Sunday, May 26, 2013

La Tentation



« Le narrateur se pose la question. Il dit : « Mais à quoi bon se survivre si nous ne savons rien, si nous n'en savons rien ? » (...) Si le narrateur savait se satisfaire de la dilution du moi dans le grand tout, s’il aimait l’existence au point de ne pas s’accrocher à sa petite vie, un peu comme un enfant hésite à sauter du grand rocher, si vous voulez, le narrateur ne serait pas écrivain. »

Labels:

Le beau livre de Lille



















Labels:

Alles kann Motiv sein


« Je m’en allais avec un cœur à qui il manquait quelque chose, et qui ne savait pas ce que c’était. »

Labels:

Handicap de l'acteur qui a déjà joué



Encore le théâtre me parle. Ce soir, c’était Petit Eyolf, d’Henrik Ibsen, que Jonathan Châtel a adapté avec virtuosité et permit d’interpréter à quelques acteurs remarquables. J’ai loupé les Ibsen du printemps à Paris, celui des Amandiers de Nanterre et celui de la Colline, mais c’est ici, maintenant, dans cette salle du 104 pour une fois sans sortie de secours, pour ce festival organisé par le Rond-Point, que je touche pour la première fois ce qu’Ibsen veut dire — ou ne veut pas dire — mais, enfin, qu’Ibsen est vivant et me touche comme ma propre vie fascinante et affreuse. Je suis un homme des premières fois. Je n’ai encore rien vécu. C’était la première fois que j’étais moi-même en Norvège, personnage de Norvège, vous savez, ces gens tout à fait comme nous, mais un peu différent. Ce « un peu », c’est l’espace de jeu des acteurs, leur espace inconscient. La représentation a été considérée comme très bonne par le metteur en scène (qui les voit toutes). Au début, j’avais du mal à extraire Vladislav Galard du spectacle merveilleux de Jeanne Candel et Samuel Achache (Le Crocodile trompeur) — malédiction de l’acteur qui a déjà joué —, je le reconnaissais comme celui que je connaissais. Mais, très vite, le personnage s’étoffant, je suis parti avec lui dans sa misère et dans sa vie, comme avec les 4 autres que je ne connaissais pas. On me demande pourquoi j’écris ? Oui, quand on m’invite, j’écris. Je trouve toujours le théâtre une bénédiction. J’y vais pour aimer. Je rends la politesse en écrivant. C’est aussi pour ça que j’invite, moi aussi, le plus possible, le public, quand je joue. Pas d’argent entre nous. Pourquoi le public devrait-il payer ? S’agit-il d’un divertissement ? Non, pas à mon sens, mais l’acte est sacré. Il faudrait me payer pour manger à l’arbre de la connaissance. C’est curieux que personne n’ait jamais pensé à payer le public pour sa reconnaissance. Dans la pièce d’Ibsen, tout est riche de sens. « Tout vit », comme disait cette phrase dans Le Criminel, de Leslie Kaplan, et Claude Régy avait dit que c’était une phrase effrayante. « On ne peut rien faire de mieux que de jouer. Moi, je trouve que toute la vie ressemble à un jeu », dit l’un des personnages à propos de l’enfant handicapé qu’on a envoyé jouer sur la plage — et donc se noyer. C’est sidérant ce qu’on peut dire par la fiction de la vie réelle. C’est comme si tout le monde était aussi intelligent. C’est cela, le paradoxe : le réel existe, mais nous l’inventons car le réel, pour l’homme, est aussi ce qu’il s’invente en permanence, cette fausseté surpuissante, ce délire inévitable, ces chausses-trappes, « — Laissons-les tranquilles, ceux qui sont partis. — Laissons-les, oui. Mais, ceux qui sont partis, ils ne nous laissent pas tranquilles ». J’ai regardé la date de la création : 1894 — car la pièce est un cauchemar psychanalytique —, 1894, alors que Freud débutait. Nicolas Maury (dans le public) (de retour de Cannes) m’avait donné la clé pour ce spectacle : il m’avait dit que Lars von Trier s’inspirait beaucoup d’Ibsen. Et, en effet, Jonathan Châtel a rendu ce texte moderne comme Lars von Trier est ancien. Seul bémol : à la sortie de cette pièce très noire qui se jouait à 18h et ne durait qu’ 1h10, le soleil réapparaissait vivant (boîte noire)

Labels:

Pour Olivier Steiner


visite

Par le livre de Bohème
visite d’années perdues

Du vieux repeint de neuf

Au jeu de Personne
se réveillent les berceuses

Dans les rêves 
se récolte le réel

Heure aveugle 
Adieu





(Rose Ausländer.)