Saturday, March 31, 2012

Film inoubliable de Vincent Dieutre




Bouleversé par le film de Vincent Dieutre, Jaurès. Pas d’autre mot. Un film sur une passion (homosexuelle) mixée, confilmée avec le monde, c’est-à-dire la compassion, les réfugiés afghans, la police qui les chasse. Un film, je dirais, plus beau qu’un film de Marguerite Duras. Un exemple ? Une phrase du film : « Rien que sa présence m’occupait. »
Mardi, 20h, au Mk2 Beaubourg (puis sortie en salle).




Ce qui m’a touché peut-être le plus, dans ce film (vraiment somptueux), c’est de voir, de comprendre qu’une passion « simple », qui remplit, qui s’apparente au bonheur ne vient pourtant, n’apparaît que dans un espace en surplus de la vie (j’allais dire en surplomb), que jamais ce bonheur de vie ne pourrait prendre la place exacte de la vie, c’est ce que le narrateur comprend très vite, tout de suite : il n’aura pas les clés ni de l’appartement ni de la vie de son amant, il n’aura que l’amour, jamais dit, jamais nommé, toujours prouvé, absolument clandestin (d’où la métaphore des Afghans).

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Money in the Bank




A la Favela Chic, je rencontre une femme, très belle black, Linda, qui me raconte le spectacle de a à z, un peu comme l’a fait Dominique Issermann. Elle me dit qu’au début, elle était « speechless », qu’elle ne pouvait pas parler, que son ami, lui, ça a été pire, il n’a pas parlé du tout pendant deux jours. Elle me parle anglais, je fais répéter plusieurs phrases pour être sûr de ne rien perdre. C’est très exact, très, très exact. Je me rends compte que j’ai déjà oublié beaucoup de ce travail qu’elle me remet en mémoire – le travail de deuil dont je parlais plus bas (sous la photo de Wagner) –, ce qu’elle me dit me remet en selle. Oui, c’est incroyable comme les gens qui ont aimé ce travail, l’ont reconnu. Zéro malentendu. On parle d’une chose et cette chose est réelle... Ce travail a fait taire les amoureux du malentendu. Beaucoup de gens n’ont rien dit. Mais ceux qui disent, ils peuvent dire sans fin l’exactitude du vivant... Bien sûr, les mots manquent. Néanmoins, cette femme possède plus de mots, mais pas moins de passion, que David Lynch himself parlant l’autre jour dans le documentaire et répétant sans cesse : « Fulness, bliss, peacefulness, creativity, true happiness, kingdom of heaven, consciousness, knowingness, harmony, fulfillment, field of silence… » C’est une ancienne journaliste à la BBC qui donne maintenant des cours d’anglais et de yoga, me dit Marc. Linda Dubuisson. Je vois qu’elle est sur Facebook. Elle dit : « The process takes you on your own journey. »

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« La vérité attend, seul le mensonge est pressé »




Dominique est à la Favela Chic. De dos, je la reconnais, assise à une table de cantine. Je passe devant : Catherine Deneuve jeune : c’est bien elle. Elle me dit que quelqu’un lui a dit (dans la journée) qu’elle avait 24 ans. Absolument ! Je ne t’en donne pas plus. Ça qui est étonnant... Car Dominique a plusieurs vies. Pour ne pas les citer toutes, disons, mais c’est presque éventer un secret – qui peut le croire ? – 14 ans chez Maguy Marin. Ou un autre secret qui n’est pas un secret, mais pourtant : elle a cinq enfants. Mais Dominique a 24 ans. Elle est allé chez un dermatologue des quartiers chics pour un petit bouton, le type, fasciné, lui a proposé de faire un bilan puisqu’elle était là. Quand on naît, on a 100% de capital de vieillissement (je ne sais pas si on dit exactement comme ça, il y avait du bruit), elle, elle en a 85. Le type lui a dit que c’est extrêmement rare. A cela nous voyons 3 raisons. Elle est née dans les Alpes. Les Alpes de bonne famille. Elle a failli mourir étant petite et elle me dit que, peut-être, depuis, c’est ce qu’elle imagine, elle a cherché à rassurer son entourage. Ça lui joue parfois des tours. Quand elle est crevée, exténuée à ne plus tenir debout, on ne la croit pas, « Allons, Dominique, tu as l’air en pleine forme, tu es rayonnante. » Les Alpes fraîches. Brillantes. Ces étincelles d’or, d’azur et de cristal, / Dont l’hiver, au soleil, d’un lustre oriental / Pare ses cheveux blancs que les vents éparpillent. Elle me dit aussi que sa grand-mère (ou arrière grand-mère) est morte à 98 ans en ayant l’air d’en avoir 70. Bref, ce que recherchent désespérément les stars (Madonna), l’inamovibilité, Dominique le possède comme une poupée d’Edgar Allan Poe.

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