Monday, June 16, 2008

Un poème de Patrick Laffont à propos du travail de Gennevilliers

l’enfant

savoir jouer n’est plus vivre
alors l’enfant comprit ce qui se passait vraiment
un regard
et il a tout compris
tout compris de comment ça tourne
tout
ça
comment c’est impossible de faire autrement
que de laisser tourner
et que ça tourne sans vous quand même
ça peut pas s'empêcher de tourner
nature
ça tourne et tournera
même s’il n’y a plus personne pour se laisser aller
comme ça
à tourner sur lui même
comme s’il fallait laisser tourner encore et encore
l’enfant a compris lui il regarde avec ses yeux
il regarde avec ses yeux qui disparaissent
il regarde avec ses yeux qu’il commence à cacher
à cacher sous sa mèche
à cacher sous son front
c’est au moment où tout devient à penser
au moment ou le jeu n’est plus la vie
au moment ou le jeu devient jeu
il a compris comment ça marchait
il commence à comprendre
comment faut laisser faire en fait
faut juste laisser faire
l’enfant qui comprend qu’il faut laisser faire ne sait plus quoi faire
en fait
Il ne sait plus quoi faire
en fait
il regarde autour de lui
comprend autour de lui
comprend bien ce qui se passe
comprend qu’il ne comprend rien
mais ne peux pas s'empêcher de laisser faire
il regarde et laisse faire et voit bien que
qu’il fasse ou pas c’est la même -
pareil
identique
c’est la même encore
ça tourne encore
et puis c’est
tout ça tourne
pas autour
pas autour de lui
il tourne avec
se rend bien compte qu’il tourne avec
il a pas à regarder ailleurs que devant lui
il regarde et comprend
c’est exactement à ce moment là que le jeu n’est plus
la vie
elle même
que le jeu devient
le jeu
c’est le moment ou l’enfant a perdu
ça
il se rend bien compte qu’en gagnant
il perd
il gagne le monde et perd la vie
avec
perd l'éternité
perd le jeu
alors il faut qu’il continue à jouer
et nous à le regarder
on le regarde jouer
on voit bien qu’il a arrêté de vivre ça
il ne vit plus le jeu
il joue
l’enfant vit le jeu tant qu’il ne sait pas
celui là il sait
un peu trop
il sait tout ça
le monde autour
qui tourne
nous dessus
il sait qu’il en fait partie
alors il parle avec sa bouche
il en sort ce qu’il peut
ça
exprime le faux
faut sortir le faux
le laisser jouer sa course de faux
le laisser tourner autour de vous
et attendre
voir comment le faux on l’attrape
comment le faux on en fait du -
comment c’est réel
comment c’est le réel
l’enfant sait maintenant
l’enfant meurt



Hélèna Villovitch à qui je lis le poème au téléphone dit : "J'aime bien : "Il parle avec sa bouche."

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