T emps passe
Comme le temps passe si vite, chers amis !
Je viens de passer deux jours avec Ricardo à Lisboa, j’y aurais bien passé un mois, avec lui ; je vais retravailler, je l’espère, si on trouve un studio, avec Baptiste, vendredi ; et on ne s’est vu qu’une fois avec Isabela — et pourtant il faut penser ce spectacle comme un très vaste travail, ne pas le réduire par manque de temps, le penser très ambitieux, infini — et c’est ce que je vois avec chacun d’entre vous : des possibilités immenses, il ne faudra pas les réduire, au contraire, plus grand que soi, c’est ce que vous faites ! A l’instant, j’ai relevé, avec les gens du festival, l’âge minimum qu’on avait mis à 12 ans, maintenant à 16 ans, après avoir vu ce que faisait Ricardo ! — et Baptiste ! — et j’imagine qu’Isabela ne sera pas la dernière non plus à exploser les catégories de la pudeur, de l’endroit et de l’envers, c’est ce qu’elle fait déjà ! C’est un peu le but, dépasser les normes sociales, montrer la liberté des audaces et des découvertes, d’obscurité et de clarté. J’ai terminé, dans le coucher de soleil de l'avion du soir, sur une immense nappe de nuages, le livre sur le cosmos (Du nouveau dans l’invisible), et je l’emporterai sans doute avec moi. Mais je recopie, un peu au hasard, un paragraphe (c’est un astrophysicien qui parle d’une « éducation quantique ») : « Nous enseignerions (et nous apprendrions en même temps) le blanc et le noir, et comment ils peuvent se laisser prendre l’un pour l’autre ; l’ici et l’ailleurs, qui parfois ne font qu’un […] ; le vide et le plein, qui ne sont ni du vide ni du plein ; le mobile et l’immobile, qui savent l’un et l’autre dompter l’espace, et le réduire, ou l’oublier ; hier et aujourd’hui qui ne se suivent pas forcément dans cet ordre, comme d’ailleurs le haut et le bas, dont le positionnement, surtout lorsque nous parlons de l’Univers, est évidemment arbitraire. […] Nous demanderions à notre cerveau de cesser par moment de penser à l'ancienne, de jaillir, de bondir hors des lois, hors des catégories établies, de s'oublier, de divaguer, nous parlerions d'intuitions rares, de sensations fugitives, de théorèmes vaporeux, de contraires qui s'embrassent avec passion, et nous laisserions, enfin, toute sa place à l’inconnu. » Bref, de la poésie pure, du Rimbaud (ou du Verlaine), du sauvage, du flou, de la voyance… Certains mystiques d’autrefois parvenus au sommet de leur méditation ont dit qu’ils atteignaient un « nuage d’inconnaissance ». C’est ce que nous pouvons nous souhaiter — dans les limites de l’« utopie », bien sûr, du show, mais… l’expérience-même...
A tout de suite,
Yves-Noël
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