Bon alors,
voilà, j’ai oublié de vous en parler à tous (j’en ai parlé plus tard), l’idée
est la suivante : jouer le 14 à 15h et ouvrir les derniers filages le 11,
12 et 13, en avant-premières aussi à 15h. Ce serait bien évidemment d’avoir
évidemment quelques personnes (plutôt que personne) et de jouer dans les conditions
de spectacle, ça vous aiderait à « cristalliser ». C’est en tout cas
ma méthode, quand j’ai peu de temps de répétition (c’est-à-dire, en fait, à
chaque fois), je réduis encore ce temps pour permettre aux interprètes de
« griller les étapes », d’avancer par bonds et donc par
« critallisation ». Aussi bien, ce n’est pas le temps chronologique
qui nous intéresse, vous commencez, n’est-ce pas, à le comprendre, mais le
temps que nous pouvons creuser comme une matière, comme une caverne — et le
temps de l’occasion
et de la rencontre.
J’annonce une durée de 2h, ça peut faire un peu plus si on y arrive (2h15). Je
pense que l’on peut arriver à donner une sensation circulaire (Les Ruines
circulaires, un titre
de Borgès), il faut arriver à refaire circuler du circulaire, de l’éternel
retour à partir de là où nous en sommes (les filles-panthères). J’imaginais
recommencer à partir du personnage que j’aime beaucoup de la fille en
imperméable transparent (Maria), voir ce qu’il lui arrive encore, à cette
personne. Mais il faut un peu de temps à Maria (qui n’est pas Brachetti) pour
se changer, entre-temps donc soit Jessica, soit un guest (ou un couple guest)…
L’idée des guests, vous pouvez y penser. L’idée de voir quelqu’un surgir que
l’on n’ait pas vu jusque là et qu’on ne reverra pas après. Et, évidemment, plus
ce guest serait hétérogène au groupe, plus sa présence serait surprenante et
inattendue, « réelle » et plus cela ferait du bien au spectacle dont,
je vous le rappelle, nous cherchons constamment à déconstruire la forme dans
l’espoir de laisser passer dans les vides, dans les absences du décousu un peu
de lumière « réelle » (d’où aussi l’importance qu’il n’y ait pas
d’ombres de coulisse sur le chambranle de la porte). Si vous avez des idées… Le
guest idéal pourrait venir au trois filages et à la représentation. Sinon,
ça peut en être plusieurs… Ce qu’il faut faire maintenant : vous pouvez
encore rêver à des matières qu’on n’aurait pas encore (des trios, quatuors,
etc. with text ancien, comme je proposais), mais, surtout, vous devez
approfondir la vie des figures que vous avez déjà, leur donner caractère, vie,
rêverie, destinée, profondeur, les animer, ce sont des choses que nous avons
déjà (souvent, mais pas toujours). Ce qu’il faut éviter le plus possible, c’est
qu’on voit toujours la même personne dans différents costumes. Non, il faudrait
vraiment, ce serait plus fort, un peuplement de personnages très différents,
une démultiplication, d’une ressemblance incernable. Pour cela, il faut que
chaque figure soit irréductible. C’est à cela que vous devez vous atteler…
Sinon l’inconscient doit être avec vous. Débrouillez-vous. Si vous ne vous
débrouillez pas avec votre inconscient pour le mettre de votre côté,
l’apprivoiser pour qu’il vous serve, comme une bête, vous êtes foutu. Il sera
toujours plus fort. Exemple d’acte d’inconscient : le spectacle s’est bâti
sur la coïncidence physique d’Aurélien et de cette église et de sa barbe
d’apôtre et Aurélien, vendredi soir, la fait disparaître. Ça, c’est typique
d’un inconscient mal dressé, mal surveillé, qui devient brutal. Une fois, je
parlais avec un psy de ce genre d’image, il m’a dit : « C’est faux
(ce n’est pas comme ça que ça se passe), mais tu peux en parler comme
ça… » Ce ne sont que des images, mais ces images tournoient et aboient… Ce
que nous faisons est œuvre de laboratoire, nous travaillons en laboratoire, ce
n’est qu'ultra-précision professionnelle… A lundi, très chers,
YN
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