quelques suspensions de silence (comptées pour recommencer tous ensemble) et d'autres fois, très enchaîné au contraire, cadavre exquis. il faut qu’on ait l’impression d’écritures très opposées (dans les styles, etc.). Evidemment, plus les extraits semblent passer du coq à l’âne, plus l’unisson est impressionnant. Il faut une grande confiance, une grande jeunesse : on a raison. Enfin, voilà, il faudrait sans doute plus de temps. En tout cas, y aller au bluff comme d’habitude. Une fois les extraits choisis, les apprendre et les réciter ensemble tout le temps, tous les jours, pour les avoir bien en bouche et pouvoir ensuite les parler dans la circonstance improvisée (le soir-même)… 

Voilà, c’était une suggestion. Il y en aurait sans doute beaucoup d’autres… 

Bisous,

Yves-No


* Je viens de visionner un bout de vidéo où Françoise Sagan parle de la définition de Sartre de la liberté : Etre libre, ce n’est pas faire ce que l’on veut, comme les gens disent, mais c’est, plus subtil, vouloir ce que l’on peut (faire). J’ai envie de faire les choses que je PEUX faire. C’est à ce moment-là, selon Sartre, que je suis libre

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R âpé


« Je lui ai demandé : Qu’est-ce que le progrès ? Il m’a dit : C’est une carotte ? Vu que la seule chose que je pouvais répondre pour ne pas être hors-sujet, c’était : Est-ce que c’est une carotte râpée ou une carotte non râpée ? »


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U ne sorte de sculpture sociale


Socio-éducatifs, c’est-à-dire des projets avec des amateurs... Les plus forts sont ceux avec Emilie (les handicapés) et Sur le Carreau pendant deux ans — qui s’est décliné en septembre dernier dans un autre projet ouvert à tous, celui avec la sculpture d’Elisabeth Saint-Jalmes, L’Abri-trou. Auparavant, il y a eu le dernier travail que j’ai donné à l’Arsenic, à Lausanne, qui s’appelait : C’est le silence qui répond. C’est un spectacle qui s’est donné pendant une semaine avec une troupe variable d’amateurs (certains ne venaient qu’un soir, d’autres, accro, arrivaient à se libérer pour presque la totalité des interventions. Que des guests. Et tout le monde du public pouvait participer. Il suffisait d’avoir pu dégager avant la représentation où l’on venait au moins une séance de répétition. Au début, j’ai pensé qu’il n’y aurait que des participants, que, pour voir le spectacle, il fallait y participer (venir à une répétition), mais on m’a fait remarquer au théâtre que beaucoup de gens venaient au dernier moment et que beaucoup de gens ne voulaient pas non plus « participer » autrement qu’en regardant. Bien sûr nous allions à la recherche d’un mélange de gens qui nous intéressait (une sorte de casting sauvage des métiers et des manières de voir le monde les plus divers possible). C’était dans une installation lumineuse extrêmement forte et belle qui unifiait la splendeur. 




C’est un spectacle raté. Il n’y a rien à « voir ». Pas d’interprètes, pas d’intelligence organisatrice, seulement vous — qui débarquez — et l’espace vide de la lumière en mouvement perpétuel. « Nous sommes de la même nature que les montagnes », nous le savons. Comment voir ce qui est ? Beauté absolue, ce qui est. C’est donc une cérémonie, une célébration, ou peut-être, exactement le contraire, un temps de « suspension » des cérémonies. Venez comme vous êtes ou venez à votre meilleur, fancy dress, costume, smoking, etc. — ou sans rien sur vous aussi bien — ou le costume de votre métier. Un vestiaire sera à votre disposition. Venez avec un objet qui vous est cher, venez avec un animal qui vous est cher, avec une plante qui vous est chère si elle veut bien faire le voyage. Obtenez votre propre consentement et celui de vos proches. Aimez les autres comme vous-mêmes. C’est une arche de Noé, c’est un refuge dans la vie ou encore ce sont des « vacances dans la réalité ». Il ne se passe rien ou tellement de choses, comme le définit Georges Pérec (‘Tentative d’épuisement d’un lieu parisien’) : « Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages ». C’est un spectacle raté, donc extraordinaire. C’est laissé dans «l’état de l’apparition» (Marguerite Duras, ‘Emily L’) avec les défauts, les scories, l’état brut de l’Art Brut, noyé dans la vie. Que voulez-vous, l’art a toujours voulu rendre la vie plus intéressante que l’art, c’est son hubris. L’Arsenic me laisse rêver. C’est rare. Venez rêvez avec moi. Vous rêvez, vous êtes, comme toutes les nuits, en train d’écrire le rêve, en train de jouer le rêve, en train de regarder le rêve, en train d’être le théâtre du rêve. Venez participer à ce spectacle d’ÉCRITURE DANS LA NUIT.

Yves-Noël Genod


Bien à toi, 

Yves-Noël

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