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La France me fait peur. Vu d’ici, on comprend tous les exilés. J’ai joué hier VERS LE SOIR, la « conférence » sur la poésie, sur la disparition des espèces, sur l’absolu du monde, sur le paradis vue d’ici, sur l’humanité « en pièces détachées », sur l’eau profonde chez Josiane et Maurice qui avaient réuni dans leur isba près du lac une assistance choisie, une communauté d’amis. (Ce soir ce sera, à 18h30, à La Neuveville — prononcer Neuville —)
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« C'est ma vieille ville natale et j'y suis revenu. Je suis un bourgeois aisé, je possède dans la vieille ville une maison qui a vue sur le fleuve. C'est une vieille maison à deux étages avec deux grandes cours. J'ai une entreprise de charronnage et, dans ces deux cours, on scie et on tape toute la journée. Mais dans mes appartements, sur le devant de la maison, on n'entend rien de tout cela, un profond silence règne, et la petite place qui borde la maison et qui, fermée de tous côtés, ne s'ouvre que vers le fleuve, cette petite place est toujours vide. Les pièces que j'habite, de grandes pièces parquetées un peu obscurcies par des rideaux, sont meublées avec de vieux meubles; enveloppé dans une robe de chambre ouatée, j'aime bien aller et venir entre eux. »
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Voilà, je suis pour huit nuits encore à Neuchâtel, charmante villégiature à l’air et à l’eau très purs (fontaines d’eau potable — c’est précisé — et glacée à tous les coins de rue + le lac antique comme aux premiers jours). Je joue deux choses. Ma performance VERS LE SOIR que je donne à la demande dans les fermes et les salons de Suisse romande. Demain, par exemple, je vais au Locle, c’est dans le Jura à la frontière française, une Orélie qui m’y invite en même temps que quelques amies à elle. Je jouerai aussi les 15 et 16, cette fois au théâtre, un lever de rideau intitulé QUI A DÉCIDÉ QUE VOUS ÉTIEZ POÈTE ? d’après un texte de Yan Walther tandis qu’il donnera lui, ensuite, avec le musicien Christian Pralong, son formidable spectacle QUITTER LES EAUX TERRITORIALES que j’ai déjà vu en version vidéo-technologique, mais qui sera, là, proposé en version acoustique…
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Marcelle, tout à l’heure : « Mon fils, c’est LE ROI DES FLICS ! Mais il est pas là. Il dit qu’il est bloqué, je sais pas pourquoi. — A cause de la manif ? — Ah, voilà… » Plus tard : « Vous ne le connaissez pas, le père Mercier ? C’est le directeur de la boîte. Mais il veut vendre parce qu’il a plus un rond. Il peut même pas s’acheter une feuille de salade, paraît-il — moi, je répète, hein… » Il y avait à disposition — mais de quels résidents ? — un beau livre d’images et de textes intitulé L’ÉROTISME ANTIQUE. La première phrase sur laquelle je tombais était en effet pleine d’antique sagesse : « Une femme belle et bien faite m’attire toujours, qu’elle soit jeune ou déjà plus mûre. Jeune, elle ouvrira les cuisses, vieille et ridée la bouche ». Tandis que Charles Aznavour meuglait MOURIR D’AIMER, ma mère écrivait une lettre à sa sœur jumelle entrée récemment elle aussi en maison de retraite, mais éloignée de 1000 km : « J’ESPÈRE QUE PEUT-ÊTRE VIVRE PAR ICI TU AIMES »
Le secret de Dominique Issermann ? Je ne sais pas. Je ne sais pas. C’est quelqu’un qui ne réduit personne à une image. Dostoïevski : « Il n’est de pire injustice que de s’arrêter à ce qu’on voit ». Elle ne s’arrête pas à l’injustice, Dominique. Elle galope, toute à sa dévotion, vers la justesse. C’est comme une résonance, la « grâce » ; à un moment, ça tinte. Lumière ! J’ai eu l’honneur d’être photographié par elle, une séance qui m’a surpris. Je n’y croyais pas. Je venais dans une confiance minimum. Elle, très. Très confiante, détendue, légère. En quelques minutes, c’était sur l’ordinateur, retouché, prêt à être imprimé, l’argent versé sur mon compte… J’en suis sorti requinqué. Enfin un truc qui marche dans ce monde de malentendus ! J’arrivais laid, je repartais beau. Transmutation alchimique. Secret
Salut Gilles !
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« Je lui ai demandé : Qu’est-ce que le progrès ? Il m’a dit : C’est une carotte ? Vu que la seule chose que je pouvais répondre pour ne pas être hors-sujet, c’était : Est-ce que c’est une carotte râpée ou une carotte non râpée ? »
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Socio-éducatifs, c’est-à-dire des projets avec des amateurs... Les plus forts sont ceux avec Emilie (les handicapés) et Sur le Carreau pendant deux ans — qui s’est décliné en septembre dernier dans un autre projet ouvert à tous, celui avec la sculpture d’Elisabeth Saint-Jalmes, L’Abri-trou. Auparavant, il y a eu le dernier travail que j’ai donné à l’Arsenic, à Lausanne, qui s’appelait : C’est le silence qui répond. C’est un spectacle qui s’est donné pendant une semaine avec une troupe variable d’amateurs (certains ne venaient qu’un soir, d’autres, accro, arrivaient à se libérer pour presque la totalité des interventions. Que des guests. Et tout le monde du public pouvait participer. Il suffisait d’avoir pu dégager avant la représentation où l’on venait au moins une séance de répétition. Au début, j’ai pensé qu’il n’y aurait que des participants, que, pour voir le spectacle, il fallait y participer (venir à une répétition), mais on m’a fait remarquer au théâtre que beaucoup de gens venaient au dernier moment et que beaucoup de gens ne voulaient pas non plus « participer » autrement qu’en regardant. Bien sûr nous allions à la recherche d’un mélange de gens qui nous intéressait (une sorte de casting sauvage des métiers et des manières de voir le monde les plus divers possible). C’était dans une installation lumineuse extrêmement forte et belle qui unifiait la splendeur.
Yves-Noël Genod
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