D ésistement
Mon petit chaton, je vois que tu travailles d’arrache-pied et tu as bien raison ! J’ai lu Méphisto et Le Tournant, vu les entretiens de Mnouchkine. Ton projet est passionnant, j’aimerais t’aider (je ne sais pas de quelle façon), mais je ne pense pas paraître dans le spectacle à cause de ce qui m’est apparu soudainement : Si je m’engage à fond (comme j’en aurai envie), je prendrai toute la place et on ne verra que moi. Si je me fais discret pour laisser ton travail briller, malheureusement on ne verra que moi aussi, en porte-à-faux (du fait même d’apparaître dans une mise en scène de sortie d’école). Je sais bien que tu me l’as proposé presque de manière potache, audacieuse, un coup d’esbroufe (et c’est ce qui m’a séduit), mais le sujet m’apparaît en fait tellement sérieux, je crains qu’on ne puisse pas en rigoler (ni du sujet que tu as choisi, ni de la circonstance de la présentation de sortie). Bref, je serai à me demander en permanence ce que je fiche là… Tu peux m’appeler, bien sûr (j’étais en Bretagne dans un coin où rien ne passe, mais je rentre à Paris demain).
T’embrasse,
Yves-Noël
Cher Yves-Noël,
Merci pour l’honnêteté de ton message.
Message qui est, par ailleurs, dans la thématique du spectacle.
Comment briller ou ne pas (trop) briller ? Jusqu’où et pourquoi ?
Enfin...
Si je suis moi-même très honnête je suis tout à la fois déçu et en même temps excité car j’ai presque immédiatement eu le potentiel changement de distribution en tête et les nouvelles idées qui vont avec ! Je me vois déjà rebondir vers d’autres chemins.
Effectivement, je sentais toute cette place que tu allais prendre et ça m’excitait tout autant que ça m’effrayait. Je voyais cela comme un défi, et j’aime les défis audacieux mais, tu as raison, ce n’est peut-être pas l’espace le plus juste.
M’aider, oui ! Comment, je ne sais pas encore, mais le temps nous le dira peut-être…
Oui, appelons-nous vite quand même,
Je t’embrasse,
Jérémie
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