Sunday, April 15, 2012

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Le Quotidien des mortels




Hello ! Je vous ai vu au cours de Wayne. Je vous trouve d'une très, très belle beauté. Ça m'a sidéré. Rien d'une demande sexuelle dans cet aveu ! Mais je suis metteur en scène et j'aimerais bien vous voir danser ou, un jour, vous auditionner. Wayne m'a dit ce matin que vous partiez à Montpellier... Au plaisir, en tout cas

Jason Sabrou
Merci, votre message me touche profondément, et me permet de garder l'espoir en cette discipline qui sublime le quotidien des mortels, je reste à votre disposition à l'occasion...



Ce qui m’a troublé, chez Jason (j’ai guetté l’apparition du prénom dans les conversations et je l’ai retrouvé sur Facebook), c’est l’indécision sexuelle, botticellienne : à la fois complètement fille et à la fois complètement garçon, très belle fille et très beau garçon. En fait, je l’imaginais plutôt lesbienne, j’ai dû plusieurs fois me déplacer pour regarder par devant, au niveau du paquet (imposant, mais toujours un peu faux des danseurs classiques) pour pencher, déceptivement presque, du côté de l’hom’… Combien de temps durera cette inconscience, cette apparence d’extrême jeunesse et de « liberté » ? Shakespeare aussi… Beaucoup de moderne et d’ancien… Beaucoup de Rome…
J’ai passé la journée sans rien foutre, encore à Rome, encore à méditer… Cette ville qui donne tout, en maelström. Il fallait, il fallait voir les tableaux s’afficher devant les yeux, les ruines s’afficher devant le cœur, les nuits, les fraîcheurs, les printemps…

Je suis heureux d’avoir cette ville jumelle à m’endormir ce soir…

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Les Livres plus tard




Hier, à la télé, j’ai entendu dire par Anne Lauvergeon que Mitterrand lui avait fait promettre d’écrire un livre un jour sur lui, et que, même, comme elle se défendait, il avait dit : « Si, si, j’insiste, je tiens vraiment que vous écriviez un jour sur moi… »

Aujourd’hui, j’ai lu, sur Internet, que Arthur Dreyfus disait que Richard Descoings, le directeur de Science-Po mort dans une chambre d’hôtel à New York lui avait demandé aussi d’écrire un livre sur lui et qu’il avait aussi décliné « On ne décrète pas ainsi un sujet d’un livre », mais qu’il regrettait maintenant que sa vie avait « pris un dernier tour de roman noir », sa « démission ».
(La complexité des caractères.)

Brûleur de graisse




En revenant du marché, je croise mon ami le steward qui est aussi décorateur et qui, là, décapait un morceau de bois de la devanture de sa boutique. C’est pratique, un dimanche, tout le monde passe et lui dit bonjour, on aurait dit Madonna quand elle lavait sa voiture elle-même (immortalisé par Absolutely Fabulous)… je veux dire : une « vraie » star. Cela dit, il me raconte un truc tragique. Ils ont été refoulés d’une des avant-premières de Chic By Accident, refoulés, oh, oui, je me souviens, avec les journalistes, Libé, L’Express, Radio Nova, le gros scandale, et, eux – tu vois qui, tu te souviens de David ? Ah, oui… Eh bien, après, on était très déçu, on ne savait pas quoi faire, on est rentré et on s’est disputé... c’était la soirée où rien n’allait… et, depuis ce soir-là, on s’est quitté. Quelle horreur ! Est-ce que tu crois que je pourrais faire qqch pour esssayer de rattraper le coup (un mail comme j’ai envoyé aux journalistes) ? On s’est revu hier, enfin, recroisé dans une soirée, c’était glacial… Oh, my God… Du coup, je devais partir avec lui au Japon, tu sais que j’ai droit d’inviter quelqu’un… Ah, bon ?… on l’a pas fait… (Etc.)



Nicolas Sarkozy : « Affranchissez-vous de toute contrainte, la seule c’est le rêve, l’émotion. » (Lors de l’inauguration de la réouverture du Palais de Tokyo.)



La joie – personnelle – que j’aurais de virer Sarkozy me retient d’être complètement enthousiaste à l’idée de voter Eva Joly (je suis assez vieux pour avoir vécu Chirac-Le Pen au second tour).



Tous à poil et on s’caresse !



Tous les secrets pour être génial et dynamique



Hier, on m’a dit que le type qui a été retrouvé mort à poil dans une chambre d’hôtel à New York, le directeur de Science-Po, je crois, était l’amant du directeur de la SNCF, mais qu’ils avaient rompu il y a dix jours (c’est lui qui était parti) et qu’il avait certainement pris un gros shoot… (De source sûre.)

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Vaste jardin, petite planète




« Terrible révélation : la Terre prise comme territoire réservé à la vie est un espace fermé, limité aux limites des systèmes de vie (la biosphère). C’est un jardin. »

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Argumentaire




Pourquoi l’habillement-le déshabillement dans mes spectacles ?
– A cause de l’amour sacré-l’amour profane.
– A cause aussi de la perfection des œuvres de Dieu.

Roma é bellissima in primavera

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Roma é bellissima in primavera

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Montagne surgit au « cœur »

Ce mot lié

Contre toi, « Noël », « nœud »,

Rues en arcs, en directions,

Signes – fontaines, élégance,

L’hôpital des chaises…

« C’est moi qui m’en occupe. »

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L'Emotion

(Cliquer sur le titre.)

Par Sophie Grappin-Schmitt




En ouverture du festival «Etrange Cargo », Chic By Accident, d'Yves-Noël Genod, proposait une expérience inaugurale, une pièce où tout semblait naître devant le spectateur, comme pour offrir, créer le lieu d'une possibilité de théâtre et les conditions de son avènement.

Par Sophie Grappin-Schmitt

Pas d'autre décor pour accueillir la création d'Yves-Noël Genod que l'espace vierge qui l'invite, ce parking blanc qui en a vu d'autres et qui n'a jamais semblé aussi vaste, propice à d'infinies mutations. Pendant l'heure et demie — peut-être plus, peut-être moins — que dure la représentation, une brèche, une faille s'opère dans l'espace-temps où s'engouffrer avec une certaine confiance, guidé par le metteur en scène et sa joyeuse troupe.

Chic By Accident se déploie en pleine fashion week et s'en réapproprie le défilement. Car comment résumer autrement ce qui se produit en scène, sans appauvrir ou au contraire nourrir la représentation de ses propres attentes, ses mythologies personnelles?
Impossibles d'énoncer tout ce qui advient, tout ce que l'on reconnaît, isole et nomme silencieusement.

Des acteurs, des danseurs, des contorsionnistes évoluent librement dans l'espace. Ils s'immobilisent, parlent, lisent, crient, se touchent, déposent devant nous des éléments, des vêtements comme des mues, bribes à partir desquelles se déploient des images. Moments de grâces qui se découpent, il s'imprime des figures comme des débuts d'histoires déjà vues, connues, soudain rendues à leurs genèses.
Dépouilles, dépouillement, animaux morts et vivants, maquereau, serpent, mais aussi chaussures qui à elles seules évoquent et engagent une nécessaire mise en mouvement.

La beauté de la proposition, qui frôle le vide avec une certaine virtuosité, tient avant tout par l'espace qui se compose autour des acteurs, depuis leurs présences vibrantes.
La mise en scène tout comme l'éclairage se fait enveloppante, délicate, esquissant des états au lieu d'échafauder des structures. Cela évoque l'ikebana, cet art floral japonais où il faut avant tout observer, reconnaître la beauté de la plante afin de l'exposer dans de subtils arrangements.
Outre les motifs, ces figures qui jaillissent d'elles-mêmes entre projections personnelles et archétypes immémoriaux, se dégage un rythme binaire qui offre une structure à laquelle se raccrocher. Alternance de noirs et de lumières, entre lesquels crépitent ou dansent des flammes elles-mêmes intermittentes, des étincelles filantes qui ponctuent l'obscurité et dessinent des trajectoires fugaces.

Alors que la pièce célèbre la spécificité du spectacle vivant, l'ardente présence des acteurs, leur singularité même, il se dégage quelque chose de quasi cinématographique. Une conscience aigue de l'instantané. Comme si notre perception devenait aussi précise que celle de l'appareillage technique et qu'il s'y produisait la même réaction sensible : capacité à redéployer temps et espace, y produire la collision de souvenirs.
Fragments d'histoires connues ou secrètes, il se livre de l'intime à distance, dans la beauté rassurante d'une évidente nudité, jamais semblable, pourtant commune.

Plaisir pyrotechnique à regarder un feu naître et s'éteindre, ravissement qui contraste avec tous les autres théâtres de l'artifice, Yves-Noël Genod prend le temps qu'il faut pour voir ; temps qu'il nous délivre, complété sans être achevé cependant, ou subordonné à une quelconque forme.
Tout se produit dans le moment présent. Jamais la salle, sa chaleur, la présence de chacun de ses membres, n'apparaît à ce point crucialement unique, différente à chaque représentation, reflet de cette frise d'individus qui se démarquent sur scène.
Avec un baiser, chuchoté par deux fois, ou l'instant d'un cri, projeté vers l'inconnu, ce sont tous les cris, tous les baisers, qui rejoignent le défilé des corps.

Lorsque le salut advient il ne rompt aucune illusion, il constitue juste une ultime présentation: le silence se fait cérémonial, respectueux, tandis que le temps se dilate devant une autre forme de déposition ; le spectacle meurt paisiblement. Et si personne n'applaudit dans la salle, se crée alors une suspension remarquable qui semble prolonger la jouissance du regard dans un dernier souffle, une apnée pleine de tout ce qui la précède, de tout ce qui lui fera suite.

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Une technique pour en finir avec le « casse-tête métaphysique »




« Ceci aussi : je suis persuadé qu’il faut écrire en dessous de sa puissance.
Ne pas chercher sa pensée en écrivant.
Penser d’abord sans doute… Ecrire beaucoup plus tard ensuite.
Laisser rouler du haut de la montagne.
Et en somme, d’abord, moins encore avoir pensé, qu’avoir été. »

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Ostia Antica

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Seuil et voyage




« Il y a bien des chemins sans voyageur. Il y a encore plus de voyageurs qui n'ont pas leur sentier. »

« Il fallait, comme pour beaucoup de choses de ce monde, se contenter de rester sur le seuil. »



Journée de pluie insensée – quel temps fera-t-il demain ? C’est Rome, mais je me suis enfui de Rome. Pour un voyage étrange, je dirais même insensé. Des heures de bus dans des banlieues interminables, des embouteillages, faut dire, des campagnes enfin, des bouts de pays – tout ça sous la pluie, la buée des vitres et visite ensuite, sous la pluie, d’un lieu sinistre – mais somptueux. Mais sinistre comme c’était. La villa Adriana. Un cauchemar. J’hésite à en parler, on va me prendre pour un con. Pas compris, en tout cas, de quoi ce voyage était le sens.
Quel bonheur de revenir en ville – toujours sous la pluie – et de voir une merveille ! Le Moise, de Michel-Ange.

J’ai lu un très beau livre, très très émouvant, écrit très gros, très bon pour mes yeux, L’Odeur de L’Inde, de Pier Paolo Pasolini, publié en 1962. Je l’ai acheté à la librairie française à côté de l’église Saint-Louis-des-Français, l’une des églises des Caravage, à Rome.

Rome est un pays merveilleux, c’est juste merveilleux ! Il y a des Caravage qu’on peut voir gratuitement dans des églises, très bien restaurés (je ne les imagine pas d’origine, ils sont comme tout neufs, tout frais, tout vivants, on penserait rencontrer ce peintre ou ces modèles au coin de la rue – et les rues et les coins sont si nombreux, à Rome… )

Quelle folie, cette pluie sur Rome, sous Rome ! De partout. Quelle fête de l’effacement !

J’ai lu des horreurs sur la villa Adriana. C’est-à-dire, en arrivant et pour me réchauffer un peu, j’étais déjà trempé, je suis entré dans la librairie-souvenirs et, là, j’ai lu des extraits en français des Mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar. C’était horrible, ce qu’elle racontait, horriblement raconté. Complètement kitsch. Son style est exactement celui de Philippe Le Guillou, mais je le supporte chez Philippe Le Guillou parce que c’est un ami, mais je découvre, là, que c’est probablement le style de toute l’Académie Française. Je me souviens de Nathalie Sarraute qui répondait à un journaliste, je ne sais pas, qui la comparait peut-être à Marguerite Yourcenar, il y en a des imbéciles : « Elle n’a rien inventé, cette femme… » Ensuite, dans ces ruines immenses et labyrinthiques, sous la pluie, j’étais comme sali… je n’appréciais rien ni même la solitude. D’ailleurs, il n’y avait rien – à part la vue, ennuagée, les oliviers, les prairies. Les ruines. Au mieux : Versailles (en ruine), au pire : Oradour. Ensuite une atroce exposition m’expliqua l’histoire d’Antinoüs. Ça ne me fit pas rêver. Trop pédé pour être honnête ! Et ma vue et mon imaginaire étaient déformés par cette sordide sorcière.

C’est difficile de trouver ce que l’on cherche dans les livres, très très difficile. Plus difficile sans doute – ou peut-être – que dans la vie. Les livres sont, en général – dans leur grande majorité – et je ne parle que des plus célèbres –, très très mal écrit. C’est pour ça que je ne pourrais jamais rêver d’être un écrivain. Parce que je pense ça. Mêmes les écrivains les plus adorés n’ont parfois écrit qu’un livre, Les Vagues, pour Virginia Woolf, Le Ravissement de Lol V. Stein, pour Marguerite Duras. Ça suffit bien, d’ailleurs. Il y en a d’autres qui « écrivent » moins et qui écrivent, du coup, beaucoup plus. Jorge Luis Borges.

Les livres sont à l’état naturel, il y a de tout dans les livres, des ruines… A boire et à manger. Il y a ce qu’on y trouve, comme dans le monde. Le monde est paradis terrestre, mais enfer terrestre, jardin. Jardin déglingué et d’un luxe misérable, putride… A la télévision, passait une émission intitulée : « Miseria e Nobiltà », Misère et Noblesse…

C’est seulement quand la fatigue pénètre au fin fond de la nuit que l’horreur devient supportable… Depuis toujours, la nuit est mon alliée… La nuit s’en est allée, cet infini, disait Gustave Flaubert, me rassure…

« Plus les télescopes seront parfaits, et plus les étoiles seront nombreuses. Nous sommes condamnés à rouler dans les ténèbres et dans les larmes.
Quand je regarde une des petites étoiles de la voie lactée, je me dis que la terre n'est pas plus grande que l'une de ces étincelles. – Et moi qui gravite une minute sur cette étincelle, qui suis-je donc, que sommes-nous ? Ce sentiment de mon infimité, de mon néant, me rassure. Il me semble être devenu un grain de poussière perdu dans l'espace, et pourtant je fais partie de cette grandeur illimitée qui m'enveloppe. Je n'ai jamais compris que cela fût désespérant. Car il se pourrait bien qu'il n'y eût rien du tout, derrière le rideau noir. L'infini, d'ailleurs, submerge toutes nos conceptions. Et du moment qu'il est, pourquoi y aurait-il un but à une chose aussi relative que nous ? »

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L’Estime




« Tout se passe (du moins l’imaginé-je souvent) comme si, depuis que j’ai commencé à écrire, je courais, sans le moindre succès, « après » l’estime d’une certaine personne. »

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Ostia Antica

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« It’s better to have exaggerated news than no news at all. »

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La grande évasion




Le vivant, si tu le vois… On peut être distrait, mais, le vivant, si tu le vois, il n’est pas joué… C’est extrêmement difficile parce que ça a à voir avec la beauté. S’il y a beauté, c’est vivant. C’est vivant et ça dure, ça dure vivant. C’est extrêmement difficile parce que – quoi ? Le Caravage ? Oui, Le Caravage. Ou bien le pape Innocent X (rien d’innocent) par Diego Vélasquez. Il s’est écrié, quand il a vu le tableau, le commanditaire : « E troppo vero ! » C’est trop réel. Oui, c’est volé, arraché, c’est ta vie. On pourrait le refaire de mémoire. Je pourrais.

Rome, longue Rome, au bord. Au milieu, dans une cache, donc au bord… Rêve nuit, au bord. Bord du monde. Rome n’est pas centre, mais ville, île… Bord du monde, mirage, sens, révélation… Rien ne veut se dire, rien ne veut se percevoir… qu’aux esprits saints… C’est ainsi. Pour les autres, du pain et des jeux… C’est ainsi… Mais les grands esprits… Les saints. Les visages… Des anachorètes comme il n’en faut plus…

Le vivant, c’est la résonance. Il n’y a personne. Personne du tout. Ni toi ni les autres. Mais, parfois – ou toujours – mais comment l’entendre ? – une résonance…

Toutes les croyances que nous imaginons… car, c’est vrai, c’est insupportable. C’est ce que je fais. Si je fais qqch.

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La Chose définie




« Vélasquez, après cinquante ans, ne peignait plus jamais une chose définie. Il errait autour des objets avec l’air et le crépuscule. Il surprenait dans l’ombre et la transparence des fonds, les palpitations colorées dont il faisait le centre invisible de sa symphonie silencieuse. Il ne saisissait plus dans le monde que les échanges mystérieux qui font pénétrer les uns dans les autres les formes et les tons par un progrès secret et continu dont aucun heurt, aucun sursaut ne dénonce ou n’interrompt la marche. L’espace règne. C’est comme une onde aérienne qui glisse sur les surfaces, s’imprègne de leur émanation visible pour les définir et les modeler et emporter partout ailleurs comme un parfum, comme un écho d’aile qu’elle disperse sur toute l’étendue environnante en poussière impondérable. »

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Pagaille-Pigalle




« …d’être pour toujours un son et seulement un son, dans l’épaisseur centrale de ces forêts inexplorées. »

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C’est forcément surprenant

Car ton pays est le maximum

Comment disait ?

Là où je suis, là est ma patrie

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